Maroc

Viandes de volailles : les producteurs vendent à perte, les intermédiaires se frottent les mains

Les prix des viandes de volailles se maintiennent toujours à des niveaux élevés. Chez les producteurs, on fait pourtant savoir qu’ils vendent à perte, pointant du doigt l’action inflationniste des intermédiaires.

Est-ce un avant-goût de l’été qui se profile à l’horizon ? Le prix du poulet de chair, probablement boosté par l’effet Ramadan, a connu une hausse sensible ces derniers jours. On fait état d’un prix du kilogramme variant de 13 à 20 DH, voire plus, en fonction des régions. Chez les professionnels, on fait pourtant savoir que l’on produit à perte.

«Nous vendons actuellement le poulet à 13 DH le kg, alors qu’il nous coûte entre 15 et 16 DH », fait-on savoir auprès de l’Association nationale des éleveurs de poulets de chair.

«Nous avons connu une hausse du prix d’achat des poussins de plus de 5 DH et nous vendons presque à perte sur le marché. Et ce, sans parler de la hausse des prix de l’alimentation et des autres intrants que nous utilisons», poursuit un représentant de cette association.

Si les producteurs vendent à perte, où se situe donc le problème, sachant que le consommateur final se retrouve à acheter le kg du poulet de chair à des prix toujours plutôt élevés ?

Intermédiaires
Sur ce point, chez les professionnels, on pointe du doigt l’action néfaste de certains intermédiaires et acteurs du marché, qui rajoutent leurs marges.

«Certains ont profité de la hausse des prix des viandes rouges pour maintenir à un niveau élevé celui des poulets de chair. C’est l’une des raisons pour lesquelles les cours peinent à redescendre sensiblement et à se stabiliser», explique-t-on auprès de l’Association nationale des éleveurs de poulets de chair.

Pour rappel, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, avait expliqué que la flambée des prix des viandes rouges était également due aux interventions négatives de certains spéculateurs. Le même scénario semble donc se reproduire en ce qui concerne les viandes de volailles, notamment du poulet de chair.

Ce qui pousse à se demander si les services gouvernementaux de contrôle des prix font sérieusement preuve d’efficacité. Car, comment expliquer, qu’aussi bien pour les viandes rouges que les viandes blanches, le consommateur final se retrouve à payer des prix toujours élevés, sachant que pour les unes, l’État importe massivement de l’étranger avec des exonérations fiscales, et pour les autres, les éleveurs disent vendre à perte ?

Sécheresse et canicule
Juste avant le Ramadan, les professionnels, regroupés au sein de la Fédération interprofessionnelle de la filière avicole (FISA), avaient insisté sur l’importance d’encourager l’agrégation et de développer des écosystèmes intégrés, tout en favorisant l’essor d’abattoirs industriels et la mise à niveau des points de vente agréés. Ceci pourrait, selon eux, contribuer à réduire l’impact des intermédiaires dans la hausse des prix.

Toutefois, il faut noter que ces derniers jouent un rôle de relais entre les producteurs et les marchés, puis vers le consommateur final. Enfin, il faut noter que la production de volailles en 2024 a atteint 735.000 tonnes, en hausse de 6% par rapport aux 695.000 tonnes de 2023.

En ce qui concerne les œufs de consommation, la production s’est établie à 5,5 milliards d’unités l’année dernière, enregistrant une augmentation de 4% par rapport à 2023 (5,3 milliards d’œufs).

À noter, par ailleurs, qu’à l’instar de l’ensemble des autres filières du secteur agricole et de l’élevage, l’aviculture marocaine est durement touchée par la sécheresse et les variations climatiques.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



Heure légale : GMT+1, Le fuseau de la discorde


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page