Sports

Tarik Belghazi : “Nous allons vers l’éducation e-sportive”

Tarik Belghazi. Président directeur général de MCES Africa

Lancée au Maroc en 2019, MCES Africa propose un parcours de professionnalisation dans l’e-sport de six mois, supervisé par son staff technique. Son président fait un état des lieux des réalisations et présente le business model de l’entreprise.

Comment l’e-sport peut-il être lucratif ?
L’e-sport est une activité qui peut s’orienter de façon lucrative ou associative. Le business model du secteur se présente sous forme de franchises et impose aux équipes de s’organiser en sociétés commerciales et de présenter les conditions e-sportives, techniques et financières suffisantes pour soumissionner à l’acquisition d’un Slot ou place au sein d’une ligue professionnelle. Il en va de la crédibilité des championnats pour garantir aux sponsors une stabilité du dispositif compétitif sur la durée des contrats qui est de trois ans. Les plateformes de streaming telles que TWITCH, MIXER et autres, ont largement contribué à la diffusion de contenus digitaux e-sport, et nous avons enregistré des records historiques d’audience sur les différentes plateformes, y compris au Maroc. À titre d’exemple, nous avons réuni environ 20.000 viewers uniques à l’occasion de l’émission dédiée au lancement de MCES Africa, diffusée sur notre chaîne Twitch le 29 juillet dernier. À l’image du sport professionnel américain, l’e-sport a adopté une approche économique similaire qui oriente l’activité en tant que média actif virtuel, un stade plus avancé que la digitalisation.

Quel est le business model de MCES Africa pour le Maroc ?
MCES Group est un acteur majeur des ligues professionnelles européennes sur plusieurs jeux avec une équipe européenne e-sport basée à Marseille. Le business model de l’e-sport professionnel s’organise sous forme de franchises dans des ligues fermées, à l’image de la pratique du sport professionnel aux États-Unis, avec un prix d’achat d’un Slot qui atteint la somme de 10 millions de dollars (92 millions de DH) pour une durée de trois ans dans certaines ligues. Les revenus publicitairesont répartis entre les joueurs, la Ligue et les équipes. En l’absence de ligues professionnelles au Maroc, nous avons opté pour une approche académique, à travers la formation, pour avoir la possibilité d’investir dans le développement des compétences de jeux, dans la préparation des joueurs à la compétition et à la professionnalisation future du secteur. Depuis notre lancement en décembre 2019, nous avons accueilli nos premières équipes académiques sur les jeux Fortnite et League of Legends, et très bientôt sur le jeu mobile Free Fire, dans le cadre d’un parcours de professionnalisation de six mois supervisé par notre staff technique.

Quelles ont été les réalisations de MCES Africa au Maroc ?
Suite à une campagne de recrutement en mai 2020, nous avons accueilli 11 joueurs académiciens répartis en deux jeux sur un total de 450 candidatures, dans le cadre d’un contrat de Stage-Formation de six mois avec une équipe majeure locale «The Black Lotus». Dans cette promotion, 4 joueurs ont été sur le jeu Fortnite, et le reste de la promotion sur le jeu de League of Legends composée de 7 joueurs. Depuis le 1er Juin, nos promotions ont été encadrées par une organisation de coachs et de team managers MCES AFRICA, afin de les préparer à des compétitions européennes et arabes. À ce titre, nos promotions ont réalisé des performances exceptionnelles au bout de trois mois d’encadrement.

Quelles sont les catégories de jeux qui intéressent les marocains dans l’e-sport ?
Les jeux électroniques sont classées en trois catégories: les jeux de stratégie MOBA, les jeux de tir FPS et les jeux sportifs. Les trois catégories offrent des expériences de jeux différentes aux gamers, et le choix des jeux correspond à des critères subjectifs qui dépendent de chaque gamer et qui évoluent à chaque phase de sa vie. Nous ne disposons pas de statistiques précises par rapport à la pratique des jeux électroniques par catégorie au Maroc, en raison de l’absence de serveurs de jeux sur le continent africain. Néanmoins, selon une étude interne que nous avons réalisée à l’occasion de nos recrutements, il nous est apparu que les jeux FPS étaient de très loin en tête, suivis des jeux MOBA, et enfin nous trouvons les jeux sportifs en dernier avec une forte prépondérance de FIFA sur cette catégorie.

Quelles sont les perspectives de développement ?
MCES Africa a pour vocation de contribuer au développement de l’environnement e-sportif africain par l’implantation d’un Hub régional à Casablanca. En effet, nos activités au Maroc seront académiques dans un premier temps, avec une approche de formation et de qualification destinée à la communauté e-sportive marocaine. Ainsi, notre programme académique local sera ouvert à d’autres jeux prochainement, notamment la catégorie «Mobile Gaming», et sera élargi en termes de nombre de joueurs pour les disciplines déjà opérationnelles. De même, nous développons, en collaboration avec une association marocaine d’e-sport, un programme de qualification de coachs destiné à leurs membres. Son but est de proposer une approche d’encadrement pour les débutants ou les plus jeunes, et créer ainsi une chaîne de valeur dans l’apprentissage et dans la lutte contre les dérives du gaming .

Sanae Raqui / Les Inspirations Éco



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