Maroc

Ressources hydriques : la région arabe face au défi de la rareté

Dans un contexte de réchauffement climatique accéléré, les régions montagneuses de la région arabe voient fondre une ressource aussi précieuse que discrète : la neige. Derrière ce phénomène se cache un enjeu vital pour la sécurité hydrique, alimentaire et sociale de millions de personnes. Le dernier rapport des Nations Unies alerte sur la disparition du manteau neigeux dans des zones clés, comme l’Atlas au Maroc, appelant à une mobilisation urgente des États, et à une réinvention des modèles de gestion de l’eau.

Dans les hauteurs de l’Atlas, du Mont Liban ou des monts Zagros, la neige, autrefois garante d’un écoulement régulier et prévisible des eaux, se fait rare. La couverture neigeuse, véritable «château d’eau» naturel de la région arabe, s’amenuise sous l’effet du changement climatique.

Ce phénomène, aux conséquences systémiques, est au cœur du dernier Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, publié par la CESAO, l’UNESCO et plusieurs partenaires internationaux, intitulé «Montagnes et glaciers, des châteaux d’eau».

Le document tire la sonnette d’alarme : «Le manteau neigeux joue un rôle déterminant dans le stockage de l’eau qui sera libérée au cours de la saison sèche. Il disparaît toutefois en raison du changement climatique, ce qui met en péril les fonctions hydrologiques, agricoles et sociales des montagnes».

La fonte prématurée des neiges perturbe l’équilibre des ressources hydriques dans une région déjà fortement stressée. Aujourd’hui, la disponibilité en eau renouvelable par habitant est en chute libre, et, d’ici à 2050, «la quasi-totalité des pays arabes sera passée sous le seuil de pénurie absolue d’eau» (500 m³/hab/an).

Des impacts en cascade, au-delà de la seule ressource
La disparition progressive de l’enneigement impacte directement les populations rurales, l’agriculture irriguée, les écosystèmes de montagne et même la production d’électricité via les barrages hydroélectriques. À cela s’ajoutent des risques accrus d’inondations et de sécheresses, dus à une fonte plus rapide et désynchronisée avec les besoins agricoles.

Le rapport souligne aussi que «l’eau de fonte peut jouer un rôle crucial pour le secteur agricole, en particulier pendant l’été, pour irriguer les cultures lorsque les précipitations sont limitées». Dans plusieurs zones montagneuses arabes, l’irrigation gravitaire est encore courante, ce qui accroît les pertes et fragilise la sécurité alimentaire.

Repenser la gouvernance de l’eau en montagne
Un des constats les plus forts du rapport est le manque criant de données hydrologiques. «La rareté des données fiables sur la neige et l’équivalent en eau de neige (EEN) freine les efforts d’adaptation», peut-on lire dans le chapitre 6.

La recommandation est claire : «favoriser une gouvernance intégrée, transparente et multi-acteurs de la ressource». À cela s’ajoute la nécessité de solutions fondées sur la nature : restauration des écosystèmes de montagne, recharge des aquifères, renforcement des couvertures végétales. Des approches complémentaires telles que l’agroécologie, l’irrigation au goutte-à-goutte ou l’agrotourisme sont également mises en avant.

H.K. / Les Inspirations ÉCO



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