Remplissage des barrages : l’été risque d’être difficile dans la région Fès-Meknès
Les barrages de la région de Fès-Meknès affichent des taux de remplissage les plus bas depuis plusieurs années. Les réserves en eau enregistrées, au 29 juin 2022, s’élèvent à 2,5 milliards m3, dont 1,8 milliards de m3 au niveau du barrage Al Wahda. Ce dernier est rempli actuellement à hauteur de 51% (1.806 Mm3) contre 71,3% (2.512 Mm3) à la même période de l’année 2021.
L’été commence à peine, alors que les barrages de la région de Fès-Meknès sont à des niveaux anormalement basses. A la date du 29 juin 2022, les cinq grands barrages du bassin hydraulique de Sebou, à savoir Idrissi 1er, El Wahda, Sidi Chahed, Kansara et Asfalou, enregistrent des taux de remplissage les plus bas depuis plusieurs années.
Les réserves en eau enregistrées dans ces barrages s’élèvent à 2.554 millions de m3, dont 1.806 millions de m3 au niveau du barrage Al Wahda. Ce dernier assure l’irrigation d’environ 100.000 ha au niveau de la plaine du Gharb, en plus de l’alimentation en eau potable des provinces de Taounate et d’Ouazzane.
Dans le détail de la situation journalière des barrages, on constate que le barrage Idriss 1er est rempli à 40% contre 70,5% à la même période de l’année 2021, Asfalou est à 50% contre 57,2%, le barrage Sidi Chahed à 60,8% contre 71,7% en 2021, alors que le barrage El Kensera est à 28,5% contre 47,8% durant la même période de 2021.
Le barrage El Wahda, quant à lui, est rempli actuellement à hauteur de 51% (1.806 Mm3) contre 71,3% (2.512 Mm3) à la même période de l’année 2021. De manière générale, l’état des retenues des barrages relevant de l’Agence du bassin hydraulique de Sebou (ABHS) est de 2,5 MMm3. Ce déficit enregistré dans la région vient aggraver celui de l’année 2021 qui a été marqué par un déficit des précipitations de 52% par rapport à la moyenne annuelle.
Vers le renforcement des infrastructures hydriques
L’année écoulée a été marquée par la réalisation de nombreux projets hydrauliques structurants, dont notamment le démarrage de la mise en eau et l’exploitation du barrage Ouljat Sultan, d’une capacité de stockage de 510 millions de m3. Cet ouvrage contribuera à la protection de la plaine du Gharb contre les inondations, à l’irrigation du périmètre de Beht, et au renforcement de l’approvisionnement en eau potable.
Par ailleurs, la province de Taounate a connu également le démarrage des travaux de construction du barrage Sidi Abbou. Nécessitant une enveloppe de 1,2 milliards de DH (MMDH) pour une capacité de 200 millions de m3, ce barrage permettra l’irrigation de près de 5.000 hectares et vise à assurer la protection de la plaine du Gharb contre les inondations, ainsi que l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation.
Ce barrage, dont l’achèvement des travaux est prévu pour 2026, comprend également la création d’une centrale hydroélectrique. Afin d’accompagner la situation hydrique de la Région, de nombreux projets sont également programmés dans le cadre de la mise en œuvre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027.
Il s’agit, notamment, de la réalisation du projet de renforcement de l’approvisionnement des villes de Fès et Meknès en les connectant au barrage Idriss Premier, la réalisation du barrage Ribat Al Kheir (province de Sefrou) et d’un autre à l’amont du barrage Al Wahda.
Le programme prévoit également la réalisation du projet d’interconnexion des Bassins du Sebou, du Bouregreg et de l’Oum Er-Rbia pour le transfert d’un volume total d’eau variant entre 500 et 800 millions de m3, dans le cadre d’une gestion solidaire et mutualisée des ressources hydriques à travers le territoire national.
Impact socioéconomique du bassin
Le bassin de Sebou est le siège d’une activité agricole et industrielle très importante où l’agriculture constitue la principale activité économique du bassin avec une superficie agricole utile de 1.750.000 ha (20% du potentiel national) et dont la superficie irriguée dépasse les 400.000 ha. Les principales activités industrielles sont l’agro-industrie, notamment les sucreries, les huileries et les laiteries, les papeteries et les tanneries.
Cependant, l’irrégularité des précipitations constitue un facteur limitant du développement socio-économique de ce bassin. Le bassin s’alimente en eau, soit par infiltration des eaux de pluie, soit par la fonte des neiges du Moyen-Atlas, ce qui permet l’amélioration des captages pour l’alimentation en eau potable aussi bien urbaine que rurale pendant l’étiage.
Notons que cette capacité sera renforcée par le barrage M’dez en cours de construction, d’une retenue de 700 Mm3, dont le but principal est le transfert d’eau vers la plaine du Saiss afin de contribuer à la sauvegarde des ressources en eau souterraine de la plaine surexploitée.
Actuellement, les travaux de construction du barrage atteignent à peine 70%, sachant que ce projet, très attendu par les agriculteurs de la province de Sefrou, aurait dû être opérationnel en 2019.
Selon les dernières informations de la Direction régionale de l’agriculture, le barrage ne sera pas opérationnel avant 2024, sachant qu’il faut au moins 12 mois (de plus) pour son remplissage.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO