Santé : Amine Tahraoui défend les réformes nécessaires
Face aux députés, le ministre de la Santé et de la Protection sociale a mis en avant les avancées significatives réalisées dans le domaine de la santé publique, tout en reconnaissant les défis qui persistent. Des chiffres clés sur la mortalité maternelle, les progrès en matière de lutte contre le tabagisme et les initiatives pour pallier le manque de personnel ont été présentés.
Le taux de mortalité maternelle, au Maroc, a chuté de 70% en deux décennies. C’est l’annonce forte qu’Amine Tahraoui, ministre de la Santé et de la Protection sociale, a partagée devant la Chambre des représentants. Cette réunion, marquée par des échanges autour des progrès et des lacunes du système de santé marocain, a permis de dresser un bilan des réformes en cours tout en réaffirmant les objectifs à atteindre.
Une réduction notable de la mortalité maternelle
Tahraoui a présenté des statistiques qui témoignent des avancées réalisées. Entre 2000 et 2020, le taux de mortalité maternelle est passé de 244 à 72 décès pour 100.000 naissances vivantes, soit une baisse impressionnante de 70%.
«Ces résultats sont le fruit des efforts déployés en matière d’encadrement médical, notamment en gynécologie-obstétrique», a-t-il expliqué.
Pour consolider ces acquis, le ministère a intensifié la formation des professionnels de santé. Chaque année, des concours de résidanat sont organisés pour recruter des médecins spécialistes, souvent sous contrat, afin de pallier le manque d’effectifs dans les établissements publics. Ces efforts s’inscrivent dans une démarche plus large visant à renforcer la couverture médicale dans l’ensemble des régions du Royaume.
Une lutte active contre le tabagisme
Autre priorité nationale, la lutte contre le tabagisme, a signalé le ministre. Ce fléau, responsable de 8% des décès au Maroc, engendre des coûts sanitaires et économiques colossaux. Selon le ministre, le tabac est à l’origine de 75% des cancers du poumon et de 10% des pathologies respiratoires.
En termes économiques, la facture dépasse les 5 milliards de dirhams annuels, soit 0,45% du PIB national. Depuis le lancement du Plan national de prévention et de contrôle du cancer 2010-2019, plusieurs mesures structurelles ont été instaurées pour réduire la consommation de tabac. La Stratégie nationale 2019-2029 vise à limiter la prévalence du tabagisme à 20% chez les Marocains âgés de plus de 15 ans d’ici 2029.
«Le tabac reste l’une des principales causes de mortalité évitables selon l’OMS», a rappelé le ministre.
Pour sensibiliser la population, des campagnes de communication et des séminaires sur les dangers du tabac sont régulièrement organisés. Ces initiatives s’ajoutent aux programmes de soutien au sevrage tabagique, déployés dans les centres hospitaliers et structures de santé publique.
Une restructuration nécessaire des équipements et effectifs
Malgré ces progrès, le Maroc reste confronté à des défis structurels, notamment en matière d’effectifs. Le pays compte actuellement 18 professionnels de santé pour 10.000 habitants, un chiffre loin des 45 recommandés par l’OMS. Ce déficit est particulièrement criant dans les régions rurales et enclavées.
Pour y remédier, le ministère a entrepris plusieurs actions. Parmi elles, l’ouverture récente de facultés de médecine à Laâyoune et Guelmim, ainsi que d’un Institut Supérieur des Métiers Infirmiers et des Technologies de Santé à Béni Mellal.
En parallèle, la durée des études médicales a été réduite afin d’accélérer l’intégration des étudiants dans le système de santé. Le ministre a également évoqué les disparités régionales en matière d’infrastructures.
«Certaines régions souffrent encore d’un manque criant d’équipements, mais des solutions sont en cours grâce à une collaboration accrue avec les collectivités locales et les partenaires privés», a-t-il affirmé.
Une gouvernance rigoureuse et des objectifs ambitieux
Lors de son intervention, Tahraoui a tenu à répondre aux polémiques sur le retard et l’annulation de certains accords. Il a dans ce sens défendu la rigueur du ministère.
«J’ai effectivement suspendu ces accords, car il serait irresponsable de valider, en l’espace de quelques jours, des engagements financiers de 100, 200 ou 300 millions de dirhams, représentant l’argent des contribuables, sans en maîtriser pleinement tous les aspects», a-t-il déclaré, soulignant que ces accords font actuellement l’object «d’études approfondies afin de garantir une compréhension complète et d’être totalement convaincus de leur bien-fondé.»
Le ministre a par ailleurs mis en avant le rôle clé du secteur privé dans la réhabilitation du système de santé. Ce partenariat, selon lui, est indispensable pour étendre l’offre de soins, notamment dans les zones reculées où les besoins sont les plus pressants.
Enfin, il a réitéré l’engagement du gouvernement à moderniser le système de santé national. Les avancées enregistrées, notamment en matière de réduction de la mortalité maternelle et de lutte contre le tabagisme, sont prometteuses, mais de nombreux défis subsistent.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO