Sécurité alimentaire : la FAO et l’IAV d’Agadir mobilisés contre les criquets pèlerins
Afin de répondre aux besoins urgents de renforcement des capacités des unités chargées de la lutte antiacridienne, la FAO et le Complexe horticole d’Agadir ont signé un partenariat activant le lancement, dès septembre prochain, du master international en sciences de gestion des acridiens. Cette formation s’inscrit dans le cadre des projets de la FAO en matière de lutte contre le criquet pèlerin.
Face à la situation d’urgence liée au fléau du criquet pèlerin, en particulier dans certains pays africains où la recrudescence des invasions font peser un réel risque pour la sécurité alimentaire, et étant donné le manque de cadres spécialisés dans la lutte antiacridienne dans de nombreux pays du continent, la FAO et le Complexe horticole d’Agadir (CHA), structure relevant de l’Institut agronome et vétérinaire (Hassan II), s’associent pour lancer un master international en sciences de gestion des acridiens. Articulé autour de deux programmes dispensés en français et en anglais, ce cursus sera lancé dès la prochaine rentrée académique. Le processus d’accréditation a été lancé depuis le mois d’avril.
Ce master, qui couvrira la période 2023-2028, a pour ambition de répondre aux besoins exprimés par les pays africains en proie aux invasions acridiennes. «Le Complexe horticole renouvelle son engagement en faveur de ce master qui s’inscrit parfaitement dans notre politique à l’international et qui concerne les thématiques d’excellence et de l’innovation», déclare Farid Lekjâa, directeur du Complexe horticole d’Agadir. La création de ce master a été décidée suite une requête de la FAO, en mai 2022, adressée au CHA. De ce fait, cette formation entre dans le cadre des projets de la FAO et de ses deux commissions de lutte contre le criquet pèlerin – l’une basée au Caire, et l’autre à Alger – qui regroupent les représentants de 26 pays.
Besoin urgent de rajeunir les équipes
Un rapport établi par le secrétariat des deux commissions a révélé que la plupart des cadres formés ont quitté les structures de lutte antiacridienne en raison de leur affectation à d’autres responsabilités ou de leur départ à la retraite.
De ce fait, la création de ce master entend répondre au besoin urgent de rajeunir et de renforcer les capacités techniques et managériales des unités en charge de la lutte acridienne et assurer une gestion efficace tout adoptant l’utilisation des nouvelles technologies, notamment les drones et les méthodes alternatives. «Cet accord de partenariat s’inscrit dans le cadre de l’objectif de développement durable n°2 de «zéro faim». Il vise à établir un nouveau programme de master en acridologie au profit des agents antiacridiens des commissions des pays membres de lutte contre le criquet pèlerin dans les régions centrales et occidentales», affirme Jean Senahoun, représentant de la FAO au Maroc.
Le CHA, depuis son ouverture en 1980, a considéré le domaine de l’acridologie comme un axe prioritaire de formation, de recherche et de développement, puisque la région Souss-Massa est située dans l’une des principales portes d’entrée des invasions acridiennes venant des zones de multiplication du criquet pèlerin. Le CHA a, dans ce sens, déployé des synergies avec le Centre national de lutte antiacridienne d’Ait-Melloul.
«Depuis l’année 2021, une convention a été élaborée pour mettre en place le mécanisme de collaboration entre la région centrale et occidentale dans le cadre de la coopération Sud-Sud, renforçant les liens institutionnels déjà existants entre les deux commissions», ajoute Jean Senahoun.
Les progrès réalisés depuis les invasions acridiennes de 1987-1989 et 2003-2005 se sont traduits, selon la même source, sur le plan institutionnel par la création de structures nationales autonomes de lutte contre le criquet pèlerin sur le plan juridique, institutionnel et financer, ce qui constitue un gage pour la lutte préventive.
Les pays concernés par la formation
Par ailleurs, «la priorité est de soutenir la mise en œuvre de la stratégie de lutte préventive contre le criquet pèlerin et de réduire le risque d’invasions tout en améliorant les connaissances, les compétences et les qualifications des jeunes cadres de lutte antiacridienne des pays», a souligné le professeur Ahmed Mazih de l’IAV. Par le passé, la FAO et le CHA-IAV Hassan II, en tant qu’établissement d’enseignement supérieur, ont eu des relations en matière de programme de coopération sur le développement et le transfert des connaissances relatives à la lutte antiacridienne (formation d’ingénieurs et docteurs) et d’autres domaines de compétence.
Ce nouveau master fait suite à un autre programme de formation (niveau d’ingénieur) mis en œuvre par l’institut en matière de formation en acridologie au CHA. Les lauréats étrangers, de cette formation, n’auront aucun problème d’emploi, du fait qu’ils sont proposés et sélectionnés par leurs pays d’origine, pour répondre aux besoins pour la lutte antiacridienne. Par ailleurs, les diplômés de ce master ont la possibilité de poursuivre leur formation en accédant au cycle des études doctorales. La durée de l’accord entre les deux entités est de quatre ans (2023-2027) avec possibilité de renouvellement. Il est prévu d’avoir 16 étudiants inscrits par an.
Pour les pays choisis durant l’année universitaire 2023-2024, il s’agit, pour les pays anglophones, de l’Arabie Saoudite, des Émirats Arabes Unis, de la Syrie, de l’Ethiopie, du Soudan, de l’Égypte, d’Oman et de la Libye. Pour les pays francophones, sont concernés le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Sénégal et Djibouti. Le cycle s’étale sur deux ans et comporte quatre semestres.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO