Maroc

Régulation de l’audiovisuel. Les défis d’Akharbach

La nouvelle équipe de la HACA a du pain sur la planche. Outre les différentes missions classiques de régulation de l’audiovisuel, le gendarme du secteur est attendu sur le dossier de l’ouverture des télévisions à la concurrence.

Après le Conseil de la concurrence, c’est au tour de la Haute autorité du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle de se mettre au diapason de la Constitution de 2011. Le roi Mohammed VI a nommé, le 3 décembre, Latifa Akharbach présidente du Conseil de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), ainsi que les neuf membres du même organe de délibération au sein de la HACA. Ces nominations viennent en application de la loi 15-11 relative à la réorganisation de la HACA, publiée dans le BO en septembre 2016. Le souverain a également nommé Benaissa Asloune DG de la Communication audiovisuelle. Ce renouvellement de la composition de cette instance intervient après sa promotion en tant qu’institution constitutionnelle indépendante.

Vers un pôle audiovisuel diversifié et pluriel ?
Ces nominations ont été l’occasion pour le roi de rappeler les missions et priorités de la nouvelle équipe. La première est celle «de la garantie de la liberté de la communication audiovisuelle, de la liberté d’expression et de sa protection», indique le communiqué du cabinet royal. La deuxième touche «à la protection du droit des citoyennes et des citoyens à l’information et aux médias pour disposer d’un champ audiovisuel diversifié, pluriel et équilibré». Une exigence qui rappelle la situation de notre paysage audiovisuel, toujours rétif à la libéralisation audiovisuelle, surtout pour les télévisions. La troisième priorité est celle de la garantie du pluralisme. À ce propos, le roi invite les sages de la HACA à garantir le «respect du pluralisme politique, culturel et linguistique, des courants d’opinion et de pensée dans notre pays». Quatrième mission, et non des moindres, celle relative au «respect de la loi, du professionnalisme et de l’éthique de la profession». Ces quatre priorités rappellent les difficultés à réformer un paysage audiovisuel en mal de libéralisation, de professionnalisation et toujours à la recherche d’un équilibre économique. Des réformes que l’équipe sortante de la HACA avait tenté de mener tant bien que mal.

Quel bilan d’Elouahabi-Naji ?
Le binôme Amina Lemrini Elouahabi (présidente du conseil) – Jamal Eddine Naji (DG de la Communication audiovisuelle) a dirigé la HACA entre 2012 et 2018. S’il est prématuré de faire un bilan global de cette période, il n’en demeure pas moins que ces six ans ont été marqués par un conservatisme dans le volet de la libéralisation audiovisuelle. En même temps, l’équipe de la HACA a continué son travail quotidien de gardien du pluralisme dans les médias et de régulation des opérateurs audiovisuels. Par exemple, entre 2016 et 2017, le conseil a rendu 11 décisions sanctionnant 11 opérateurs publics et 25 privés, concernant «la non-maîtrise d’antenne, le non-respect des dispositions liées à la publicité, de la présomption d’innocence, du pluralisme politique, de l’honnêteté de l’information et des contenus, de la dignité humaine, de la protection du jeune public ainsi que le non-respect du principe d’égalité du genre», selon la liste des griefs retenus par la HACA dans le cadre de l’exercice de ses missions. Concernant les plaintes et les demandes de droit de réponse, le conseil supérieur a procédé au traitement de 47 plaintes et de demandes de réponse émanant de particuliers et d’associations. En matière d’octroi de nouvelles licences, le conseil a donné son accord en juillet dernier à la société Hit Radio pour la création de deux télévisions satellitaires, «Télé Jeunesse» et «Télé Découverte» et d’une radio musicale hertzienne couvrant les provinces du Sud, «Radio Shem’s». La nouvelle équipe osera-elle faire plus ? 


Akharbach, du journalisme à la diplomatie

C’est un retour aux sources, pour cette journaliste chevronnée. Après dix ans passés dans les arcanes de la diplomatie, d’abord en tant que secrétaire d’État aux Affaires étrangères dans le cabinet El Fassi (2007-12), puis ambassadrice en Bulgarie (2013-16) et en Tunisie (2016-18), la lauréate de l’ISIC retrouve l’univers qui la passionne: celui des médias. Latifa Akharbach a été professeure, puis directrice de l’ISIC. Elle a aussi dirigé la radio nationale en 2007. Cette passionnée des médias a fait ses premières armes dans le journalisme à Al Maghrib (1981-82) puis à la Vie Éco (1991-95). En tant qu’enseignante-chercheuse, elle a co-écrit «Femmes et médias» et «Femmes et politique». À la HACA, Akharbach sera épaulée par un autre enseignant reconnu de l’ISIC, Benaissa Asloune.


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