Régionalisation avancée. Le chantier rencontre de nombreux obstacles
Nombre de freins ralentissent encore la mise en œuvre de la régionalisation avancée dont l’insuffisance des ressources humaines et financières et le retard dans l’attribution des compétences aux régions. La mise en œuvre de la déconcentration administrative est très attendue pour accélérer l’implémentation de ce chantier stratégique.
Presque quatre ans après l’installation des conseils régionaux, la mise en œuvre de la régionalisation avancée accuse un retard abyssal. Tout le monde s’accorde sur la nécessité de passer à la vitesse supérieure notamment en matière d’attribution des compétences propres, partagées et transférées conformément aux dispositions juridiques. Aujourd’hui encore, aucun calendrier des étapes par lesquelles les régions devront passer dans l’exercice de leurs compétences n’est fixé. Rappelons à cet égard que des concertations ont été menées entre les présidents des régions et le ministère de l’Intérieur pour l’élaboration d’une charte des compétences qui permettra dans un premier temps d’activer le transfert des compétences propres des régions avant de passer à la concrétisation des autres attributions. La dernière mouture de ce texte a été finalisée avant l’adoption de la charte de la déconcentration. Elle devra être revue à la lumière des schémas directeurs de la déconcentration qui vont être bientôt validés et qui devront préciser non seulement les compétences à transférer aux administrations régionales mais aussi aux conseils régionaux. Il faut dire que la déconcentration administrative est le corollaire du chantier de la régionalisation avancée. Elle est en effet on ne peut plus déterminante dans le processus de la réussite de la mise en œuvre de la régionalisation. Dès l’installation des conseils régionaux, le besoin s’est fait sentir de doter l’administration locale de véritables pouvoirs décisionnels. Au lendemain des élections régionales, les présidents des régions ont tiré la sonnette d’alarme sur la lenteur de l’administration régionale qui n’est pas encore à l’image de la vision de la régionalisation avancée. Il faut toujours attendre le feu vert de l’administration centrale à l’heure où l’accélération de la cadence s’impose pour la promotion des projets et de l’investissement régionaux. Le gouvernement est ainsi très attendu pour entamer la mise en œuvre de la déconcentration administrative qui va s’étaler sur trois ans. Cela permettra enfin de doter les régions des compétences nécessaires. Cet exercice qui peut paraître simple de prime abord est on ne peut plus compliqué car il faut bien définir les compétences à transférer ainsi que leur périmètre et c’est cette question qui a fait l’objet de négociations entre les régions et le gouvernement, laquelle devra être encore peaufinée. C’est en effet le sprint final avant la mise en œuvre de ce chantier stratégique.
Le frein des ressources humaines
Le transfert des compétences à lui seul ne permettra pas de mettre sur les rails la régionalisation avancée. Les conseils régionaux doivent être accompagnés par le recrutement des ressources humaines compétentes en vue de permettre aux régions d’activer efficacement l’exercice de leurs compétences. Les régions peinent à trouver les cadres et les profils qui acceptent de quitter l’axe Rabat-Casablanca pour travailler dans les régions. Aussi, faut-il mettre en place un système incitatif pour attirer les ressources humaines escomptées. Le même problème se posera certainement au niveau des administrations régionales après l’implémentation de la déconcentration. Sur le volet du financement, des actions sont à entreprendre pour accompagner ce chantier structurant. Le transfert des compétences doit se faire en parallèle avec le transfert des financements. Les régions sont aussi appelées à innover en matière de mobilisation des financements et de diversification de leurs ressources pour la mise en œuvre de leurs plans de développement.
Démocratie participative à activer
Il reste, par ailleurs, à activer la démocratie participative au sein des conseils régionaux et à améliorer l’action des instances créées à cet effet. Or jusque-là, ce volet n’a pas encore atteint les résultats souhaités et de grands efforts restent encore à déployer pour développer l’approche de concertation et la démocratie participative. Rappelons à ce titre que les régions sont tenues en vertu de la loi organique les régissant à créer des mécanismes de dialogue et de concertation en vue d’impliquer les citoyens et la société civile dans l’élaboration des plans de développement. Dans certaines régions, cette disposition reste encore lettre morte. Et même dans la majorité des régions qui ont activé ce mécanisme, le fonctionnement des instances consultatives piétine. Certes, quelques-unes de ces entités ont élaboré des rapports thématiques et ont émis des avis sur des politiques publiques mais nombreuses sont les faiblesses qui caractérisent l’action de ces instances consultatives. Il s’agit notamment de la faiblesse en matière de formation des ressources humaines, l’absence répétitive de nombre de membres de ces instances consultatives, le manque de dispositions juridiques claires et le flou autour des méthodes de travail, un rythme de travail insuffisant et irrégulier…Dans certaines régions, l’engouement pour l’adhésion à ces organes n’est pas au rendez-vous. Pourtant, ces instances ont un rôle majeur dans la promotion de la démocratie participative sur le plan régional.