Yasmine Benamour : “A HEM, les enseignants font plus qu’enseigner”
Yasmine Benamour
Docteur en sciences de gestion, présidente de LCI Education Afrique et directrice générale de HEM
Pour Yasmine Benamour, docteur en sciences de gestion, présidente de LCI Education Afrique et directrice générale de HEM, les professeurs de son établissement ne se contentent pas seulement de faire cours. Avec des missions triples, allant de l’enseignement/animation à l’encadrement en passant par l’accompagnement, ils entretiennent des relations d’écoute et de proximité avec leurs étudiants tout en évitant le piège de la promiscuité. Entretien…
Quelle est la spécificité du corps professoral de HEM ?
Le corps professoral constitue incontestablement la principale force de HEM, et ce, depuis sa création en 1988. Il se distingue par plusieurs éléments. Outre le fait que chaque enseignant est naturellement expert dans son domaine, notre corps professoral est tout d’abord très varié. Il est ainsi composé de professeurs permanents et de professeurs vacataires. Ces derniers peuvent être aussi bien nationaux qu’internationaux.
Certains sont expérimentés, d’autres volontairement plus jeunes. Ils peuvent être docteurs comme ils peuvent être issus directement du monde professionnel. Et c’est bien cette diversité qui fait la force et la complémentarité de notre corps professoral.
Par ailleurs, régulièrement formé, le rôle à l’intérieur même de la classe du professeur de HEM – que l’on aime appeler «enseignant animateur» – est clair et se compose de 5 éléments : il est transmetteur de savoir avec attractivité et motivation, pourvoyeur d’outils et de méthodes de travail novatrices, diffuseur de culture générale et d’état d’esprit HEM, quelle que soit sa matière, orienteur/régulateur de l’étudiant et de la classe et, enfin, évaluateur positif dans le sens des objectifs et de l’apprentissage.
Enfin, les professeurs de HEM ne se contentent pas seulement de faire cours. Leur mission est triple et plus globale : ils sont à la fois enseignants/animateurs, encadrants et accompagnateurs et ce triptyque est fondamental pour nos étudiants.
En termes de relation entre étudiant et enseignant à HEM, le mot qui revient le plus souvent est celui de famille ? Quid du piège de la promiscuité ?
En général, les enseignants de HEM entretiennent des relations d’écoute et de proximité avec leurs étudiants tout en évitant le piège de la promiscuité. La nuance est importante. Ils sont disponibles aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la classe et le travail d’encadrement et d’accompagnement demeure très important pour nos étudiants.
Le mot qui revient le plus souvent à HEM est celui de «famille»…Les professeurs essayent, par ailleurs, de faire comprendre aux étudiants qu’ils doivent également être eux-mêmes acteurs de leur formation. Le rôle de l’étudiant est clair et se compose de 4 éléments phares au sein de HEM : l’étudiant doit être présent de façon effective aux différents cours ; il doit faire preuve d’effort et de régularité. Il doit montrer une forte implication dans les activités organisées par l’école et, enfin, faire preuve d’initiative et de solidarité envers ses camarades.
Le ratio est globalement d’un professeur (vacataire ou permanent) pour 16 étudiants. Les professeurs permanents assurent environ 65% des enseignements de la maquette pédagogique et les professeurs vacataires environ 35%, sans compter les interventions de professionnels telles que les interventions ponctuelles et complémentaires dans les cours, les animations des études de cas, les séminaires métiers, la participation aux jurys des grands oraux et soutenances, les simulations d’entretiens d’embauche, etc.
Quelle est la place des femmes dans le corps professoral de HEM ?
Je commencerais par dire que, d’une façon générale, la mixité en général et la parité en particulier représentent quelque chose de tout à fait normal et naturel à HEM, et ce, depuis bien des années. Le Comité de Direction de HEM se compose d’ailleurs de 8 femmes et de 8 hommes. Il en est de même au niveau du corps professoral où les femmes occupent la même place que les hommes. Ce n’est même pas un «sujet»…
Quel est le niveau de digitalisation de vos processus d’enseignement ?
La digitalisation devient le maître mot et le secteur de l’éducation n’y échappe évidemment pas. Certes, le e-learning existait bien avant la pandémie, mais il était moins courant et surtout moins médiatisé. Avec la Covid-19, le grand public a été forcé de le découvrir, pour certains de l’apprécier et pour d’autres pas du tout. Il n’y a donc plus, aujourd’hui, une seule façon d’enseigner mais plusieurs, selon le type de formation, sa durée, son contenu, l’âge de l’apprenant, son degré d’autonomie, sa disponibilité, etc. En mars 2020, nous avons été «contraints» de mettre en place, en un temps record et avec l’adhésion de tous, une plateforme d’enseignement à distance pour quasiment 100% de nos cours. Nos classes sont désormais équipées en PC, micros et caméras. Ce fut en réalité, à la fois, un énorme challenge et une formidable fenêtre d’opportunité.
Dans ces conditions, quel est l’avenir du e-learning dans votre stratégie d’enseignement à distance ?
Nous capitalisons maintenant sur cette expérience et préparons actuellement une stratégie d’enseignement à distance en partenariat avec «LCI LX», la division transformation numérique du réseau international canadien «LCI Education» auquel appartient désormais HEM. L’idée, cette fois-ci, n’est pas simplement de transposer des cours physiques en ligne, mais de repenser complètement le contenu des cours, de les adapter au format numérique avec une approche structurée et adaptée, et ce, aussi bien pour le marché marocain qu’africain. Ceci étant dit, concernant les programmes de formation initiale Bac+5 de HEM Business School et de HEM Engineering School, l’essentiel des cours reste en physique et le e-learning arrive en complément et non en remplacement.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO