Maroc

Restrictions quantitatives à l’exportation : la liste s’étoffe, les secteurs et métiers impactés aussi !

Le Maroc a récemment instauré des restrictions quantitatives à l’exportation visant à assurer un approvisionnement suffisant et stable des marchés internes, notamment à l’approche du mois de Ramadan. Dans le cadre de ces restrictions, de nouveaux produits viennent d’être soumis à la licence d’exportation. Détails ! 

L’année 2023 se déroule sur l’instauration de nouvelles restrictions quantitatives à l’exportation de produits. De nouveaux arrêtés du ministère de l’Industrie et du commerce complètent et modifient l’arrêté 1308-94 du 19 avril 1994 fixant la liste des marchandises faisant l’objet de mesures de restrictions quantitatives à l’importation et à l’exportation, sur fond d’inflation des prix des produits frais.

Ainsi, les exportations de légumes à cosse secs, écossés, même décortiqués ou cassés, et les lingots de laiton viennent étoffer la liste des produits soumis à des restrictions quantitatives à l’exportation, après y avoir ajouté, en 2022, les fruits et légumes et l’huile d’argan torréfiée et non torréfiée, les tissus non tissés, ainsi que les déchets et les capsules de protoxyde d’azote. L’application de ces restrictions s’explique par plusieurs raisons. Dans un premier temps, il s’agit d’assurer un approvisionnement suffisant et stable des marchés internes, notamment à l’approche des grandes fêtes religieuses, et de contribuer à la baisse des prix des produits alimentaires.

Dans un deuxième temps, il est question de garantir la sécurité et la qualité des produits exportés. En effet, la mise en œuvre de restrictions quantitatives permet de contrôler l’offre et la demande pour limiter la spéculation et encadrer le commerce international de ces produits. Dans un troisième temps, les restrictions quantitatives à l’exportation visent à préserver les intérêts du Royaume et à prévenir toute forme de dumping. Les décisions de cette nature prennent effet dans un contexte où dans des pays comme la Grande-Bretagne, des sociétés tels que Lidl, Tesco, Aldi, Asda et Morrisons, ont introduit une limite de 3 tomates, poivrons et concombres par client en raison de la «récente augmentation de la demande», selon plusieurs médias. La décision a été prise après que certains consommateurs ont trouvé les étagères vides.

Effet de ces restrictions sur le prix des tomates sur le marché intérieur
Le Maroc a récemment imposé des quotas sur les exportations de tomates dans le but de stimuler l’offre locale et de faire baisser les prix avant le mois de Ramadan. Cette décision a été prise en réponse à la hausse des prix des intrants, aux ravageurs et aux sécheresses répétées qui ont entravé la production du quatrième plus grand exportateur de tomates au monde.

Cependant, ces restrictions, imposées aux usines de conditionnement marocaines, pourraient aggraver les pénuries de produits qui ont déjà entraîné des pénuries dans certains supermarchés européens. Rappelons que le gouvernement marocain a décidé de réduire les exportations de tomates vers toutes les destinations étrangères en appliquant un quota d’exportation quotidien.

Cette décision a été communiquée aux stations de conditionnement et aux exportateurs, dimanche 19 février, avec effet immédiat et pour une durée indéterminée. L’objectif est de protéger les consommateurs marocains de la hausse des prix des tomates, et les exportateurs ont été informés que les nouveaux quotas d’exportation resteront en vigueur jusqu’à ce que les prix reviennent à des niveaux normaux. Cependant, la décision ne concerne pas toutes les variétés de tomates, mais seulement les tomates rondes et les tomates raisin. En conséquence, les exportations de ces deux variétés ont été réduites à seulement 10% des volumes quotidiens habituels.

Cette décision a eu pour effet de bloquer les exportations de tomates vers l’Europe, ce qui a été mal accueilli par les clients européens. Certains exportateurs ont préféré se tourner vers d’autres produits pour le moment, plutôt que de privilégier certains clients par rapport à d’autres.

Cette décision intervient un mois avant Ramadan, qui connaît une forte demande de tomates sur le marché intérieur marocain, et sur fond d’inflation des prix des produits frais. Il s’agit de la deuxième décision de ce type ce mois-ci, après l’interdiction d’exporter des tomates, des oignons et des pommes de terre vers l’Afrique de l’Ouest.

Selon Asmaa Baibane, responsable des exportations de BL Agri, la décision contribuera à la baisse des prix des tomates sur le marché local de plus de 50%. Cependant, il est important de noter que cette décision pourrait avoir des conséquences négatives sur les exportateurs marocains, qui pourraient subir des pertes importantes en raison de la réduction des volumes d’exportation. En outre, cela pourrait également aggraver les pénuries de produits dans les supermarchés européens et d’autres marchés étrangers. Il est donc crucial que le gouvernement prenne des mesures pour atténuer les effets négatifs de cette décision et soutenir les exportateurs dans cette période difficile.

Après les tomates et autres, au tour des légumes à cosse secs et écossés
Comme l’indique la circulaire n°6424/311 du 27 février 2023, l’arrêté du ministre de l’Industrie, du commerce, fixant la liste des marchandises faisant l’objet de mesures de restrictions quantitatives à l’exportation, cible les légumes à cosse secs, écossés, même décortiqués ou cassés, relevant des sous-positions tarifaires de la position 0713.

Pour les prophanes, cette position tarifaire concerne notamment la dolique à œil noir, cultivée principalement dans les régions du sud et de l’est du Royaume, où elle est utilisée dans la préparation de nombreux plats traditionnels, tels que le tajine, la soupe, les salades… Sont aussi concernés les haricots et les lentilles. Les doliques à œil noir, les haricots et les lentilles sont des ingrédients couramment utilisés dans les menus de Ramadan au Maroc.

En outre, ces légumineuses sont également très abordables et faciles à trouver sur les marchés locaux, ce qui les rend accessibles à tous les budgets. Enfin, ces produits ont une signification culturelle importante au Maroc, où ils sont souvent associés à des plats traditionnels tels que la «harira».

Dans l’ensemble, ce sont des ingrédients clés dans les menus de Ramadan en raison de leur valeur nutritionnelle, de leur polyvalence, de leur accessibilité et de leur importance culturelle.

Les lingots de laiton sous le feu des restrictions
Les lingots de laiton sont des blocs solides de laiton pur ou d’un alliage de cuivre et de zinc qui sont utilisés dans une variété d’applications industrielles, notamment pour la fabrication de pièces de machines, de composants électroniques, d’instruments de musique et de bijoux. Les lingots de laiton sont des blocs de métal composés principalement de cuivre et de zinc. Le laiton est un alliage qui a de nombreuses utilisations, en raison de ses propriétés physiques et chimiques. Il est résistant à la corrosion, à l’exposition à l’eau et à d’autres produits chimiques. Il est donc souvent utilisé pour fabriquer des pièces de robinetterie et de plomberie, telles que les vannes, les raccords, les tuyaux… Le laiton est également utilisé pour fabriquer des pièces de machines, telles que les engrenages, les roulements et les arbres, car il est facile à usiner et offre une bonne résistance. En raison de sa belle couleur dorée, le laiton est aussi utilisé dans la fabrication de décorations et d’objets d’art, tels que les sculptures, les lampes, les bougeoirs et les cadres.

Réguler l’offre et la demande !

Force est de constater que les restrictions quantitatives à l’exportation sont un moyen efficace pour le gouvernement de contrôler l’offre et la demande et de protéger les intérêts des producteurs, des consommateurs et du pays. Toutefois, cette mesure doit être prise avec précaution, car elle peut entraîner une hausse des prix et une baisse de la qualité des produits. Elle peut également signifier une perte de parts de marché pour le pays, car les producteurs et les consommateurs peuvent se tourner vers d’autres pays pour leurs produits, comme indiqué dans Les Inspirations ÉCO n°3301 du 28 février 2023. Par conséquent, «il est important que le gouvernement évalue soigneusement les décisions quant à l’instauration de restrictions quantitatives à l’exportation et prenne en compte les impacts à long terme sur l’économie», souligne un analyste. En somme, la décision de soumettre à la licence d’exportation tous ces produits aura un impact sur plusieurs secteurs d’activité et métiers, notamment les agriculteurs, les entreprises de transformation, les négociants en produits agricoles ainsi que sur les relations commerciales internationales du Royaume.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO

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