Maroc

Viande rouge : fermeture des portes aux importations de bovins du Royaume-Uni

Une restriction frappant les importations de bovins et viandes de bovins en provenance du Royaume-Uni, de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord vient de tomber. Telle est la décision que viennent de prendre les autorités marocaines en charge de l’Agriculture et du Commerce dans une circulaire. Pour l’heure, elle est censée durer 1 an (du 1er janvier au 31 décembre 2023). Détails… 

Voici une drôle de manière de célébrer un anniversaire. Mais en affaires, l’association n’exclut pas la prudence ! Surtout quand la santé de millions de personnes est en jeu. Cela fait trois ans que l’Accord établissant une Association entre le Royaume du Maroc et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord est entré en vigueur. Le 1er janvier 2023 marque le 3e anniversaire de la mise en œuvre de cet Accord d’association.

Pour marquer le coup, l’ADII vient de publier une circulaire (n°6404/222 du 5 janvier 2023) dans laquelle est annexée la liste 3 actualisée de «l’Annexe I agricole», énumérant un certain nombre de produits issus de l’agriculture et bénéficiant d’avantages tarifaires préférentiels à l’importation dans la limite d’un contingent tarifaire. En y regardant de plus près, et en la comparant avec celle annexée à la circulaire n°6139/222 du 31 décembre 2020, l’on constate que, pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2023, la liste des produits agricoles concernés a été réduite, avec l’exclusion d’un certain nombre de produits, notamment les bovins et une catégorie de viande rouge.

L’explication donnée est que ces «produits ne feront pas l’objet d’importation au Maroc, au titre de l’année 2023 et ce, en raison du statut sanitaire du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord pour les bovins (maladie de la vache folle)». Mais en même temps, la circulaire de la douane fait référence à une lettre du département de l’Agriculture n°2670 du 29 décembre 2022, donc toute récente. C’est certainement suite à cette lettre que la décision a été prise de fermer la porte, par mesure de précaution, aux importations de bovins.

Liste des produits interdits d’importation jusqu’à nouvel ordre, vache folle oblige
En sus de la liste 3 mise à jour, fixant les contingents tarifaires des produits agricoles pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2023, figure la liste (tableau 2) des produits qui ne feront pas l’objet d’importation au Maroc, au titre de l’année 2023 et ce, en raison du statut sanitaire du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord pour les bovins (maladie de la vache folle).

Dans cette liste, figurent plus de 5.448 têtes de veaux, des espèces domestiques, à l’exception des veaux de lait d’un poids vif inférieur à 150 kg ; 14 tonnes de taureaux des espèces domestiques, à l’exclusion des taurillons et à l’exclusion des taureaux de combat ; 545 tonnes de viande bovine de haute qualité, destinée aux hôtels et restaurants classés ; 204 tonnes de viande bovine, des espèces domestiques, à l’exclusion de la viande désossée de gros bovin, fraîche ou réfrigérée ; ou encore les saucisses, saucissons et produits similaires, de viande, d’abats, autres que les saucisses et saucissons secs, non cuits, et préparations alimentaires à base de ces produits ; et les autres préparations alimentaires et conserves à base de foie, de bovins, … Manque de bol, l’importation de ces produits aurait pu contribuer à atténuer la pression sur le prix de la viande rouge. Comme souligné dans Les Inspirations Éco n°3257 du 27 décembre 2022, «le prix de la viande rouge devrait connaître prochainement une nouvelle hausse, entre 10 et 15%».

Le statut sanitaire du Royaume-Uni aurait-il changé pour les bovins ?
Qu’est-ce qui a bien pu changer entre le 1er janvier 2021 et le 1er janvier 2023 au niveau du statut sanitaire du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord concernant les bovins, pour occasionner cette mise à jour de la liste 3 de «l’Annexe I agricole»? Nos recherches font état d’une augmentation du taux de prévalence de la tuberculose bovine «dans la zone à haut risque». Mais pas d’informations au sujet de la maladie de la vache folle.

Soulignons tout de même qu’au même titre que la maladie de la vache folle, la tuberculose bovine est une maladie animale transmissible à l’Homme et affectant principalement les élevages bovins. Par ailleurs, la tuberculose bovine est une maladie surveillée chez les animaux domestiques et sauvages dans plusieurs pays.

Extraits de l’analyse épidémiologique des données sur l’évolution de la tuberculose bovine

Selon l’analyse épidémiologique des données sur l’évolution des tendances de la tuberculose bovine, publiée par le département de l’Environnement, de l’alimentation et des affaires rurales du Royaume-Uni, mise à jour le 8 décembre 2022, il est dit que «dans l’ensemble de l’Angleterre, le taux d’incidence du troupeau pour les mois d’octobre 2021 à septembre 2022 était de 9,1, soit une augmentation de 0,3 par rapport aux 12 mois précédents.
Entre ces deux dates, le taux de prévalence du troupeau a diminué dans la zone périphérique de l’Angleterre, mais a augmenté dans la zone à haut risque». Le rapport indique aussi que «les mouvements de bétail présentant une infection tuberculeuse non détectée sont considérés comme le moyen le plus courant de propagation de la maladie dans de nouvelles régions.
En particulier, les mouvements de bétail, à partir des zones de Grande-Bretagne à forte incidence de tuberculose bovine, présentent un risque important d’introduction de l’infection dans les zones d’Angleterre et du Pays de Galles à faible incidence et en Écosse, qui est officiellement indemne de tuberculose depuis septembre 2009. Ces mouvements sont à l’origine de plus d’un tiers de toutes les nouvelles ruptures de cheptel tuberculeux avec des animaux présentant des lésions ou des cultures positives identifiées chaque année dans la zone périphérique».

 

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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