Maroc

Transition énergétique : le Maroc est bien parti

Les chiffres ne sont pas encore tombés, mais tous les ingrédients sont réunis pour rester optimistes quant aux résultats sur les engagements du Maroc de porter la part de sa production d’électricité, à partir de sources renouvelables, à 42% à la fin de cette année.

Les chiffres ne sont pas encore tombés, mais tout plaide pour l’optimisme quant aux résultats sur les engagements du Maroc de porter la part de sa production d’électricité, à partir de sources renouvelables, à 42% à la fin de l’année 2020. La date butoir approche : en principe, les autorités ne devraient pas tarder à publier les indicateurs du premier bilan d’étape concernant l’engagement climatique du Maroc. En effet, malgré le chahut provoqué par la crise sanitaire de la Covid-19, qui a impacté tous les pans de l’économie mondiale aux quatre coins de la planète, les pays signataires de l’Accord de Paris devraient se plier à ce rituel. Ainsi, chacun devra publier l’état d’avancement de l’exécution de sa contribution déterminée nationale (CDN), laquelle est composée de tous les projets adossés aux Objectifs de développement de durable (ODD) pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Concernant le Maroc, engagement avait été pris de réduire celles-ci de 42% à l’horizon 2030. Pour ce faire, les autorités ont arrêté une CDN composée de 55 projets qui ont commencé à être activement mis en œuvre. Parmi celles-ci figure la CDN portant sur la transition énergétique, précisément sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. D’ailleurs, le Maroc a-t-il été «efficace» à ce niveau ?

Haut la main !
Sur ce volet, les chiffres officiels n’ont pas encore été rendus publics, mais l’optimisme est de mise. En effet, en matière d’énergies renouvelables, le Maroc devrait dépasser les 42% à la fin de l’année. Fin 2018 déjà, l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN), bras armé de l’État pour la production électrique à partir de sources renouvelables, annonçait que le Maroc avait atteint les 34%. Autrement dit, il ne lui restait plus que 8% sur deux ans pour atteindre son but. Selon une source proche de MASEN, «la part des énergies renouvelables dans le mix électrique dépassera largement les 42%». En effet, plus de 3.500 MW de projets en énergies renouvelables seront opérationnels d’ici fin décembre. Dans le domaine solaire, les projets génèrent déjà 700 MW. Il s’agit notamment de Aïn Beni Mathar (20 MW), du complexe NOOR Ouarzazate (NOOR I : 160 MW, NOOR II : 200 MW, NOOR III : 150 MW et NOOR IV : 72 MW), de NOOR Laâyoune I (85 MW) et de NOOR Boujdour I (20 MW). Par ailleurs, 1.800 MW supplémentaires interviendront entre cette année et l’année prochaine. Dans le domaine éolien, les projets en activité portent à ce jour sur 1.200 MW dont 657 MW développés par le privé dans le cadre de la loi 13-09. Dans le premier lot, on peut notamment citer Amougdoul (60 MW), Tanger I (140 MW), Torres/Koudia Al Baïda (50 MW) et Tarfaya (300 MW). Dans l’autre figurent Akhfenir I et II (200 MW), Aftissat (200 MW), Jbal Khalladi (120 MW), Foum El Oued (50 MW), Haouma (50 MW), Lafarge (32 MW) et Cimar (5 MW). Notons que 850 MW devront être livrés entre 2020 et 2021. Dans l’hydraulique, plus de 20 barrages à travers le royaume permettent déjà de produire 1.770 MW, et plusieurs projets hydrauliques privés sont dans le pipe.Si l’on tient compte de ces données, en attendant l’annonce officielle des autorités, on peut effectivement confirmer que l’engagement du Maroc sera tenu grâce à l’effort déployé sur ces trois sources d’énergie que sont le solaire, l’éolien et l’hydraulique. Ceci étant, à l’horizon 2030, ces seules trois sources d’énergie ne suffiront plus. À l’instar de la communauté internationale, le Maroc devra en effet revoir son engagement climatique à la hausse, notamment pour se conformer aux derniers résultats publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Autrement dit, sa part d’énergies renouvelables qu’il a prévu de porter à 52% à l’horizon 2030 devra être relevée. De combien ? On ne le sait pas encore.

D’autres sources d’énergie propre s’apprêtent à entrer en lice
En tout cas, pour faire face à ce défi, d’autres sources d’énergie propre seront activées. Il y a, d’un côté, l’économie circulaire (biomasse et valorisation des déchets) pour produire de l’énergie et, de l’autre, le power-to-x. Selon les conclusions de l’étude sur la biomasse, le Maroc a une production d’énergie primaire de 11,5 millions de MWh/an répartie entre l’agriculture avec 6,6 millions de MWh/an, les déchets verts (3 M de MWh/an), la foresterie (1,7 M de MWh/an) et les eaux usées (0,2 MWh/an). Sa valorisation énergétique pourrait permettre de créer plus de 10.000 emplois et favoriser jusqu’à 8,5 millions de tonnes de réduction d’émission de gaz à effet de serre. S’agissant de l’hydrogène et de ses dérivés, plus connus sous l’appellation power-to-x, cette nouvelle source d’énergie propre a un potentiel énorme. Ses retombées en termes de production et de suppression d’émissions de gaz à effet de serre n’ont pas encore été révélées, mais une chose est sûre : l’hydrogène permettra incontestablement au Maroc de frapper un grand coup dans sa transition énergétique. En tout cas, le royaume a résolument pris la décision de se positionner sur ce créneau très porteur où il est déjà courtisé par plusieurs pays européens. Par ailleurs, outre ces nouvelles sources d’énergie propre, le Maroc a également décidé de foncer sur l’efficacité énergétique.

L’efficacité énergétique sera également au rendez-vous
Pour ce faire, le département de l’Énergie a mis en place, en partenariat avec toutes les parties prenantes publiques et privées, une nouvelle gouvernance prometteuse qui permettra certainement de relever l’engagement de réduire la facture énergétique du Maroc de 30% à l’horizon 2030. Or, il faudrait que les financements suivent ! Autrement dit, il faut arriver à lever facilement des fonds pour tous les projets de la transition énergétique dans la durée, ce qui n’est pas une mince affaire. En effet, si les financements des projets d’efficacité énergétique ne posent pas trop problème, ceux des grands projets dans le solaire, l’éolien ou encore l’hydraulique nécessitent que le Maroc demeure une destination de production attractive durable. D’ailleurs, l’alerte a été récemment donnée par la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et l’Agence française de développement (AFD) sur la difficulté du Maroc de lever des fonds destinés à financer la mise en œuvre de sa CDN. Le rythme des investissements pour le climat est très en deçà des objectifs escomptés. Face à tout cela, le Conseil et économique, social et environnemental (CESE) recommande de renouveler la stratégie énergétique nationale, une opération que son équipe juge tout à fait naturelle dans le cycle de vie d’une stratégie ou d’une politique publique au bout de 11 ans. Si elle est effectivement prise en compte, cette recommandation devrait permettre de booster tout le dispositif de la transition énergétique qui se passe jusque-là plutôt bien !

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco


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