Maroc

Tourisme : les professionnels parlent d’un « retour à la case départ »

Pris entre le marteau et l’enclume, les professionnels du tourisme manquent de visibilité sur l’avenir de leur secteur et particulièrement sur la date d’ouverture des frontières. Selon leurs pronostics, le premier semestre 2021 est déjà raté quant à la reprise de leur activité. Décryptage.

Avec la progression exponentielle de la transmission de la Covid-19 au Maroc, le secteur touristique n’en finit pas de compter les pertes engendrées par cette crise sanitaire. La reprise n’est pas pour demain vu que le secteur continue à souffrir d’une absence de visibilité sur son avenir. Face à ce constat, les professionnels du secteur qui s’attendaient à voir le bout de tunnel avec la réouverture des frontières, n’hésitent pas à affirmer que le premier semestre 2021 est déjà raté quant à la reprise de l’activité touristique au Maroc. Parallèlement, avec l’adoption des nouvelles restrictions imposées au niveau national dans certaines destinations, le fait de miser sur les flux nationaux se trouve dans l’impasse. En témoignent, les dernières restrictions imposées au niveau de la station balnéaire d’Agadir avec la fermeture depuis la semaine dernière des plages, restaurants et cafés à partir de 23 et 22h. «Bien que les nationaux aient jeté leur dévolu sur certains établissements d’hébergement classés à Agadir pour passer leurs vacances d’été, actuellement, avec la reprise des mesures restrictives, on revient à la case départ», commente Najia Ounassar, présidente de l’Association de l’industrie hôtelière d’Agadir (AIHA).

Le Maroc absent sur les brochures touristiques
À l’international, la situation vire de plus en plus vers le rouge. «Actuellement, la destination Maroc ne figure sur aucune brochure touristique des tours opérateurs alors que pour récupérer la tendance de l’année 2019, il faut au moins attendre la saison 2022», explique Abarrahim Oummani, professionnel du tourisme et vice-président de Continental Bay, société de gestion du Lunja Village et de la station d’Ifrane. Nonobstant, la dynamique de l’épidémie «très préoccupante» du point de vue des professionnels complique la donne. «L’instabilité de la situation épidémiologique et la hausse continue des cas confirmés de la Covid-19 prolonge la position du Royaume dans la liste des pays concernés par les restrictions de voyage par certains pays d’Europe. Du coup, il serait difficile d’ouvrir les vannes d’une activité touristique dans ce contexte de crise sanitaire», précise Salah-Eddine Benhammane, directeur général région Sud de la chaîne Atlas Hospitality. Le même constat est partagé par Zoubir Bouhout, chercheur et consultant en tourisme.

Quelle alternative ?
Que faire donc face à cette situation inédite ? «Il faut vraiment que la situation épidémiologique ralentisse au Maroc, mais aussi dans les marchés émetteurs pour que les touristes osent voyager même sans vaccin», ajoute Salah-Eddine Benhammane. S’il y a des professionnels qui souhaitent tourner au plus vite la page de la crise, d’autres requièrent des autorités marocaines des choix durant cette période d’attente et de préparation de réouverture des frontières. En effet, ces opérateurs sont conscients de la complication de cette crise sanitaire. «La commercialisation d’un vaccin n’est pas pour demain. C’est pourquoi, à l’instar d’autres pays du pourtour méditerranéen, notre destination doit s’adapter à cette situation avec la prise de mesures de précaution pour sauvegarder notre tissu économique en général et touristique en particulier», souligne Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière. En réponse à cette crise sanitaire, «les services de la santé doivent communiquer sur les chiffres et les clusters qui entraînent la hausse du nombre des cas contaminés, alors que les cliniques privées et les laboratoires doivent alléger la pression sur les hôpitaux publics pour assurer le dépistage et les soins aux cas de Covid-19», ajoute Lahcen Zelmat.

Validé du test : 62h au lieu de 48h
De même, «au lieu d’exiger un test Covid-19 négatif dont la date de validité ne dépasse pas 48h, il serait préférable d’opter pour un test d’une validité de 62h pour les ressortissants étrangers qui veulent se rendre au Maroc. Cette mesure permettra au royaume de s’aligner sur les pratiques adoptées par d’autres pays», insiste Najia Ounassar, présidente de l’Association de l’industrie hôtelière d’Agadir (AIHA). Par ailleurs, les tours opérateurs insistent sur la disposition d’une date précise pour la question de programmation de l’ouverture des frontières surtout en ce qui concerne les engagements afférents aux appareils aériens en plus des actions marketing et de promotion. Actuellement, «il y a un intérêt pour la destination Maroc car les TO nous interpellent par rapport à la réouverture des frontières, mais le grand point d’interrogation demeure la date d’ouverture des frontières», conclut Abarrahim Oummani.

Yassine Saber / Les Inspirations Éco



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