Santé : place au check-up
La Société marocaine de l’économie des produits de santé (SMEPS) a organisé, en collaboration avec l’équipe de recherche en pharmaco-épidémiologie et pharmaco-économie de l’Université Mohammed V de Rabat, son neuvième Congrès national et le deuxième Congrès africain au Palais des congrès de Bouregreg à Salé. L’AMO et la refonte du système de santé y ont été à l’ordre du jour.
Plusieurs thèmes ont été abordés lors de ce congrès, notamment l’état des lieux de l’AMO ainsi que la réforme du système de santé. La refonte actuelle fait suite à la succession de plusieurs réformes sans impact significatif sur le secteur, a indiqué à cette occasion Abdelilah Mernissi, chef de division de la Planification et des études, à la direction de la Planification et des ressources financières, relevant du ministère de la Santé.
En effet, le régime d’assistance médicale RAMED connaît plusieurs dysfonctionnements. «La capacité hospitalière est inférieure de plus de deux fois par rapport à la normale. Il en va de même pour le nombre de praticiens», fait-il remarquer. Des lacunes qui impliquent une démotivation du personnel de la santé et, par conséquent, la fuite des cerveaux. Pour rappel, 7.000 médecins marocains exercent en France, contre 25.000 dans le Royaume.
2 fois plus de mortalité maternelle en milieu rural
Autre source de préoccupation relevée, la disparité régionale, qui se traduit par deux fois plus de mortalité maternelle en milieu rural qu’en milieu urbain. On compte ainsi trois fois plus de médecins dans la Région Casablanca-Settat que dans celle de Drâa-Tafilalet.
Le secteur de la santé repose essentiellement sur les ressources humaines. Ce sont les professionnels de la santé qui assurent les soins et les services nécessaires pour prévenir et guérir les maladies, d’où la nécessité de les valoriser pour garantir une qualité de soins optimale. Cela nécessite une complémentarité entre les secteurs privé et public. Et il faudra procéder par ailleurs à une ouverture sur les compétences étrangères et encourager le retour des compétences marocaines exerçant à l’étranger. Autre point essentiel qui a été signalé, la disponibilité d’un personnel suffisamment qualifié pour faire face à la demande accrue en soins et services de santé.
Une formation de base développée
Une refonte réussie du secteur de la santé requiert une formation de base développée, ainsi qu’une formation professionnelle spécialisée dans divers domaines. En ce sens, il a été procédé à la signature d’une convention-cadre pour la mise en œuvre du programme d’augmentation des effectifs des professionnels de la santé à l’horizon 2030, entre le ministère de l’Économie et des finances, celui de la Santé, et celui de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
À noter également que des contrats-programmes relatifs aux plans spécifiques de la formation continue ont été signés. Ils visent à renforcer et développer les compétences scientifiques et professionnelles du personnel de la santé au niveau régional. Afin d’améliorer la qualité des soins, une mise à niveau de l’offre de soins s’imposait.
Ainsi, pour une enveloppe budgétaire de 800 MDH annuellement, un programme de mise à niveau des établissements de soins de santé primaires (ESSP) a été mis en place. Il consiste à réhabiliter 1.367 établissements répartis en trois tranches, répartis sur toutes les Régions du Royaume. Évoquant le souci relatif à la capacité litière, l’intervenant a souligné que la mise à niveau des centres hospitaliers 2021-2023 devrait inclure plus de 2.000 lits supplémentaires.
En ce qui concerne l’état d’avancement des nouveaux CHU, celui d’Agadir (867 lits) est en phase d’acquisition de ses équipements ; l’hôpital Ibn Sina du CHU de Rabat (1.006 lits) et le CHU de Laâyoune (500 lits) sont en cours de travaux. Quant à celui de Errachidia (500 lits), son foncier est désormais disponible. Pour rappel, deux autres CHU sont programmés, respectivement à Guelmim et Béni Mellal.
Où en est-on avec l’AMO ?
Suite aux orientations royales, la réforme de la protection sociale – avec, notamment, l’extension de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) à l’ensemble des citoyens – marque un tournant important. Youssef Fadili, directeur régional CNSS Rabat-Salé, en a dressé un état des lieux.
En chiffres, de décembre 2022 à fin février 2023, le nombre de dossiers de remboursement a été de 432.000 et 3.890 demandes de prise en charge de médicaments ont été déposées. Le nombre de prises en charge dans le secteur public s’est élevé à 140.000, contre 39.000 dans le secteur privé. En 2022, un total de 7,4 millions de dossiers a été traité, en augmentation de 25% par rapport à 2021.
En ce qui concerne le taux de couverture, il est de 70% sur la base de la tarification nationale de référence, et de 90% pour ce qui est des maladies graves ou invalidantes nécessitant des soins de longue durée ou particulièrement coûteux, lorsque les prestations y afférentes sont dispensées dans les établissements publics de santé et les services sanitaires relevant de l’État.
Par ailleurs, les taux d’immatriculation des travailleurs non-salariés (TNS) se sont élevés – jusqu’à mi-avril – à 81% pour les personnes soumises à la contribution professionnelle unique (260.662 immatriculations), 75% pour les entreprises physiques (319.776 immatriculations) et 69% pour les commerçants et artisans qui tiennent une comptabilité (27.751 immatriculations).
L’intervenant relève également l’élargissement des réseaux de proximité en fournissant plus de possibilités aux bénéficiaires. 50 nouvelles agences ont été créées en 2022, portant ainsi le nombre d’agences CNSS à 175. Dans la foulée, il a ajouté que le processus de digitalisation de l’AMO se poursuit en parallèle et que l’application Ma CNSS compte actuellement 3,2 millions d’inscrits.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO