Maroc

Viandes rouges : l’hémorragie des prix continue

L’épisode tumultueux d’avant Aid Al-Adha se poursuit avec une pression sur les prix de la viande rouge qui ne cesse de s’accentuer. Bien que l’activité de l’abattage n’ait pas totalement repris, les prix continuent à grimper. Et l’état actuel du marché n’augure rien de bon. 

Quelques semaines après la Fête du sacrifice, les prix de la viande rouge continuent de grimper atteignant des sommets jamais égalés auparavant. Si la demande durant cette période était à son paroxysme, ce qui se traduit par une hausse des prix, actuellement elle demeure faible. Et pourtant aucune accalmie n’a été constatée, comme confirmé par les professionnels du secteur.

Crainte
En effet, la situation actuelle n’est pas des plus réjouissantes. L’offre continue à se maintenir à des niveaux bas en comparaison avec la demande.

«Le cheptel s’est fortement réduit sur le marché et ne répond pas à la demande intérieure, c’est ce qui renchérit les prix. La situation aurait pu être plus accentuée avec des prix atteignant les 200 DH/kg si la demande était plus forte. De plus, cette période n’est pas encore marquée par une reprise de l’activité de l’abattage», affirme Mustapha El Khouli, président de l’Association nationale des producteurs de viandes rouges (ANPVR).

Ainsi, tout porte à croire qu’avec la reprise de la consommation qui s’accroît durant la période estivale, la courbe tend à la hausse.

Pour les professionnels, cette situation reste la résultante des crises successives subies par le Maroc, à commencer par la campagne de boycott, en passant par la crise pandémique, suivie de la vague inflationniste, et dont les répercussions commencent à se faire sentir. Il est vrai que le gouvernement s’est mobilisé pour mettre en place certaines mesures pour endiguer les prix qui se sont affolés un moment donné, à travers l’instauration d’incitations aux importations. Or, compte tenu de l’état des faits actuel, l’expérience ne s’avère pas concluante, à en croire les producteurs.

«Les importateurs restent des investisseurs qui cherchent à faire du bénéfice, alors que les éleveurs se contentent de peu et vendent même à perte dans certains cas, notamment les plus petits. De plus, les viandes importées ont fait de l’ombre à la production locale engendrant une rude concurrence sur le marché, car bien qu’elle s’achète moins cher, après l’abattage, elle revient au même prix. Tout compte fait, la tension ne s’est pas apaisée», s’indigne El Khouli.

Recommandations
Pour surmonter cette crise, les professionnels s’accordent à dire qu’il faudrait cesser les importations et concentrer tous les efforts sur la production locale en mettant en place les mécanismes susceptibles de stimuler la reproduction du cheptel.

Pour les producteurs, le phénomène d’abattage des génisses reproductrices et des bêtes représentants toutes les conditions favorables à la reproduction se poursuit en masse, bien que le ministère eût interdit l’abattage des femelles reproductrices bovines de race laitière, en 2022. Les professionnels recommandent ainsi de renforcer le croisement à l’instar d’autres pays.

Certes, il s’agit d’un investissement de longue haleine, mais les résultats finiront par redresser la barre dans quelques années. Autre point crucial sur lequel insistent les producteurs, la subvention des aliments de bétail, qui pourrait éventuellement être une solution efficicace pour encourager les éleveurs vu les cours faramineux des matières premières, ce qui renchérit le coût de revient. Pour ce faire, il est nécessaire de procéder à un recensement du cheptel et des éleveurs afin de subventionner les plus nécessiteux.

En effet, les producteurs soulignent que le processus d’identification à travers le bouclage ne reflète pas les chiffres réels sur le marché. Dans la même perspective, l’ANPRV attire l’attention sur les préparatifs pour le prochain Aid, qui devraient démarrer dès à présent, ce qui laisse une marge pour adopter les solutions appropriées permettant de reconstituer le cheptel. A ce propos, l’association envisage d’entamer les rencontres avec la tutelle incessamment dans la perspective de proposer des recommandations.

S’agissant des prix, le prix de la viande ovine se négocie actuellement entre 110 et 120 dirhams le kilo. Selon Abderrahmane Mejdoubi, président de l’Association nationale des éleveurs ovins et caprins, le prix du mouton a diminué de moitié, sauf pour ceux qui ne dépassent pas 14 kg.

Toutefois, pour discuter de l’état du secteur, le ministère a convoqué les professionnels lundi prochain. Pour la viande bovine, dans les souks, le kilo se vend à 90 DH. Dans les grandes villes, elle est estimée à plus de 115 DH. Néanmoins, les professionnels attendent la reprise complète de l’activité pour avoir plus de visibilité.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO

 


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