Maroc

Souss-Massa : le Domaine public hydraulique sous pression

Le Domaine public hydraulique (DPH) du Souss-Massa est confronté à plusieurs contraintes. Une situation qui pousse l’Agence du bassin hydraulique dont il relève à lancer un appel d’offres pour une assistance logistique afin de renforcer sa protection et sa gestion.

Infractions en constante augmentation, creusements de puits clandestins, empiètements et prélèvements d’eau non autorisés, recrudescence des forages abandonnés non sécurisés… Le Domaine public hydraulique (DPH) relevant de la zone d’action de l’Agence du bassin hydraulique du Souss-Massa (ABHSM), dont l’aire représente 4,5% de la superficie du territoire national (28.000 km2), se retrouve sous pression.

Face à ces actions qui mettent en péril les ressources hydriques et fragilisent l’équilibre écologique de la région, l’ABHSM a lancé un appel d’offres pour une assistance logistique afin de renforcer la protection et la gestion du DPH étant donné que l’Agence dispose aussi d’un effectif réduit et un manque de ressources pour faire face à cette situation.

De ce fait, l’assistance logistique, d’une durée de 12 mois, dans la zone d’action de I’ABHSM vise, d’une part, la saisie et le remorquage de tous matériels ou machines en infraction vis-à-vis de la loi 36-15 ainsi que son démontage/montage, et, d’autre part, la fermeture des puits et forages objet de décision de fermeture.

1.900 dossiers par an
Dans ce cadre, et conformément aux dispositions de la loi 36.15 sur l’eau, notamment son article 80, plusieurs types de dossiers sont soumis à l’Agence du bassin aussi bien pour l’octroi des autorisations ou de concessions pour l’exploitation du domaine public hydraulique, que pour avoir les avis techniques des services de I’ABHSM.

La gestion des dossiers pour l’octroi des autorisations ou de concessions pour l’exploitation du domaine public hydraulique constitue 80% des dossiers traités par I’ABHSM. Ce qui représente en moyenne 1.900 dossiers par an de demandes d’autorisation d’approfondissement, creusement, de remplacement de puits, de forages ou de déclaration de prélèvement d’eau. Un nombre en progression constante. À cela s’ajoutent les dossiers de demandes d’avis de l’Agence sur la situation clé des terrains et du foncier par rapport au domaine public hydraulique. Le nombre de ces demandes est d’environ 1.600 dossiers par an.

L’effectif actuel de l’ABHSM ne permet pas de faire face à la masse de ces demandes et tâches, ce qui a poussé aussi l’Agence à recourir à cette sous-traitance externe pour qu’elle puisse traiter ces dossiers en souffrance en raison de son effectif réduit et le besoin de remplir cette tâche convenablement dans des délais règlementaires.

La fermeture des puits, forages abandonnés et non exploités
En plus de l’application de dispositions de la loi 36-15, l’Agence est appelée à la mise en œuvre des dispositions de deux circulaires conjointe du ministère de l’Intérieur et de celui de l’Équipement et de l’Eau relative à la prise des mesures nécessaires pour assurer la sécurité des puits et des forages d’eau, et la circulaire du ministre de l’Équipement et de l’Eau liée à la réalisation d’un recensement exhaustif des puits et des forages d’eau.

L’Agence, en coordination avec les autorités provinciales, veille aussi à la réalisation d’un inventaire global et exhaustif des puits et forages d’eau situés dans sa zone d’action. Ces derniers imposent la nécessité de fermeture des puits et forages abandonnés et non exploités. Vu que l’effectif et les moyens actuels de la division du domaine public hydraulique ne permettent pas à eux seuls la protection et la préservation du domaine contre les multiples infractions commises, ce volet est également intégré dans cette assistance.

Ce qui permettra l’efficacité de la police des eaux dans sa mission de saisie et remorquage de tous matériels ou machines et les pratiques dont l’usage constitue une infraction vis-à-vis de la loi 36-15 ainsi que son démontage/montage et de dresser des procès-verbaux liés à ces infractions des contrevenants et aussi la fermeture des points d’eau abandonnés et non exploités.

Les barrages remplis à 12,8%
Avec un déficit pluviométrique de 69% au titre de l’année 2023-2024 par rapport à une saison normale, la question de l’eau constitue l’un des deux défis majeurs auxquels la région Souss-Massa est actuellement confrontée. Sur ce registre, Agadir Souss-Massa a enregistré la pire sécheresse depuis plus de trois décennies, allusion faite à la pluviométrie de la saison 1992-1993, et un déficit de 54% en comparaison avec l’année précédente.

Actuellement, les réserves d’eau au sein des principaux barrages de la région se sont établies à 12,8% de taux de remplissage, selon la situation journalière arrêtée au 15 mai 2024 par l’Agence du bassin hydraulique de Souss-Massa, contre 32,33 % au niveau national.

De plus, l’indice d’aridité a révélé l’extrême vulnérabilité de la région aux changements climatiques. Ces dernières années sont caractérisées par la diminution des moyennes pluviométriques, des températures plus élevées et des canicules extrêmes plus fréquentes.

Face à cette situation et aux enjeux de sécurisation d’eau, d’une part, pour l’alimentation en eau potable et industrielle, et, d’autre part, pour l’irrigation agricole et la sécurisation des besoins de l’industrie touristique, la région a déjà fait appel à une combinaison de solutions, dont le dessalement.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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