Violence contre les femmes : une nouvelle note du HCP pour dissiper les malentendus
Après la virulente réaction des représentants du mouvement de défense des droits de la femme, au lendemain de la publication des résultats de l’enquête nationale sur les violences aux hommes, le Haut-commissariat au plan publie une nouvelle note. Dans cette dernière, il tente de dissiper les malentendus et les ambiguïtés pouvant résulter de l’amalgame de certains concepts.
Les résultats de l’enquête nationale menée par le Haut-commissariat au plan (HCP) sur les violences faites aux femmes et aux hommes, qui a révélé que près de 50% de la population âgée de 15 à 74 ans a subi au moins un acte de violence au cours des douze mois précédant l’enquête (57% des femmes et 42% des hommes), continuent de nourrir le débat. Pour le HCP, les résultats de cette enquête ne devront en aucun cas être analysés sans questionnement du phénomène de la violence et son exercice illégitime, que ce soit envers les femmes ou les hommes. «Outre les tendances à la violence dans la société envers les femmes, celle-ci fait aussi des victimes parmi les hommes, mais avec une incidence moindre», souligne le HCP dans sa note nouvellement publiée, suite à un communiqué de l’Association démocratique des femmes du Maroc critiquant vigoureusement ses précédentes conclusions. Le Haut-commissariat tient à préciser que «dans tous les espaces de vie et pour toutes les formes de violence, les femmes sont plus victimes que les hommes. Aussi bien pour les femmes que pour les hommes, le contexte conjugal s’avère être l’espace de vie le plus marqué par la violence puisque 53% de l’ensemble des violences subies par les femmes et 39% de celles subies par les hommes sont perpétrées par le (la) partenaire intime». De même, parmi toutes les formes de violences, celle psychologique reste prédominante. En effet, elle représente 54% de l’ensemble des violences subies par les femmes et 73% de celles subies par les hommes. Pour asseoir la perspective «humaniste» de son diagnostic, le HCP insiste sur le fait que, globalement, les femmes sont plus nombreuses à subir la violence dans tous les espaces de vie et sous toutes ses formes. Ainsi, par forme de violence, l’écart entre les taux de prévalence de la violence subie par les femmes et par les hommes est de 13 points de pourcentage pour la violence économique, 12 points pour la violence sexuelle, 10 points pour la violence psychologique et 2 points pour la violence physique. Par espace de vie, cet écart est de 16 points dans le cadre conjugal, 11 points dans les établissements d’enseignement et de formation, 7 points dans le contexte familial et 3 points dans les lieux publics. Dans le cadre professionnel, la différence entre les hommes et les femmes dans la prévalence n’est pas significative (un point de plus pour les hommes), selon les éclairages apportés par le HCP en vue d’apaiser les craintes quant à une lecture erronée des résultats de l’enquête réalisée en 2019.
Les hommes, victimes de la violence psychologique conjugale
Le principal point sur lequel l’enquête du HCP s’est focalisée est relatif à l’exercice de la violence dans le cadre de la vie conjugale. «La quasi-totalité des violences conjugales subies par les hommes sont de nature psychologique, soit 94%, de même que des différences importantes sont constatées entre les formes de violence subies par les femmes et les hommes au sein de chaque espace de vie», indique le HCP dans sa note explicative. Dans le cadre conjugal, si les violences subies par les hommes se manifestent surtout sous une forme psychologique, celles à l’encontre des femmes se répartissent sous différentes forme : 69% d’ordre psychologique, 12% économique, 11% physique et 8% sexuelle. Il faut aussi dire que la violence psychologique, qui occupe la première position dans tous les espaces de vie, représente, dans le contexte familial, près des trois quarts des violences subies aussi bien par les femmes que par les hommes. La répartition des autres formes de violences est contrastée selon le genre. En effet, pour les femmes, la deuxième position, dans ce contexte, revient à la violence économique avec 17% (contre 6% pour les hommes). Pour les hommes, cette position est occupée par la violence physique avec 19% (contre 7% pour les femmes). Pour les autres contextes de vie, la part de la violence sexuelle représente 21% des violences perpétrées à l’encontre des femmes sur le lieu de travail (contre 2% pour les hommes), 37% dans les établissements d’enseignement et de formation (contre 14% pour les hommes) et 42% dans les lieux publics (contre 8% pour les hommes).
Plusieurs indicateurs à retenir
La perception qu’ont les hommes de la violence se base principalement sur sa définition même, les catégories les plus vulnérables, les espaces de vie les plus touchés, l’évolution de la violence dans la société marocaine et les rapports sociaux homme-femme, notamment les rapports de genre en lien avec le partage de l’autorité au sein du ménage, et son acceptation dans le contexte conjugal. Les femmes constituent la catégorie sociale la plus vulnérable aux violences selon 42% des hommes, tandis que la catégorie des hommes ne l’est que pour 6%. Concernant l’évolution de la violence durant les cinq dernières années, 55% des hommes ont ressenti son augmentation quand il s’agit des violences faites aux femmes, 49% quand il s’agit de celles faites aux hommes et 48% quand il s’agit des enfants.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco