Maroc

Tout sur la stratégie de la RAMSA

Ahmed Oukkas : Directeur général de la Régie autonome multi services d’Agadir (RAMSA)

Suite au Conseil d’administration de la RAMSA tenu en janvier 2016, le DG de cet établissement revient sur l’état financier de la régie ainsi que sur les principaux chantiers prioritaires en termes d’eau potable et d’assainissement pour accompagner les besoins du Grand Agadir.

Les Inspirations ÉCO : Quel bilan faites-vous de votre plan stratégique 2012-2015 ?
Ahmed Oukkas : Au cours de cette période, la RAMSA a engagé des actions conséquentes ayant mobilisé des investissements de plus de 715 MDH pour les deux activités que sont l’assainissement et l’eau potable. Sur ce dernier point, les grands axes du programme eau consacré à cette période ont concerné la restructuration de la distribution par l’adoption d’une structure étagée pour assurer des conditions de desserte optimales, en plus du renforcement de la capacité de stockage et l’extension de réseau pour l’alimentation de nouvelles zones d’habitation ainsi que le suivi et l’amélioration du rendement du réseau. L’ensemble de ces actions ont permis une meilleure sécurisation de l’alimentation en eau potable et l’amélioration du taux de desserte qui est à plus de 98%. S’ajoute à cela le maintien d’un rendement satisfaisant du réseau d’eau potable à plus de 80%.

Quid de l’assainissement ?
La RAMSA a poursuivi les travaux structurants de la 2e tranche, inhérente au plan directeur d’assainissement liquide du Grand Agadir. Il s’agit de la construction d’une station de désinfection des eaux épurées de la STEP M’zar par ultraviolets pour un débit de 30.000 m3/j et l’extension des ouvrages de traitement primaire pour un débit de 45.000 m3/j et secondaire pour un débit de 20.000 m3/j. La réalisation d’une station de traitement primaire et d’un émissaire en mer de 2,5 km dans la zone Nord d’Agadir a été également effectuée, en plus du système de collecte, de transfert et d’épuration d’Aourir, dont les travaux ont été entamés en 2014. On a également renforcé le dispositif de collecte, de pompage et d’épuration de la zone Sud, en plus de la réalisation du réseau gravitaire de distribution des eaux usées épurées et la poursuite des travaux de restructuration des quartiers sous-équipés. Ces projets menés ont contribué à l’amélioration du taux de desserte qui est à plus de 87,5%, tandis que les problèmes liés aux inondations ont été limités pour une meilleure protection de l’environnement.

Qu’en est-il de la politique d’extension de la RAMSA aux zones limitrophes ?
La régie a conclu des contrats avec les sociétés Haliopolis, la SAPST et AKWA Immobilier dans le cadre de l’équipement des projets du parc Haliopolis pour la transformation des produits de la mer, en plus de la station de Taghazout Bay, des Jardins Drarga, ainsi que de la gestion de distribution de l’eau potable et de l’assainissement liquide d’une population de l’ordre de 100.000 habitants relevant de la commune de Drarga. Les objectifs fixés ont été atteints grâce à ces investissements et, de toute évidence, les
indicateurs de gestion de la distribution d’eau potable et d’assainissement liquide dans le Grand Agadir confirment l’aboutissement de ces orientations.

Vous avez récemment tenu votre Conseil d’administration. Quel regard portez-vous sur la santé financière de la RAMSA ?
Le Conseil d’administration tenu le 15 janvier 2016 a noté avec satisfaction l’amélioration importante des résultats de la régie, notamment la préservation des équilibres financiers pour l’exercice 2015, en respectant ses engagements en termes d’investissement, l’amélioration de ses indicateurs techniques et commerciaux et l’amélioration de la qualité de service vis-à-vis de ses clients ainsi qu’en veillant à leur confort, dans des perspectives d’avenir, notamment pour la période 2016-2020.

Justement, quelles sont vos priorités pour la période 2016-2020 ?
Pour l’eau potable, il s’agit de restructurer la distribution, en l’occurrence la création d’étages, la modulation de la pression et bien d’autres pour assurer des conditions de desserte optimales. La priorité sera également accordée à l’extension et au renforcement du réseau de distribution pour accompagner les besoins futurs en eau dans de bonnes conditions, mais aussi la poursuite de l’opération des branchements sociaux visant à faire bénéficier les ménages non branchés à l’accès à l’eau. Notre objectif est aussi de maintenir et d’améliorer le rendement du réseau et la capacité des réserves à travers la réalisation de réservoirs. Le montant estimé pour les investissements prévus dépasse les 207 MDH. Au niveau de l’activité assainissement, le montant dépasse les 403 MDH. Les priorités portent sur la dépollution de la zone nord d’Agadir et l’amélioration de la qualité des eaux de baignade des plages d’Agadir afin d’assurer la durabilité du secteur touristique à vocation balnéaire. De plus, on travaille sur la mobilisation de la ressource en eau (usée et épurée) pour sa réutilisation dans l’arrosage des golfs et des espaces verts d’Agadir, ainsi que sur l’achèvement des travaux d’équipement des quartiers périphériques non encore desservis.

Plusieurs «émeutes» ont été enregistrées à Marrakech, Tanger et d’autres villes à propos du système de facturation. Comment la RAMSA compte-t-elle éviter ce genre d’incidents ?
Consciente de l’importance que revêt la décision de redéfinition des tarifs de vente d’eau potable et d’assainissement liquide et du passage à la facturation mensuelle, la RAMSA s’est dotée des moyens nécessaires pour mener à bien cette opération et répondre aux attentes de la population du Grand Agadir. Dans ce sens, la RAMSA veille à la préparation minutieuse de la facturation des consommations à travers le recrutement de releveurs, la limitation du recours à l’estimation et le respect des tranches en plus de l’équité de la facturation. On a également renforcé les services d’accompagnement, en l’occurrence les points d’encaissement externalisés, sachant qu’on a lancé le paiement en ligne, et on procède à la réception des réclamations. En termes de communication, on s’est engagé dans une opération d’échange à travers de campagnes de sensibilisation avec les différents acteurs politiques, civils et associatifs, en plus des fédérations de protection des consommateurs et des mass media.

Quel est l’état de vos performances, en termes de facturation ?
La RAMSA a amélioré ses performances par le contrôle préventif des compteurs et la proportionnalité de la facturation avec le nombre de jours facturé. En effet, le taux d’erreur enregistré dans l’établissement des factures n’excède pas 0,09% pour plus de 1.330.000 factures établies durant l’année 2015. Il est à signaler également que la RAMSA a renforcé sa structure d’accueil (front office) et dispose actuellement de 11 agences commerciales ainsi que plusieurs points de règlement par le biais de partenaires externes (dont 74 points de règlement dans le Grand Agadir), en plus du prélèvement bancaire ou d’Internet. Le taux de règlement des factures 2015 des clients particuliers domestiques a atteint 93% et 100% pour les grands clients, démontrant de ce fait la fiabilité du processus de facturation adopté par la régie.

Quel est la part des TIC dans votre management ?
Notre régie dispose d’un système de gestion commerciale («GSTCOM») performant. Ce système permet une gestion intégrée et performante de la chaîne commerciale à travers plusieurs modules. Ces derniers permettent la réception des demandes d’abonnement, de branchement en plus des facilités, réclamations et résiliations. L’objectif est de centraliser toutes les requêtes qui peuvent émaner des clients au niveau d’un guichet unique. La gestion de la relation client est ainsi maîtrisée et la qualité est améliorée, à travers un meilleur suivi de l’ensemble des paramètres. Ce système permet également le suivi statistique de l’activité qui revêt un aspect stratégique, car il est directement lié à la fonction de reporting, et s’inscrit ainsi dans la gestion de la qualité, à travers la collecte de données précises et le calcul d’indicateurs de performance.

La problématique des rejets industriels dans le réseau d’assainissement a-t-elle été réglée, dans le Grand Agadir, avec un prétraitement à la source ?
Dans le cadre des actions menées par la RAMSA pour atténuer les impacts négatifs de la pollution industrielle sur l’environnement, et en vue de garantir la pérennité des ouvrages d’assainissement et leur fonctionnement, plusieurs démarches ont été entreprises. Il s’agit de l’élaboration des études de dépollution industrielle et la sensibilisation des industriels aux problèmes de pollution et de leur impact sur l’environnement. On a également accompagné certains opérateurs dans la mise en place des STEP et on a participé à la réalisation d’un projet pilote de traitement des effluents industriels en partenariat entre l’ABHSM, le FODEP et l’industriel concerné. Ces actions ont permis la réalisation de 7 STEP au niveau des unités industrielles les plus polluantes dans le Grand Agadir, ce qui a réduit l’impact des rejets industriels sur l’environnement, sur l’infrastructure de collecte et d’évacuation des eaux usées ainsi que sur la qualité des eaux épurées réutilisées.

Quels sont les facteurs qui ont entraîné le problème lié à la qualité des eaux épurées produites par la RAMSA ?
Depuis 2010, la RAMSA a mis en place un système de traitement et de réutilisation avancés des eaux usées de la zone Sud d’Agadir allant jusqu’au traitement tertiaire au niveau de la STEP M’zar. Le montant total des investissements réalisés par la régie s’élève à 570 MDH. Le problème majeur qui altérait la qualité des eaux épurées produites par la régie depuis 2010 est celui de la salinité, dont la concentration dans les effluents d’eaux usées -surtout d’origine industrielle (cas des conserves de poissons rejetant des saumures)- dépassait parfois les normes requises. Actuellement, les concentrations en sel dans les eaux épurées répondent aux normes de réutilisation. En général, le problème de la qualité des eaux épurées produites par la RAMSA, posé depuis 2010, concerne principalement le blocage des asperseurs au niveau du golf. Celui-ci a été définitivement résolu courant 2015 sans coût significatif à travers la mise en place d’un ensemble d’équipements (filtres) permettant d’améliorer cette qualité, et par la suite répondre aux normes de réutilisation de ces eaux pour l’arrosage des golfs et espaces verts et éviter, par conséquent, le dysfonctionnement constaté au niveau des dispositifs d’arrosage.

Après la réalisation de la STEP d’Anza, où en sont les travaux de la STEP d’Aourir réalisés par la RAMSA, la SAPST et le Programme national d’assainissement ?
La STEP d’Aourir est une station de traitement tertiaire par le procédé des boues activées. Le montant d’investissement du projet est estimé à 100 MDH, tandis que le coût global de réalisation sera pris en charge par la RAMSA, le Programme national d’assainissement (PNA) et la SAPST. La réalisation des travaux de la STEP d’Aourir sont avancés à hauteur de 85% pour la partie génie civil, tandis que le lot d’équipement en est à 35%. La mise en service de la STEP d’Aourir est prévue pour le deuxième semestre de 2016.

Quand le projet de réutilisation des eaux usées sera-t-il généralisé aux golfs ?
La RAMSA dispose actuellement d’un ensemble d’équipements de base pour améliorer le traitement avancé (tertiaire), garantissant ainsi un potentiel de réutilisation des eaux épurées de l’ordre de 30.000 m3/jour, soit environ 11 millions de m3/an. Il est à noter que la station d’épuration de M’zar offre une épuration primaire, secondaire et tertiaire qui permet l’abattement de 99% sur la pollution organique (MES, DBO5) et 98% sur la pollution chimique (DCO) en plus de 100% sur la pollution concernant la parasitologie, (œufs d’helminthes) ainsi que 6 ULog sur la pollution et bactériologique (coliformes fécaux). Pour la production d’eau épurée de bonne qualité, elles répondent à la catégorie A des normes de l’OMS pour la réutilisation sans restriction en irrigation. D’autre part, elles permettent de générer un gain économique important en termes d’éléments nutritifs fertilisants. 1.000 m3 apportent 56 kg d’azote (N), 13 kg de phosphore (P2O5) et 34 kg de potasse (K2O). Au-delà de contribuer à la résorption du déficit hydrique de la région, les objectifs ultimes visés par ce chantier d’envergure de réutilisation des eaux usées dans le Grand Agadir sont multiples. Il s’agit notamment de réduire les rejets épurés dans le milieu marin et de contribuer à l’amélioration de la qualité des eaux de baignade. Pour rappel, le Golf de l’Océan est desservi depuis août 2010 par les eaux épurées avec un débit moyen de 3.000 m3/j.

Qu’en est-il des espaces verts ?
L’arrosage des espaces verts au niveau de la Commune urbaine d’Inezgane est en cours d’essai depuis novembre 2015, en collaboration avec la préfecture Inezgane-Aït Melloul, et qui a donné, pour le moment, entière satisfaction. Il est à noter que l’étude complémentaire de réutilisation des eaux usées épurées dans le Grand Agadir établie par la RAMSA en 2013 a montré que le potentiel actuel des eaux épurées produites (environ 11 millions de m3/an) permet de couvrir les besoins en arrosage des espaces verts et golfs au niveau du Grand Agadir, ce qui constitue une contribution non négligeable à la réduction du déficit hydrique que connaît la région Souss-Massa. Cette étude a également révélé que l’infrastructure de desserte des eaux épurées nécessite un investissement global de 147 MDH, dont une partie a déjà été réalisée par la RAMSA avec un montant de 40 MDH. L’infrastructure nécessaire au raccordement des golfs des Dunes et du Soleil est également réalisée par la régie jusqu’à l’entrée des sites. Des scénarios peuvent être envisagés pour la réalisation et la gestion du réseau de distribution.

Ainsi, le projet de réutilisation des eaux épurées ne peut être atteint que par le développement d’une synergie entre les différents acteurs concernés pour la mise en place, selon une approche participative, d’un plan d’action intégré afin de mutualiser les moyens et ressources et partager une vision écologiquement durable axée principalement sur la mise en place, par l’État, de mesures d’incitation à la réutilisation des eaux épurées et à la rationalisation de l’exploitation des ressources souterraines et superficielles.



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