Maroc

Santé des réfugiés et migrants : à Fès, plaidoyer pour un accès plus équitable aux soins

La Conférence internationale sur la santé des réfugiés et des migrants, tenue dernièrement par l’OIM, l’OMS et le HCR à Fès, a réuni experts et acteurs clés pour identifier les défis et proposer des solutions pour un accès équitable aux soins.

Fès a accueilli, les 29 et 30 octobre 2024, une conférence internationale dédiée à la santé des réfugiés et des migrants. Organisée conjointement par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies et l’Université Euromed de Fès, cette rencontre a rassemblé plus de 150 acteurs clés à l’échelle nationale, régionale et internationale.

L’objectif principal était d’analyser les défis sanitaires auxquels font face ces populations vulnérables et d’identifier les meilleures pratiques pour répondre à leurs besoins spécifiques. L’importance de garantir l’accès aux soins de santé pour les migrants et les réfugiés a été soulignée par l’ensemble des participants.

Lors de cette rencontre, Maryam Bigdeli, représentante de l’OMS au Maroc, a rappelé que la couverture sanitaire universelle est une nécessité pour éliminer les barrières à l’accès aux soins et promouvoir le bien-être de tous. Assurer des services de santé accessibles et inclusifs contribue à la réduction des inégalités et au développement durable des sociétés.

Le Maroc : un exemple de réformes en faveur de la santé des migrants
La conférence s’est penchée sur les avancées réalisées dans la région MENA en matière de santé des migrants et des réfugiés. Le Maroc, pays hôte de l’événement, a été mis en avant pour ses réformes majeures du système de protection sociale et de santé. La nouvelle loi de protection sociale vise à étendre l’assurance maladie à 22 millions de citoyens, tandis que la réforme du système de santé entend renforcer l’accès, la qualité et la répartition des services de soins. Ces réformes, alignées sur les engagements internationaux du Maroc, offrent un cadre propice à l’amélioration de la santé des populations migrantes et réfugiées.

Le rôle des universités pour un accès équitable aux soins de santé
Le rôle des universités dans l’élaboration de politiques et programmes basés sur des données scientifiques a également été mis en exergue. Chakib Nejjari, vice-président en charge du Pôle Santé à l’Université euro-méditerranéenne de Fès, a souligné l’importance de l’engagement du milieu académique dans la recherche de solutions pour garantir un accès équitable aux soins de santé pour tous.

Cet événement s’inscrit, selon lui, dans la continuité des actions menées par la chaire «Alliance des civilisations» de l’Université Euromed de Fès, créée par les Nations Unies dans le cadre de l’Alliance des civilisations.

Pour une action concrète
La conférence a abouti à la formulation de recommandations concrètes visant à améliorer l’accès aux soins des personnes migrantes et réfugiées tout au long de leurs parcours migratoires. Un premier axe d’action consiste à garantir l’accès à la couverture sanitaire universelle pour tous, notamment en facilitant l’inclusion des réfugiés et migrants en situation régulière dans les systèmes de protection sociale et de couverture sanitaire existants. Il faut également mettre en place des mécanismes de financement innovants pour permettre aux réfugiés et migrants qui ne peuvent pas cotiser pour bénéficier d’une couverture sanitaire.

Parallèlement, les participants ont souligné la nécessité de renforcer le cadre législatif et politique en matière de santé des migrants. Cela implique de promouvoir des législations et des politiques publiques inclusives, alignées sur les engagements internationaux tels que les Objectifs de développement durable (ODD) et les Pactes mondiaux sur les réfugiés et les migrants.

Améliorer le suivi
L’amélioration de la connaissance et du suivi de la santé des migrants est un autre enjeu majeur, d’où l’appel à encourager la collecte et l’analyse systématique de données sur la santé de ces populations, en intégrant notamment la variable migratoire dans les systèmes d’information sanitaire. Les universités et les instituts de recherche ont un rôle aussi important à jouer dans ce domaine, en développant un agenda de recherche scientifique dédié à la santé des réfugiés et des migrants.

La coopération et la coordination entre les différents acteurs sont également essentielles pour une action efficace. Il est donc important d’encourager la création de comités de coordination multi-acteurs, regroupant le milieu académique, les décideurs politiques, la société civile et les organisations internationales. La coopération Sud-Sud et le partage des bonnes pratiques entre les pays d’origine, de transit et de destination doivent aussi être encouragés.

Adapter les systèmes
Enfin, il est indispensable de moderniser et d’adapter les systèmes de santé pour répondre aux besoins spécifiques des populations migrantes. Cela passe notamment par l’accompagnement de la digitalisation des dossiers médicaux, qui permet de garantir la continuité des soins tout au long du parcours migratoire. Et également par le renforcement des systèmes de santé des pays d’accueil, notamment par la formation des professionnels de santé et la mise en place de plans de préparation aux crises sanitaires.

Pour que ces recommandations se traduisent en actions concrètes, les participants recommandent de sensibiliser et de responsabiliser l’ensemble des acteurs concernés. Investir dans la sensibilisation des jeunes, notamment les étudiants en santé, à la question migratoire et à la santé des migrants est un levier important.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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