Maroc

Société : trois quarts des NEET n’expriment aucun intérêt pour l’insertion professionnelle

Dans une récente étude réalisée par le HCP sur les personnes se trouvant en marge du marché de l’emploi et du système de formation (NEET), plusieurs déterminants clés contribuant à la recrudescence de ce statut ont été identifiés alors que plus d’un quart des jeunes NEET (27,6%), soit 1,5 million de personnes, sont au chômage. Par ailleurs, les trois quarts (72,4%) restants sont inactifs, ne manifestant pas d’intérêt actif pour l’insertion professionnelle, d’où l’interpellation sur le bien-fondé des politiques de promotion de l’emploi et de l’activité économique, ainsi que des dispositifs d’accompagnement mis en place.

Connus sous l’acronyme «NEET», les jeunes déscolarisés, qui ne sont insérés ni dans le marché de travail et qui ne poursuivent pas d’études ni une formation professionnelle, sont au coeur d’une nouvelle publication, après celle du Conseil économique, social et environnemental au sujet de cette catégorie fragile très exposée au décrochage. La dernière édition des «Brefs du Plan» du HCP s’intéresse particulièrement à la population des 15 à 24 ans. L’étude a été réalisée à partir de l’Enquête nationale sur l’emploi 2022.

Cette dernière s’est attachée à fournir une analyse approfondie de la composition, des tendances et des implications socioéconomiques de ce groupe afin de mieux éclairer les décideurs politiques et sociaux concernés par les défis rencontrés par ces jeunes. Les NEET constituent un peu plus du quart (25,2%) des jeunes de cette tranche d’âge. Les analyses menées révèlent un lien déterminant entre le niveau d’éducation et la probabilité d’être NEET. Ainsi, les jeunes les moins éduqués sont les plus exposés à cette situation.

De plus, les femmes et les jeunes âgés de 20 à 24 ans sont particulièrement vulnérables. Enfin, des disparités régionales significatives sont observées, mettant en lumière l’importance de la dimension géographique de ce phénomène alors que le contexte pandémique a exacerbé ce phénomène.

1,5 million de jeunes NEET au Maroc en 2022
1,5 million de jeunes de 15 à 24 ans sont des NEET, ce qui représente un contingent important de la population juvénile. Cette proportion significative souligne l’importance de comprendre les motifs sous-jacents et les dynamiques sociales qui contribuent à cette désaffiliation des activités éducatives, professionnelles et formatives. Une analyse plus approfondie des données révèle une distinction notable entre les jeunes NEET au chômage et ceux qui sont inactifs. En effet, plus d’un quart des jeunes NEET (27,6%) sont au chômage, tandis que les 72,4% restants sont inactifs, ne manifestant pas d’intérêt actif pour l’insertion professionnelle.

Cette distinction entre les deux catégories soulève des interrogations sur les politiques de promotion de l’emploi et de l’activité économique, ainsi que sur les dispositifs d’accompagnement des jeunes vers l’emploi et la formation. Par ailleurs, une analyse différenciée selon le genre met en lumière des disparités significatives. Les jeunes femmes sont disproportionnellement touchées par la «NEETitude», avec un taux de 37,3% contre 13,5% chez les hommes. Cette disparité de genre dans l’accès à l’éducation et au marché du travail soulève des questions essentielles sur l’égalité des chances et l’accès aux opportunités socio-économiques pour les jeunes femmes au Maroc.

En outre, une analyse géographique révèle des variations régionales dans la répartition des jeunes NEET. Bien que la prévalence soit plus marquée en milieu urbain (51,4% des jeunes NEET sont en milieu urbain), certaines régions telles que Béni Mellal-Khénifra (30,6%) et l’Oriental (28,1%) affichent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale (25,2%).

Cette hétérogénéité géographique souligne l’importance de prendre en compte les spécificités régionales dans la conception des politiques visant à réduire le phénomène NEET chez les jeunes. Par ailleurs, l’analyse du profil socio-économique des chefs de ménage des jeunes NEET révèle des tendances significatives. 85% vivent dans des ménages dirigés par un homme et 87% des chefs de ménage ne possèdent aucun diplôme, ce qui met en relief l’importance des facteurs familiaux et socioéconomiques dans la détermination du statut des jeunes sur le marché du travail et dans le système éducatif.

Cette analyse de la situation des jeunes NEET au Maroc met en évidence la complexité et la diversité des circonstances auxquelles ils font face. L’étude met en exergue la nécessité d’adopter une approche holistique et différenciée pour comprendre pleinement les défis et les opportunités qui se présentent à cette catégorie de jeunes.

37,3% de femmes
S’agissant des entraves à l’inclusion socio-économique des jeunes femmes, 37,3% des femmes âgées de 15 à 24 ans se trouvent dans une situation de NEET. Cette réalité, particulièrement accentuée en milieu rural (51,5% contre 28,2% en zone urbaine), soulève des interrogations fondamentales quant à l’inclusion socio-économique des jeunes femmes.

Dans le détail, quatre régions abritent plus de la moitié des femmes NEET (57,6%). il s’agit de Marrakech-Safi, Casablanca- Settat, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra. En outre, six régions présentent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale (37,3%), mettant en évidence des disparités territoriales substantielles nécessitant une attention particulière. La majorité des femmes NEET (87,5%) sont inactives, principalement en raison de leurs responsabilités familiales (94,5% sont des femmes au foyer).

Par ailleurs, une proportion significative de ces femmes inactives réside dans des zones rurales (60%), ce qui témoigne d’une prévalence notable de NEET dans les milieux ruraux du pays. Quant aux jeunes femmes NEET inactives, une majorité conséquente déclare ne pas être disponible pour travailler. Les raisons principales invoquées incluent l’implication dans l’éducation des enfants et les tâches ménagères (74,8%), ainsi que l’opposition manifestée par le conjoint, le père ou d’autres membres de la famille (8%). Le désintérêt pour l’emploi est ainsi évoqué comme un facteur, mettant en évidence l’impact des normes socioculturelles sur les aspirations professionnelles des femmes, soulignant ainsi la nécessité d’une approche holistique pour promouvoir leur inclusion socio- économique.

Par ailleurs, l’éducation est identifiée comme vecteur d’émancipation. Une corrélation marquée entre le niveau d’éducation et le statut NEET est observée, où 85% des femmes dépourvues de diplôme se trouvent dans cette situation, tandis que seulement 17,3% de celles disposant d’un diplôme supérieur sont NEET.

Quid de l’impact des contextes familial et parental ?
L’âge constitue un autre facteur significatif dans la probabilité d’être NEET. Les résultats démontrent que les jeunes âgés de 20 à 24 ans ont une probabilité plus élevée d’être NEET que ceux âgés de 15 à 19 ans, ce qui peut s’expliquer par la période de transition critique vers le marché du travail que traversent les jeunes de cette tranche d’âge. En conséquence, des interventions ciblées et des programmes d’insertion adaptés sont nécessaires pour soutenir ces individus pendant cette phase cruciale de leur vie.

Par ailleurs, l’analyse a révélé aussi l’importance significative du contexte familial et parental. La présence d’au moins un enfant de moins de 3 ans dans le ménage est associée à une augmentation d’environ 15,8% des probabilités d’être NEET, indépendamment des autres variables.

Cette observation souligne la nécessité de prendre en compte les responsabilités familiales et parentales dans la compréhension du statut NEET chez les jeunes femmes au Maroc. Enfin, des disparités régionales considérables sont observées.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO

 


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