Secteur commercial : un comportement mitigé devant la crise
L’accroissement de la demande des ménages a permis, jusqu’à présent, à certaines branches du secteur commercial de préserver leur dynamique. Près de 57% des commerçants affectés par la crise ont bénéficié du concours financier de l’État.
La résistance du commerce de proximité et de la distribution, devant l’impact économique de la Covid-19, s’impose au débat parlementaire autour du projet de loi de Finances 2021. Un fait inévitable si l’on tient compte qu’il s’agit d’un secteur considéré comme deuxième pourvoyeur d’emplois dans le pays, avec plus de 1,7 million de personnes concernées. À ce titre, les données communiquées par le gouvernement aux membres de la première instance législative montrent un comportement mitigé des diverses branches de l’activité commerciale face à la crise. Elles dénotent surtout de la part qui sera allouée au secteur dans le PIB de 2020, et qui devra dépasser 9%. «Les commerces assurant l’approvisionnement en produits de première nécessité ont pu préserver la dynamique de leur activité, grâce à l’accroissement de la demande des ménages pour les produits essentiels, notamment l’alimentation générale et les produits d’hygiène», indique le diagnostic partagé avec les députés.
Néanmoins, les voyants n’étaient pas au vert dans tous les segments. Un coup dur a été accusé par le commerce des biens, essentiellement le mobilier, l’électroménager et les loisirs, du fait de l’arrêt d’activité dans 71% des branches. Les statistiques du gouvernement montrent que plus de 84% des commerçants ont subi un repli significatif de leurs activités, à l’exception des opérateurs commerciaux ayant pu recourir à l’e-commerce.
Dispositif de sauvetage
Pour les prochains mois, l’État devrait intégrer plusieurs catégories de commerçants dans le circuit du financement. Jusqu’à présent, plus de 57% des commerçants ont pu y accéder durant ces circonstances exceptionnelles. La solution à court terme s’appuie sur les offres de digitalisation qui pourraient atténuer la baisse des ventes. «En dépit du positionnement encore faible de notre pays qui occupe le 95e rang mondial dans le classement de l’indice du commerce électronique, des marges de progression importantes existent, pourvu que des actions vigoureuses soient menées en termes d’accélération de la digitalisation des pans entiers du secteur», est-il souligné dans la feuille de route de l’Exécutif. La principale piste prônée actuellement par le gouvernement sera précédée par une réflexion profonde pour développer ce créneau, en tenant compte des spécificités de la population marocaine. L’objectif est de mettre en place des plateformes de paiement faciles à utiliser par les commerçants et les consommateurs. Il n’en demeure pas moins que le commerce de proximité reste primordial pour l’Exécutif, et devrait bénéficier de l’apport des zones logistiques commerciales régionales, pour mieux soutenir le stockage et le transport des produits et des biens commerciaux. À noter que les paiements mobiles ont connu une hausse de l’ordre de 710% entre mars et mai 2020. Cet indicateur serait un facteur encourageant pour la mise en place du dispositif de soutien aux branches commerciales malmenées par la crise.
Les Chambres de commerce appelées à se réinventer
En plus de la refonte légale des missions des Chambres de commerce, les plans de développement sont également inscrits parmi les priorités de l’année 2021. Une nouvelle génération de projets, avec comme principale exigence leur impact au niveau régional, reste le principal objectif recherché. Les mesures prévues couvrent l’ensemble des paramètres susceptibles de transformer les chambres actuelles en établissements à la hauteur des attentes. Le budget alloué à la réalisation de ces objectifs stratégiques dépasse 452 MDH, dont 6,3 MDH seront réservés par le ministère de l’Industrie à l’accompagnement des CCIS, sur quatre années. Plusieurs exigences seront imposées aux Chambres de commerce dans l’optique d’analyser les garanties de viabilité et de pérennité qu’apporte le montage des projets. La principale exigence reste l’impact sur la création d’emplois directs pour les habitants de chaque région. Un bilan d’étape sera par ailleurs réalisé «pour l’ajustement des montants des projets et éventuellement pour la définition des actions complémentaires nécessaires à la pérennisation du plan de développement des CCIS et de leur fédération». Les besoins de recrutement par année et par profil seront arrêtés sur la période 2021-2022, ajoute la feuille de route relative aux plans de développement des Chambres de commerce. Un comité de suivi, instauré au sein du ministère, sera aussi chargé de prendre les décisions d’octroi de l’appui financier de l’État pour la réalisation des objectifs tracés dans le cadre des appels à projets.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco