Challenge leadership show : une soirée d’exception entre sport et management
Organisé par Les Éditions de la gazette, le Challenge leadership show a offert un débat de haut vol au Megarama de Casablanca. Pendant plus de deux heures, Michel Denisot, journaliste iconique de Canal+ et ancien président du PSG, a orchestré un échange captivant avec Arsène Wenger, l’un des entraîneurs français les plus marquants, ayant consacré 22 ans de sa carrière à Arsenal.
À travers des échanges dynamiques et des questions du public, les deux figures du sport ont exploré les secrets du leadership et de la réussite. La soirée s’est ouverte sur un hommage émouvant à Kamal Lahlou, PDG du groupe de presse organisateur, honoré pour son parcours exceptionnel à travers un mini-documentaire poignant.
Un rappel historique a été fait pour les plus jeunes : aujourd’hui vice-président du Comité national olympique marocain, Kamal Lahlou est celui qui a baptisé l’équipe nationale du Maroc «Les Lions de l’Atlas», un surnom désormais gravé dans l’histoire du football mondial. Un autre moment fort de la soirée, la présence de Walid Regragui, sélectionneur des Lions de l’Atlas, qui a reçu les éloges appuyés d’Arsène Wenger, saluant son travail et son impact sur le football marocain.
«Il faut des leaders, l’homme est un imitateur»
Interrogé sur la notion de leadership, Arsène Wenger a partagé une analyse profonde en expliquant que l’homme est avant tout un imitateur plutôt qu’un initiateur et qu’il aime faire ce que les autres font.
Selon lui, il faut des leaders pour guider les autres, donner une direction et inspirer. Il distingue plusieurs types de leaders. D’abord, le leader inné, celui qui se démarque naturellement car il pense être fait pour montrer la voie aux autres. Ensuite, il y a le leader de circonstance, celui qui devient leader par nécessité, selon les situations.
«Si demain vous m’amenez dans la forêt avec un groupe de personnes et qu’il faut survivre, je ne serai pas leader», illustre-t-il, amusé.
Enfin, il parle du leader d’expertise, un leader technique dont la supériorité pousse les autres à le suivre. «Dans mes équipes, j’avais Thierry Henry. Il était tellement meilleur que les autres que son talent suffisait à faire de lui un leader.»
Sur son propre parcours, Wenger avoue qu’il ne s’est jamais perçu comme un leader. «Je ne pensais pas du tout être un leader. Ce sont toujours les autres qui m’ont mis dans cette situation. À 22 ans, alors que je jouais à Mulhouse en deuxième division et que nous n’étions plus payés, mes coéquipiers m’ont demandé d’aller négocier avec le président. C’est là que tout a commencé».
Le leadership de Walid Regragui salué
Arsène Wenger a également évoqué le défi du Maroc face à la pression d’un pays tout entier. Prenant l’exemple du Qatar lors du dernier Mondial, il a analysé les difficultés rencontrées par l’équipe hôte : «Le Qatar a organisé une très belle Coupe du monde, mais ils ont échoué avec leur équipe nationale. La pression de jouer à domicile était écrasante. Le Maroc devra bien figurer avec Regragui, et nous avons confiance en lui pour relever ce défi.»
À la fin de la soirée, Walid Regragui a posé une question à Arsène Wenger : «Comment avez-vous fait pour durer 22 ans à Arsenal ?» La réponse de Wenger, teintée d’humour, n’a pas manqué de faire sourire l’assemblée : «Je te souhaite de durer aussi longtemps avec le Maroc !» avant de détailler les clés de sa longévité : la capacité d’adaptation, la gestion des relations humaines et la remise en question permanente.
Revenant sur le parcours exceptionnel du Maroc au Mondial 2022, Wenger a souligné la connexion unique entre Walid Regragui et ses joueurs.
«Ce qui m’a frappé pendant toute la durée de son expérience à Doha, c’est qu’on sentait une vraie connexion entre lui et le groupe. Et ça, un entraîneur ne peut pas tricher là-dessus !»
Pour Wenger, un grand leader doit savoir «entrer dans la tête» des autres. Il doit avoir envie de connaître l’autre, de sortir de soi et de comprendre qui est en face de lui. Ensuite, il doit avoir envie de servir, d’aider, et surtout de faire confiance. «La confiance ne se donne pas à moitié.»
Le coach français estime que le football repose aussi sur la liberté et l’épanouissement individuel. «Un joueur est heureux quand il sent qu’il peut exprimer son talent dans l’équipe.» Il insiste également sur l’importance du développement personnel qui, selon lui, ne s’arrête jamais. «J’essaie aujourd’hui d’être meilleur qu’hier. Et le développement personnel repose sur la curiosité, la curiosité des connaissances, mais aussi la curiosité sociale. Discuter avec les gens, comprendre ce qui se passe, ce qui se fait de nouveau.»
Avec sa vision, Arsène Wenger a offert une leçon inspirante sur le leadership, où la capacité à comprendre, à faire confiance et à évoluer en permanence est la clé du succès. Un message qui résonne parfaitement avec l’histoire récente de Walid Regragui et des Lions de l’Atlas.
L’importance de la prise de décision chez un joueur
Lors du débat, Wenger a partagé sa vision de ce qui fait un bon joueur. «C’est quelqu’un qui choisit toujours la solution optimale quand il a le ballon dans les pieds.» Il illustre cette idée avec une anecdote surprenante : «Un jour, j’ai vu Johan Cruyff avant un match manger deux sandwichs au jambon, et je me suis dit : il ne peut pas jouer…. pourtant c’est lui qui a fait le meilleur match ! Ce qui veut dire qu’un talent reste un talent et que rien n’est totalement tracé».
Selon Wenger, une carrière se joue souvent sur des détails, mais elle repose aussi sur trois éléments fondamentaux : «Un talent, une attitude, et quelqu’un qui croit en vous et vous donne une chance.» Michel Denisot a illustré cette idée en donnant l’exemple de Jamel Debbouze, expliquant comment l’humoriste a bénéficié d’une opportunité cruciale offerte par des décideurs.
Le moment où la salle a applaudi Wenger
Cette réflexion a fait vibrer l’audience : «Est-ce que tout le monde peut devenir leader ?» demande Michel Denisot à Arsène Wenger. L’ancien entraîneur emblématique répond avec conviction : «Je suis persuadé que tout le monde peut devenir leader. Tout dépend du domaine dans lequel on évolue. Kamal Lahlou, tout au long de sa carrière, a incarné ce qu’est un véritable leader. Au fil de mon parcours, après avoir échangé avec de nombreux leaders, j’ai tiré une conclusion essentielle : quatre points reviennent systématiquement.
– Quel est ton rêve dans la vie ?
– Comment peux-tu le réaliser ?
– Élimine toutes les pensées négatives.
– Engage-toi pleinement.
Tous les grands leaders que j’ai rencontrés avaient ces quatre principes en commun.
Alors, peut-on tous devenir leaders ? Oui. Car chacun de nous porte un rêve. La vraie question est : quel est mon rêve ? Et que dois-je faire pour l’accomplir ? Vous pouvez être le leader de votre propre rêve, et avant tout, le leader de votre propre vie. Ce qui est déjà une réussite en soi. Il y a un grand écrivain, Mark Twain, qui disait :
«Les deux jours les plus importants de votre vie sont le jour où vous êtes né et le jour où vous découvrez pourquoi. C’est aussi simple que cela.»
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO