Maroc

Transfert des MRE : entre hausse et risque de tarissement

Les envois des MRE ont connu une hausse de 8,3%, soit un volume de 22,9 MMDH rien que pour le premier trimestre de l’année en cours, confirmant une tendance haussière qui ne date pas d’hier. Nul besoin de le rappeler que les fonds envoyés par les Marocains du monde représentent aujourd’hui un enjeu stratégique majeur. Seulement, selon certains spécialistes, un tarissement plane sur cette manne qui constitue la première source financière extérieure pour le pays.

Symbole d’un véritable élan de solidarité, les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont atteint 93 milliards de dirhams (MMDH) en 2021. La même année, les transferts de fonds vers le Royaume ont augmenté de 40%, soit un record de croissance dans la conjoncture de crise sanitaire que connaît le monde. Cette même dynamique se poursuit au premier trimestre de l’année en cours avec une hausse de 8,3%, soit un volume de 22,9 MMDH.

Cette performance s’explique, en partie, par la hausse grandissante des besoins et le tarissement du pouvoir d’achat des familles basées au Maroc et auxquelles cet argent envoyé depuis l’étranger est destiné.

Les études empiriques ont démontré que l’augmentation des fonds transférés par les diasporas est généralement provoquée par des crises, que ce soit des pays d’accueil ou de ceux d’origine, a expliqué, en substance, Leila El Wardi, vice-président de la 13e Région des Marocains entrepreneurs du monde de la CGEM-MeM, lors d’un déjeuner débat organisé, jeudi 16 juin, par H₂O, en partenariat avec CAP Unlimited, et sponsorisé par Wafacash, autour de la thématique: «Les transferts de fonds, levier économique et social, et l’impact de la pandémie Covid-19». Le développement des canneaux technologiques dédiés au transfert d’argent expliquerait également la hausse du volume des envois des citoyens marocains vivant en dehors des frontières, sans oublier les efforts des banques et des pouvoirs publics pour faciliter ces opérations.

«Le Maroc a défini un business model très particulier qui est celui de la bancarisation des MRE. Aujourd’hui, près de 60% des MRE sont bancarisés dans les banques marocaines», a ajouté El Wardi. Et de rappeler que ce modèle, mis en place dans les années 1960, vise à rapatrier l’épargne des Marocains du monde afin de financer l’économie nationale.

En d’autres termes, les envois des MRE représentent aujourd’hui un enjeu stratégique majeur dans la mesure où ils constituent la première source financière extérieure pour le pays. Toutefois,  une menace plane aujourd’hui sur cette source de financement. «Il y a un risque de tarissement. Je suis ne suis pas sûr que la nouvelle génération qui émigre soit aussi prolifique que les générations précédentes en termes d’envoi de fonds», assure Karim Amor, président de la 13e Région des Marocains entrepreneurs du monde de la CGEM-MeM.

Amor s’inquiète du fait que les pays d’accueil sont de plus en plus réticents à accueillir de nouveaux migrants. Si les arrivées des profils qualifiés sont tolérées, voire encouragées, le nombre de jeunes marocains qui sont dans les métiers des IT et qui partent sont estimés entre 8.000 et 10.000. Or, il faut au moins un nouveau contingent d’environ 4 millions de Marocains pour que la manne financière des MRE ne tarisse pas.

Les transferts d’argent se formalisent davantage
Une crainte que minimise Hazim Sebbata, pour qui la nouvelle génération de MRE est de meilleure qualité par rapport aux générations précédentes, en termes de qualification, et, donc, tout porte à croire que les revenus des nouveaux migrants seront beaucoup plus importants.

Le président de l’Association professionnelle des établissements de paiement (Apep) et PDG de Cashplus, est convaincu d’ailleurs que les transferts d’argent vont davantage se faire via des canaux formels car, dit-il, les MRE sont séduits par la fluidité et l’instantanéité de la digitalisation qui s’accompagne d’une baisse non négligeable des coûts d’envoi d’argent. Ceci dit, d’importants leviers devraient être activés pour assurer une véritable inclusion financière.

De nouvelles pistes pour les envois des MRE
Cette manne financière que reçoivent les familles des migrants est principalement dédiée à subventionner leurs besoins en matière de logement, d’éducation, d’alimentation et de santé, notent les intervenants. Des pistes sur la manière dont les transferts de fonds pourraient être utilisés, afin de faciliter l’insertion des pays émergents dans les mécanismes de la finance internationale, ont ainsi été présentées. Cette insertion serait d’autant plus nécessaire pour cause de diminution des aides publiques au développement, qui obligerait les pays à se tourner vers des modes de financement privés, dits «innovants».

Une des pistes explorées concerne justement l’utilisation des transferts de fonds comme une garantie de revenus à moyen ou long terme. Plusieurs personnalités du monde économique et financier ont pris part à cet événement de haut niveau, notamment des représentants de la CGEM, des acteurs du secteur privé ainsi que des organisations non gouvernementales nationales et internationales.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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