Stratégie : KechRadio, un concentré d’ondes positives
En 2015, un groupe de cinq jeunes professeurs de philosophie, sociologie et langues décident d’avoir un impact positif sur la société marocaine. C’est ainsi que naît l’idée de mettre sur pied KechRadio. Plus qu’une startup, c’est une radio communautaire, associative, d’ancrage local, anti-sexiste et surtout à but non lucratif. Découverte…
Après une série de formations organisées par le Forum des alternatives Maroc (FMAS) et suite à un voyage en Tunisie, un groupe de cinq jeunes professeurs de l’enseignement supérieur et secondaire décident de s’inspirer de cette expérience et d’avoir un impact positif sur la société marocaine. En 2015, ils mettent alors sur pied KechRadio, une radio à vocation associative et composante de l’Association initiatives citoyennes (AIC).
Pour une société tolérante et sans discrimination
Média pluraliste, KechRadio vise, depuis ses débuts, à développer et promouvoir la communication et l’expression de tous les acteurs et habitants de son territoire. En 2018, considérant la médiation comme un instrument permettant de tisser des liens entre la population et les décideurs politiques, AIC décide de doter KechRadio d’un studio mobile. Yassine Aabar, l’un des fondateurs de la radio, affirme que «KechRadio, c’est aussi un soutien aux jeunes et aux associations pour la production de contenus médiatiques et de plaidoyers innovants destinés à favoriser la consolidation d’une société tolérante, garante des droits et des chances de chacun, sans discrimination de genre ni stéréotype». Les fondateurs de la radio travaillent ainsi avec les jeunes et les femmes sur plusieurs volets tels que les droits de l’Homme, l’égalité et le droit d’accès à l’information, le développement des productions numériques, l’éducation à l’information et la lutte contre les discours de haine.
Quelques difficultés rencontrées
Revenant sur les débuts du projet, Yassine Aabar nous confie que deux obstacles se sont principalement posés au moment du lancement du projet : trouver des bénévoles à rallier à leur cause et, surtout, trouver des financements. Il indique que «pour chaque projet à but non lucratif associatif et pour sa pérennité, il est indispensable d’avoir des bénévoles qui portent le projet. KechRadio a, depuis sa création, mené une stratégie pour convaincre mais surtout former ses bénévoles aux compétences nécessaires à la production radiophonique qui assureront la continuité du projet.» Pour le volet financement, souligne-t-il, «KechRadio a mené une stratégie de développement des partenariats et de montage de projets pour candidater aux appels des organisations et des bailleurs de fonds qui soutiennent ce genre de médias». D’ailleurs, le projet a pu être financé, selon notre interlocuteur, grâce à des partenariats avec d’autres associations au Maroc et à des subventions de la part de bailleurs tels que CFI, IREX Europe, ERIM et l’UNESCO.
Plusieurs rencontres de sensibilisation
Par ailleurs, malgré les difficultés rencontrées lors du lancement, les fondateurs ont tenu bon et mené à bien leur projet. Aujourd’hui, KechRadio emploie cinq jeunes à temps plein et à temps partiel qui mettent en œuvre les activités au quotidien. La radio aborde plusieurs thématiques relatives aux problématiques concernant les habitants de Marrakech -la jeunesse, les femmes et les enfants- sous plusieurs formats : reportages, podcasts et émissions de débats. Grâce au studio mobile, pas moins de 36 rencontres ont pu être organisées au profit de 600 personnes, dont 340 femmes de moins de 35 ans et une vingtaine de décideurs politiques, fait savoir la même source. Cette dernière poursuit : «L’ensemble des participants ont contribué aux ateliers portant essentiellement sur l’abandon scolaire et universitaire, le mariage des mineures, les violences faites aux femmes, l’émancipation économique et la participation politique de la femme.» Le studio mobile a également sillonné la région Marrakech-Safi dans le cadre du projet Échos des voix féminines pour se rendre dans les douars en montagne, en campagne et en ville. «Lors de chaque sortie de terrain, les participantes ont été interviewées dans le studio mobile KechRadio, permettant la production de 144 émissions en darija et en amazigh portant la voix des jeunes femmes de la région Marrakech-Safi. L’intégralité des émissions ont été publiées sur la page Facebook de l’AIC, notre site Internet et l’application mobile KechRadio», précise Yassine Aabar.
De grandes ambitions
Poursuivant sa mission initiale, c’est-à-dire produire des contenus de qualité et de contribuer à améliorer le droit à l’accès à l’information, KechRadio nourrit également de grandes ambitions. Elle prévoit notamment de se mettre en réseau avec différentes associations nationales afin de travailler sur la duplication du concept dans d’autres régions. Les fondateurs ambitionnent également de mettre en place une offre d’accompagnement et de formation pour la création de nouvelles radios associatives dans la région Marrakech-Safi. À moyen terme, KechRadio envisage de développer la même dynamique des réseaux régionaux des radios associatives dans d’autres régions du Maroc telles que Beni Mellal-Khénifra et Agadir. Enfin, ses fondateurs estiment que le «développement des dynamiques des réseaux régionaux des radios associatives permettra à ce média citoyen de proximité de contribuer au développement des valeurs de citoyenneté, au respect de la diversité, des droits humains, de la liberté et de la dignité de la personne».
Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco