SIAM 2023 : les “khettaras” pour accélérer l’agriculture et le tourisme
Et si un retour aux techniques d’irrigation anciennes était la réponse au stress hydrique actuel ?
Au SIAM 2023, les «khettaras», une technique utilisée au Maroc depuis plus d’un millénaire, est présentée comme une solution pour une agriculture durable, mais aussi un moyen de relancer le tourisme dans les zones oasiennes.
«Notre objectif est de sensibiliser davantage sur l’utilité des khettaras dans le contexte actuel de rareté de la ressource hydrique. Nous sommes convaincus, et c’est scientifiquement prouvé, que les khettaras peuvent être une réponse aux défis actuels pour une agriculture durable et qui s’adapte aux changements climatiques».
Ces mots sont de Lalla Bedra Saoud Alaoui, présidente de la Fondation Miftah Essaad pour le Capital immatériel du Maroc. Présente au SIAM dans le stand de la région Drâa-Tafilalet, cette fondation mène un intense lobbying pour la restauration des khettaras du Maroc. La khettara est un système de conduit d’eau souterraine, creusé par l’Homme, pour l’irrigation et l’usage domestique, dans les zones oasiennes. On en compte des centaines dans au moins 5 régions du Maroc.
La khettara est utilisée depuis des millénaires par plusieurs civilisations à travers le monde, comme au Maroc depuis l’époque des Almoravides, au XIe siècle. Cette technique ancestrale a toujours joué un rôle de premier plan dans la continuité du système agricole au Maroc. «Les khettaras sont une solution pour la préservation de l’eau aussi bien au Maroc qu’à travers d’autres pays. Il est donc primordial de les préserver, de les réhabiliter, de les restaurer et de les mettre en valeur», plaide Lalla Bedra Saoud Alaoui.
UNESCO et tourisme
A ce propos, le ministère de l’Agriculture mène actuellement un recensement des khettaras du Maroc, par l’entremise d’un bureau d’études international. L’objectif final est de les inscrire au patrimoine universel de l’UNESCO, après leur entrée réussie sur la liste du patrimoine national en décembre 2020.
En 2021, la Commission internationale de l’eau, sous l’égide des Nations-Unies, a inscrit les khettaras comme «source d’irrigation et de drainage». Et en juillet 2022, elles ont été inscrites sur la liste du patrimoine de l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO).
Au-delà de ces aspects liés au patrimoine et de la nécessité d’en faire un outil pour une agriculture durable qui s’adapte au changement climatique et au stress hydrique, les khettaras sont considérées comme une véritable opportunité pour le secteur touristique national, notamment dans les régions oasiennes.
«Le savoir-faire autour des khettaras mérite d’être valorisé auprès des touristes qui visitent notre pays. Et il est évident que cela pourra inspirer à travers le monde», pense-t-on fermement auprès de la Fondation Miftah Essaad pour le Capital immatériel du Maroc.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO