UGTM : Chabat s’accroche au poste de secrétaire général
À l’issue d’un second congrès extraordinaire, Chabat est proclamé SG et Cherrat son adjoint. Les choses se compliquent et augurent de confrontations futures au sein d’un syndicat désormais bicéphale.
Un congrès peut-il en cacher un autre ? Ce qui se passe à l’UGTM en est la preuve tangible. L’on s’achemine inexorablement vers un scénario à la FDT, la centrale proche de l’USFP dont la direction bicéphale est revendiquée par deux syndicalistes. Moins de deux semaines après la tenue d’un congrès extraordinaire ayant porté Enaam Mayara au poste de secrétaire général de la centrale, un second congrès extraordinaire vient d’élire dimanche soir Hamid Chabat au même poste. Le SG du parti de l’Istiqlal réalise un tour de passe comme peu d’hommes politiques savent le faire pour barrer la route aux putschistes. Il a réussi à rassembler 3.000 congressistes, comme il le confirme, mais dont une grande partie, plus de 600, ont été empêchés par les forces de l’orde d’avoir accès à la salle du congrès. Suite à cet ultime rebondissement, Chabat n’a pas hésité à faire porter la responsabilité aux responsables de la DGSN en cas d’atteinte à son intégrité physique (voir aussi page 2).
L’intervention a été en effet assez musclée donnant lieu à des blessures bien que sans gravité. Pour Chabat, qui brandit un jugement favorable du tribunal de première instance de Rabat, cette intervention s’est fait sans base légale puisque, argue-t-il, le congrès s’est tenu dans les règles de l’art et en respect des usages. Contrairement à la volonté de ses rivaux, il a choisi Mohamed Kafi Cherrat comme SG adjoint du syndicat. Le bras de fer ne fait donc que commencer entre Chabat et Hamdi Ould Rachid, son redoutable détracteur et cousin de Mayara.
Ce denier, soutenu par Khadija Zoumi et le président du groupe des conseillers istiqlaliens Abdeslam Lebbar, est un dur à cuir et ne se laissera pas impressionner par ce tour de force de Chabat. La légitimité de son congrès extraordinaire, tenu il y a deux semaines, il la défend bec et ongles. Lors d’une rencontre avec la presse, à laquelle Les ÉCO était convié, Mayara a expliqué les raisons qui l’ont poussé ainsi q’un certain nombre de militants UGTM à monter au créneau pour revendiquer leur légitimité face à celle de Cherrat, soutenu par Chabat. Mayara a souligné alors que la tenue du congrès a été possible après avoir recueilli les deux tiers des signatures des secrétaires provinciaux requises, soit 167 signatures sur un total de 197, ce qui octroie une majorité confortable pour faire valoir l’authenticité d’un congrès rejeté pas l’aile Chabat-Kafi Cherrat.
En effet, le congrès extraordinaire a vu la présence de 154 membres parmi les 197 qui constituent le conseil général de la centrale et 33 membres sur les 60 que compte le bureau exécutif mais abstraction faite des chiffres, le malaise couvait depuis bien longtemps au sein de la centrale. Néanmoins, à chaque fois la discipline l’emportait.
Aujourd’hui, le constat partagé par un nombre considérable de militants UGTM, c’est l’affaiblissement de celle-ci qui peine à se moderniser et à appliquer un minimum de démocratie interne, mais c’est sans compter sur Hamid Chabat qui, bien que contesté au sein du parti et au syndicat, ne compte pas lâcher le morceau. Les prochains jours seront décisifs dans cette course effrénée au gouvernail d’un grand syndicat comme l’UGTM. Cette énième guerre intestine dans le monde politique et syndicale marocain augure d’un basculement majeur tout en renseignant sur un malaise profond car loin de la pratique démocratique qui doit régner au sein des partis et des syndicats censés donner l’exemple, l’on assiste à des hold-ups où chaque bastion défend ses intérêts ou fait valoir sa légitimité.