Maroc

Salaheddine Benhammane: “La fermeture de plus de 21 hôtels à Agadir est préoccupante”

 

Produit touristique, transport aérien, rénovation du parc hôtelier, fermeture de certains établissements, retard du contrat-programme et régionalisation de la promotion, Salaheddine Benhammane, président du Conseil régional du tourisme (CRT) du Souss-Massa, fait le tour des dossiers majeurs de la destination.

Qu’est-ce qui, de votre point de vue, explique le cumul des problèmes structurels au niveau de l’offre touristique de la destination Agadir?  
Agadir a longtemps été perçue comme une destination de plage conventionnelle, mais les attentes des voyageurs évoluent vers des expériences plus authentiques et diversifiées et le positionnement du produit touristique est essentiel pour attirer les visiteurs. Les problèmes structurels rencontrés par la destination Agadir sont attribués à plusieurs facteurs interdépendants.

Tout d’abord, le positionnement du produit touristique est crucial. Agadir doit se réinventer pour répondre aux attentes changeantes des voyageurs et se démarquer par rapport à ses concurrents. Cela nécessite une stratégie de marketing solide et une diversification de l’offre, allant au-delà du tourisme balnéaire traditionnel.

L’offre en termes d’hébergement est une préoccupation récurrente…
Effectivement, la vétusté du parc hôtelier est un problème majeur, les voyageurs recherchant des hébergements modernes et confortables. Les hôtels doivent investir dans la rénovation et la mise à niveau de leurs installations pour rester compétitifs sur le marché mondial.

De plus, la région du Souss-Massa se distingue comme un pionnier dans le domaine de la rénovation hôtelière. Elle a mis en place un fonds de rénovation pour les hôtels, permettant à de nombreuses unités de bénéficier de ressources financières pour moderniser leurs infrastructures. Cette initiative a incité d’autres acteurs du secteur à suivre le même chemin, en alignant leurs mécanismes et en augmentant le budget disponible pour les projets de rénovation.

En outre, une approche plus flexible dans le traitement des dossiers doit être adoptée, facilitant ainsi le processus pour les établissements souhaitant bénéficier du fonds de rénovation. Cette stratégie globale vise à améliorer l’attrait touristique de la région en offrant des hébergements de qualité supérieure, tout en soutenant le développement économique local.

Plus de 21 hôtels sont actuellement fermés à Agadir, ce qui grève considérablement la capacité de la destination en plus du coup porté à son image et son attractivité. Le fonds de soutien préconisé dans la feuille de route quadriennale (2023-2026) apportera-t-il une réponse à cette problématique ?
La fermeture de plus de 21 hôtels à Agadir est effectivement préoccupante. Le fonds de soutien préconisé dans la feuille de route quadriennale (2023-2026) souligne la mise à niveau du parc hôtelier existant et la création de nouvelles capacités hôtelières, ce qui va certainement contribuer à résoudre cette problématique en offrant un soutien financier aux hôtels en difficulté.

Cependant, il est crucial que ce fonds soit géré de manière efficace, en ciblant les établissements qui en ont le plus besoin et en veillant à ce que les fonds soient utilisés pour la rénovation et la modernisation des hôtels, et ce, de manière responsable. Dans cette perspective, il est essentiel que le budget alloué à ce fonds de soutien soit suffisamment important pour répondre aux besoins du secteur. Un financement adéquat permettra de soutenir de manière significative la réhabilitation des hôtels en difficulté et de stimuler la création de nouvelles infrastructures hôtelières, renforçant ainsi l’offre touristique d’Agadir.

Cette approche proactive contribuera à atténuer les effets négatifs des fermetures temporaires d’hôtels sur l’image et l’attractivité de la destination dans son ensemble. Il est important de noter que la fermeture d’hôtels impacte négativement l’image et l’attractivité de la destination dans son ensemble. Agadir doit donc adopter une approche proactive pour atténuer ces effets en mettant en œuvre des initiatives de marketing ciblées, en promouvant les atouts de la région et en rassurant les voyageurs sur la qualité de l’expérience touristique malgré les fermetures temporaires d’hôtels.

Qu’en est-il de l’offre de transport aérien ?
L’Office national marocain du tourisme (ONMT) joue un rôle essentiel dans l’essor touristique de la région d’Agadir. En orchestrant un dosage optimal entre les vols low-cost, les vols charters et les vols réguliers, l’ONMT doit contribuer à garantir une accessibilité maximale à la destination, attirant ainsi un flux diversifié de visiteurs. Cette stratégie de connectivité aérienne renforcera la position de la ville sur la carte touristique mondiale et favorisera un développement touristique durable dans la région.

Plusieurs régions ont déjà signé leurs contrats-programmes touristiques. Qu’attend la région Souss-Massa pour en faire de même ?
Le retard dans la signature du contrat-programme touristique d’Agadir Souss-Massa est dû à divers facteurs, notamment des négociations complexes entre les parties prenantes et des divergences d’opinions sur les priorités de développement. La signature du contrat-programme est cruciale pour nous, car elle définit une vision stratégique à long terme pour le développement touristique de la région, établit des objectifs clairs et mobilise les ressources nécessaires pour leur réalisation.

Les autorités locales, les acteurs du secteur privé et les représentants de la société civile collaborent étroitement pour garantir que le contrat-programme soit aligné sur les besoins et les aspirations de la région, tout en prenant en compte les tendances et les défis du marché touristique mondial. Il est pertinent de souligner que la première version de la feuille de route a apporté une réponse plus ou moins satisfaisante aux ambitions de la région et à ses doléances.

Cependant, la deuxième version proposée, qui a été adoptée à moitié, manque considérablement d’ambition. Étant donné les potentialités de la région, elle aspire à des moyens plus substantiels pour son développement. Les professionnels du secteur évaluent actuellement cette proposition, et des concertations sont en cours pour apporter les réponses appropriées et ajuster le contrat-programme afin qu’il reflète véritablement les besoins et les aspirations de la région d’Agadir Souss-Massa.

Le Maroc n’est pas parvenu jusqu’ici à mettre en valeur ses spécificités régionales dans le cadre d’un marketing territorial. Quel regard portez-vous sur la régionalisation de la promotion ?
La régionalisation de la promotion touristique est une stratégie prometteuse pour mettre en valeur les spécificités régionales du Maroc et diversifier son offre touristique. En mettant en avant les atouts uniques de chaque région, le Maroc peut attirer différents segments de marché et offrir une expérience touristique plus riche et diversifiée. Cependant, cela nécessite une approche intégrée et coordonnée entre les différentes régions, ainsi qu’une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés.

Pour réussir la régionalisation de la promotion touristique, le Royaume doit investir dans la création de marques régionales fortes, développer des produits touristiques innovants et différenciés, et mettre en œuvre des campagnes de marketing ciblées adaptées à chaque marché émetteur. De plus, il est crucial de renforcer la connectivité entre les régions et de développer des synergies entre les destinations pour offrir des expériences touristiques intégrées et complémentaires.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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