Réforme des retraites : cette fois-ci sera-t-elle enfin la bonne ?
Prémices de dénouement, enfin, pour la réforme du système des retraites ? Le gouvernement devrait présenter, dès ce mois de janvier, un cadre préliminaire pour cette réforme. Objectif: bâtir un régime durable, équitable et résilient, à même de répondre aux attentes des retraités d’aujourd’hui et de demain.
C’est un des dossiers chauds les plus complexes et, d’un point de vue social, les plus cruciaux. La réforme du régime de retraite a longtemps animé la controverse et suscité les tiraillements, au point d’être plus d’une fois reportée. Cependant, tout porte à croire que cette fois-ci serait la bonne, à en croire la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, qui vient d’affirmer que le gouvernement devrait présenter un cadre préliminaire pour la réforme des retraites dès ce mois de janvier.
L’initiative vise à relever les défis de longue date du système de retraite marocain par le biais de changements structurels. Dans les grandes lignes expliquées en début de semaine sous la coupole, la ministre a indiqué que la réforme sera axée sur la création de deux centres de pension distincts, l’un pour les employés du secteur public et l’autre pour les travailleurs du secteur privé. La proposition vise également à établir une transition progressive vers un nouveau système, en sauvegardant les droits actuels et les prestations accumulées, tout en introduisant des améliorations en matière de gouvernance.
Dans le même sillage, Nadia Fettah a souligné que les récentes négociations dans le cadre du dialogue social, qui ont abouti à des augmentations de salaire, ont temporairement allégé la pression sur les fonds de pension en prolongeant leur solvabilité de deux à trois ans.
Pour stabiliser davantage le système, le gouvernement a alloué 2 milliards de dirhams à la Caisse marocaine de retraite (CMR). Elle a décrit la réforme des retraites comme l’un des défis les plus complexes et les plus urgents du Maroc, nécessitant des efforts minutieux et collaboratifs.
À ce sujet, la ministre a réaffirmé l’engagement du gouvernement à travailler avec toutes les parties prenantes pour développer des solutions durables qui améliorent les conditions des retraités actuels, tout en assurant une stabilité à long terme pour les futurs retraités. Maillon essentiel de cette réforme, le patronat semble attendre cette première présentation programmée par l’exécutif pour se prononcer sur la teneur de la démarche prévue. Pour l’heure, la confédération patronale ne dispose d’aucune mouture relative au régime des retraites.
Selon Hicham Zouanat, président de la Commission sociale, même les conclusions des études qui ont été menées par le gouvernement n’ont pas été partagées avec les parties concernées. L’ensemble des aspects ont certainement été analysés, que ce soit l’équilibre technique ou financier, afin d’aboutir au régime le plus approprié.
«Le triangle maudit»
Par ailleurs, Nadia Fettah a précisé que les réformes visent à équilibrer les besoins immédiats et l’équité entre les secteurs, ouvrant la voie à un système équitable et résilient. Les gouvernements successifs ont réexaminé la question, mais les défis posés par l’équilibre entre la viabilité et l’équité en ont fait un sujet politique permanent et souvent controversé. Et c’est le fameux «Triangle maudit» qui pose problème. Il s’agit des cotisations, des prestations et de l’âge. La difficulté réside en effet dans le fait de trouver un équilibre pour ces trois paramètres, sans pour autant léser une des parties.
Or, les experts s’accordent à dire que, pour que le régime de retraite puisse se redresser et sortir de son bilan déficitaire, une des parties sera forcément lésée au détriment d’une autre. Pour le président de la Commission sociale de la CGEM, une alternative permettrait éventuellement d’instaurer un équilibre. Il s’agit d’élargir l’assiette des cotisations et d’intégrer l’informel. Avec un nombre plus important de cotisants, la formule pourra être gagnante pour toutes les parties.
Dans un autre registre, les derniers chiffres montrent que 76% des dossiers médicaux des adhérents de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) sont remboursés dans un délai ne dépassant pas 60 jours, conformément aux délais légaux. À ce sujet, la ministre a souligné qu’une amélioration relative des délais de traitement a été observée. Ainsi, le délai moyen de remboursement est passé de 57 jours en 2022 à 54 jours en 2023.
Pour rappel, un premier pas a été franchi : celui d’introduire une exonération progressive de l’impôt sur le revenu pour les pensions de retraite de base. Cette réforme vise à alléger la charge financière des retraités, tout en promouvant l’équité sociale.
À partir de ce mois, les retraités bénéficiant du régime de retraite de base bénéficieront d’une déduction fiscale de 50 %, puis d’une exonération totale à partir de 2026. Toutefois, la mesure ne s’applique qu’aux pensions de base et aux rentes viagères réglementées, les pensions complémentaires restant imposables afin de préserver les recettes de l’État. De plus, 95% des dossiers médicaux liés aux maladies chroniques et coûteuses sont traités en moins de 30 jours.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO