Maroc

Sécurité hydrique : une guerre sans fin sous l’effet des changements climatiques

Si le Maroc veut affronter la succession des années de sécheresse et les effets accélérés des changements climatiques, c’est par une combinaison de solutions qu’il peut y arriver. Après son discours à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, le Roi a appelé à l’accélération du rythme de réalisation du PNAEPI 2020-2027.

Stress hydrique, succession de sécheresse, absence de précipitations et déficit chronique des retenues des barrages et baisse des niveaux des nappes phréatiques… Le Maroc est confronté, une nouvelle fois, à une situation hydrique difficile en raison de la pression qu’exercent actuellement les changements climatiques, en particulier avec la recrudescence des phénomènes extrêmes, notamment la hausse vertigineuse du thermomètre. C’est la raison pour laquelle la gestion des ressources hydriques et souterraines a été déjà érigée en priorité nationale, comme en témoigne la séance de travail consacrée, hier, au suivi du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (PNAEPI).

Pour rappel, cette réunion a été déjà précédé du discours prononcé, au Parlement, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire où le Souverain avait souligné que «la question de l’eau n’est pas l’affaire exclusive d’une politique sectorielle isolée, mais qu’elle constitue une préoccupation commune à de nombreux secteurs».

Aujourd’hui, si le programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 est appelé à accélérer sa cadence pour faire face à l’urgence de la sécurité hydrique, sa mise à jour constante est une nécessité avec une combinaison de solutions afin d’affronter la succession des années de sécheresse et les effets accélérés des changements climatiques. Le but suprême est de faire face à la pression exercée par les changements extrêmes en vue de rattraper le retard en termes de développement de dessalement de l’eau de mer, l’interconnexion des bassins hydrauliques et la réutilisation des eaux usées, parallèlement à la politique des barrages déjà entreprise depuis des décennies.

Sécurité hydrique : un investissement supplémentaire
Avec un cumul pluviométrique de 207 mm, soit un recul de 36% par rapport à une année normale (322 mm), au 27 avril 2023, les mesures d’urgence du Programme de lutte contre les effets de la sécheresse sont activées une nouvelle fois parallèlement à l’accélération du rythme de réalisation des grands, moyens et petits barrages et du programme de dessalement de l’eau de mer à l’issue de la séance de travail consacrée au suivi du Programme national pour l’approvisionnement en eau.

Dans ce sens, «un investissement supplémentaire a été consenti à ce programme portant son budget global à 143 MMDH», a souligné Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, conformément aux instructions royales visant à accélérer ce programme et actualiser sa consistance.

Dans le détail, il s’agit de l’accélération du projet d’interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia, avec la réalisation en cours de la tranche urgente de cette interconnexion sur 67 km pour atteindre le barrage Al Massira.

Selon Nizar Baraka, l’objectif est d’«éviter que 500 à 800 millions de m3 d’eau se déversent en mer et qu’ils puissent assurer les besoins en eau potable et en eau d’irrigation au niveau de l’ensemble de ces bassins». Il s’agit aussi de la programmation de nouveaux barrages et l’actualisation des coûts d’une vingtaine de ces infrastructures hydriques prévues, permettant ainsi d’augmenter la capacité de stockage de 6,6 milliards m3 d’eau douce. Il est question aussi d’accélérer les projets de mobilisation des eaux non conventionnelles, à travers la programmation de stations de dessalement de l’eau de mer et l’augmentation des capacités de réutilisation des eaux usées traitées de façon à atteindre les 100 millions m3/an au lieu de 30 millions m3/an. Outre l’accélération du programme d’irrigation localisée qui prévoit d’atteindre 1 million d’ha à l’horizon 2030, figure aussi, parmi les mesures, le renforcement de l’approvisionnement en eau potable du monde rural, en élargissant la couverture des douars non alimentés et en renforçant les moyens logistiques et humains mobilisés.

Les barrages remplis à peine à 32%
Par ailleurs, il est à noter que la campagne actuelle, qui se solderait sur une production prévisionnelle des céréales principales de 55,1 millions de quintaux, se caractérise par des températures instables, avec des minima bas en février et mars et au-dessus des niveaux de la campagne précédente à partir du mois d’avril. Quant au taux de remplissage des barrages au 10 mai, il est de 32 % contre 34% durant la même période de l’année. La retenue totale nationale a atteint près de 5,2 milliards de m3 contre 5,5 milliards à la même période.

En dehors des régions du Gharb et du Loukkos où l’irrigation continue normalement, les autres grands périmètres ont subi des restrictions, voire l’arrêt de l’irrigation à partir des barrages dédiés à cette opération.

En effet, de grands barrages affichent de faibles taux de remplissage, notamment dans les régions du Haouz et de Tadla. La campagne agricole s’inscrit par ailleurs dans une séquence climatique de 5 années difficiles marquées par la succession des années sèches.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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