Maroc

TIR : les transporteurs chauffent les moteurs de la grève

La colère monte dans les cabines des camions avec un appel à la grève le 21 décembre, lancé par six entités professionnelles représentant le secteur du TIR et logistique. La grève qui vise essentiellement la révision de l’accord bilatéral Maroc-Espagne, en matière de transport international routier, intervient quatre jours après l’annonce de la visite au Maroc du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

La tension monte entre les professionnels du Transport international routier (TIR) et leur ministère de tutelle. À l’instar de la levée de boucliers menée l’année dernière, les transporteurs ont annoncé une nouvelle grève nationale de 48 h reconductible à partir du lundi 21 décembre prochain. Une grève qui risque de paralyser la sphère économique, et les exportations marocaines vers l’Union européenne à travers le voisin ibérique. Selon un communiqué commun rendu public à l’issue d’une réunion tenue le 3 décembre, à Agadir, six entités professionnelles représentant le secteur du transport et de la logistique ont appelé à cette grève. Il s’agit de l’Association marocaine des transports routiers intercontinentaux – zone Nord et zone Sud – en plus de l’Association nationale de transport et logistique du Sud (ANTLS), ainsi que la Fédération marocaine de transport national et international (FMTNIL) ainsi que des camionneurs-transporteurs de marchandises au Maroc. Selon des sources professionnelles, avant d’être décalée au 21 décembre, cette grève avait été préalablement prévue le 17 décembre, soit le jour de la visite officielle du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, lors de laquelle il devrait présider aux côtés de son homologue marocain, Saad Dine El Otmani, une réunion bilatérale de haut niveau entre les deux pays.

Révision de l’accord bilatéral Maroc-Espagne
Parallèlement, l’ensemble des entités ont été déjà avisées, notamment les ministères et directions de tutelle en plus des fédérations professionnelles telles que l’ASMEX, la FIFEL et l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH). Dans le fond, ce sont les mêmes doléances qui motivent cette grève, à commencer par l’épuisement récurrent, ces dernières années, des autorisations bilatérales (E) permettant aux opérateurs marocains du TIR d’accéder au territoire espagnol, en plus de la récente tension au sujet de la franchise carburant visant à réguler la concurrence entre transporteurs au sein de l’espace communautaire européen. C’est la raison pour laquelle les professionnels ont demandé une nouvelle fois la révision de l’accord bilatéral, signé en 2012 à Madrid entre le royaume et l’Espagne, qui régit le secteur du transport international routier. Selon les entités précitées, ledit accord grève la compétitivité des exportations nationales d’autant plus que leurs doléances n’ont pas été prises en considération jusqu’à présent par la Direction du transport routier relevant du ministère de l’Équipement, du transport et de la logistique. À noter que lors du dernier comité technique de novembre 2018, les deux parties avaient fait appel à un bureau d’études pour la réalisation d’une analyse conjointe approfondie intégrant tous les déterminants de l’évolution des échanges commerciaux et du transport international routier entre les deux pays. C’est dans ce contexte que le ministère de tutelle s’est penché sur l’option de réaliser une étude qui tracerait un modèle de détermination de la proposition du contingent d’autorisations bilatérales du transport international routier de marchandises, échangé entre le Maroc et l’Espagne ainsi que les modalités de son actualisation.

Origine du déséquilibre
À l’origine de cette situation de déséquilibre, selon la profession, figure la modification de l’article 13 du Protocole d’accord en vertu de laquelle la semi-remorque isolée espagnole a été considérée comme marchandise, et donc non couverte par une autorisation (M). Par conséquent, les transporteurs ibériques ont développé le transport routier à travers le détroit de Gibraltar jusqu’à Tanger, uniquement par semi-remorque qu’ils faisaient tirer par un tracteur marocain à l’intérieur du territoire national. De ce fait, le changement de l’article précité a créé un déséquilibre sur le plan de la consommation du contingent des autorisations espagnoles, ce qui a entraîné une demande permanente d’un nombre supplémentaire d’autorisation E de la part du Maroc. En revanche, la partie espagnole n’épuise pas son contingent d’autorisations contrairement aux camionneurs marocains. D’autres raisons entraînant ce déséquilibre sont citées par les professionnels, notamment le transport triangulaire avec plus de rotations pour le TIR espagnol. À cela s’ajoute la résolution définitive de la question de la franchise carburant qui a été imposée cette année aux camionneurs marocains. Mesure qui a soumis les transporteurs marocains à des verbalisations sous forme d’amendes pour chaque camion ayant dépassé une capacité de 200 litres au port d’Algesiras, premier point d’entrée des exportations marocaines vers l’UE, alors que la majorité des ensembles routiers marocains sont équipés de réservoirs d’une capacité allant de 1.300 à 1.500 litres.

Chronoscopie des accords entre les deux pays
Pour rappel, le premier accord de transport international routier de marchandises entre les deux pays, conclu à Rabat en mars 1988, conditionnait l’entrée des remorques étrangères dans l’un ou l’autre État à la délivrance d’une autorisation préalable. Jusqu’à la fin des années 1990, les échanges commerciaux par route entre le Maroc et l’Europe ont connu une progression constante, ce qui a amené les entreprises du secteur du TIR marocain à se structurer pour passer à une logique de transporteur international. À la fin de la décennie 2000, il devenait primordial de réviser l’accord bilatéral pour l’adapter au nouveau contexte du TIR national et au volume des échanges entre le Maroc et l’UE. Un nouvel accord bilatéral en matière de transport international routier a ainsi été signé le 3 octobre 2012 et est entré en vigueur le 1er janvier 2013. L’accord précise les modalités autorisant les transporteurs de chacune des deux parties à effectuer le transport de voyageurs ou de marchandises entre les deux pays ou en transit dans leur territoire, ainsi que le transport triangulaire.

Yassine Saber / Les Inspirations Éco


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