Rude bataille
Incurable, ce phénomène nommé informel ? Pas tant que cela, en fait, lorsque la volonté politique est suffisamment vivace pour assurer une inclusion économique optimale. Et si d’autres économies ont pu réduire le volume de la population opérant dans l’informel, notre pays semble avoir des spécificités propres ne permettant pas de transposer les recettes «qui marchent ailleurs» chez nous.
À commencer par cette difficulté pour le marché national du travail à capter indéfiniment les demandeurs d’emploi, en plus du nombre conséquent de jeunes qui décrochent au cours de leur cursus scolaire. Et ne parlons même pas de ces structures entrepreneuriales qui surfent sur les lacunes juridiques pour exister sans exister sur les listes du Fisc… Bref, toute une machine qui tourne à plein régime, et dont les retombées fiscales filent sous le nez des caisses publiques.
Au nom de la cause sociale, certes, le système ne doit pas étouffer la débrouillardise économique. Mais lorsque celle-ci est suffisamment prospère pour apporter sa pierre à l’édifice fiscal, l’iniquité est justement de ne pas la contraindre.
Les mécanismes de contrôle doivent à ce titre être mieux affûtés, en plus de réelles mesures d’encouragement. La bataille est rude, mais les efforts devront être tenaces pour pouvoir espérer compter sur plus que la dérisoire régression de 8% de la part de l’informel dans le PIB, constatée entre 2000 et 2018.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO