Maroc

Taux directeur : consensus du marché pour le statu quo

Dans ce contexte marqué par un fléchissement de l’inflation et une demande de financement importante, faisant suite au séisme qui a frappé la région d’Al Haouz, il serait préférable de ne pas augmenter le taux directeur, du moins pour le moment. Tel est l’avis de plusieurs observateurs du marché.

À l’approche de la réunion de Bank Al-Maghrib (BAM), prévue le 26 septembre, les observateurs du marché financier sont unanimes pour recommander le maintien du statuquo en matière de taux directeur. Cette pause dans le cycle de resserrement monétaire, initiée en juin dernier, serait maintenue compte tenu de l’évolution des agrégats macroéconomiques du pays. «Il n’y a pas de suspense cette fois-ci sur la probable hausse du taux directeur, par contre il sera encore plus présent en décembre prochain», affirme une source du marché.

Cette conviction est en grande partie due aux récents développements économiques, y compris le séisme qui a frappé la région d’Al Haouz, lequel a eu pour effet de consolider la perspective de stabilité monétaire. Cependant, il convient de noter que certains éléments pourraient potentiellement influencer la décision de BAM à l’avenir, «en particulier, les prix du gaz et du pétrole qui ont connu des fluctuations significatives, pouvant potentiellement changer la donne économique. Toutefois, les effets de ces variations ne devraient pas se manifester immédiatement, mais plutôt au cours des mois à venir», nous explique-t-on.

Le pourquoi du consensus
L’inflation est un élément important pris en considération dans l’analyse des opérateurs du marché. Les dernières statistiques de l’Indice des prix à la consommation (IPC) montrent une inflation en glissement annuel inférieure à 5%, ce qui peut être interprété comme un signe de stabilité des prix. De plus, les déclarations antérieures du gouverneur de la Banque centrale, en juin 2023, indiquent clairement sa volonté d’observer et d’évaluer l’impact cumulatif des hausses précédentes du taux directeur sur l’économie réelle, ainsi que l’efficacité des mesures budgétaires anti-inflation prévues dans le projet de loi de Finances 2024.

Cependant, un acteur du marché affirme qu’«il est encore trop tôt pour que BAM puisse évaluer l’impact concret de ces mesures, car les détails précis ne sont pas encore disponibles. La note de cadrage ne fait que lister les priorités. Les mesures concrètes anti-inflation, que le gouvernement a promis d’adopter, ne sont pas encore claires ». Un autre élément clé est la transmission des récentes décisions de BAM, notamment les trois hausses successives de 50 points de base.

Cette transmission commence tout juste à se concrétiser, ce qui se traduit par une décélération du crédit et de la masse monétaire. En ce qui concerne le marché des changes, bien que la monnaie nationale ait perdu légèrement de sa valeur récemment, en raison de la récente annonce sur le taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE), la situation reste globalement stable, avec un taux de change du dollar compris entre 10,18 et 10,20 dirhams. Le compte courant de la balance des paiements montre également des signes de résistance, renforcés par le stock des réserves de change du pays, qui atteint près de 360 MMDH. Cette robustesse contribue à maintenir la valeur de la monnaie nationale face aux devises étrangères.

Impact indirect du séisme d’Al Haouz
Enfin, l’impact du récent séisme, bien qu’indirectement lié au taux directeur, est un facteur à prendre en compte. «Les estimations suggèrent qu’une enveloppe globale de 50 milliards de dirhams sera nécessaire pour la mobilisation des ressources liées à la catastrophe», note un analyste. Bien que cela puisse avoir un effet immédiat négatif sur la croissance économique, il est prévu qu’il entraînera un impact positif à moyen terme, en particulier grâce à la reconstruction de la région, qui nécessitera des dépenses supplémentaires.

Dans cette logique, et dans un contexte de demande de financement intense, il est expliqué auprès d’un opérateur du marché qu’«il est donc préférable de maintenir le taux directeur à 3%, dans ce contexte de demande importante. Car il est primordial, dans cette période, que les conditions de financement ne se corsent pas davantage». Sur le front boursier, on peut noter qu’il n’y a pas eu de réaction significative de la part des investisseurs. «En général, les marchés financiers ont tendance à anticiper les décisions, comme nous l’avons constaté en juin dernier, lorsque le marché était divisé», rappelle un broker. Cependant, cette fois-ci, les opérateurs ne montrent pas de réaction marquée, que ce soit sur le segment des actions ou des obligations. En somme, le marché semble adopter une attitude en faveur du maintien de la stabilité actuelle.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

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