Maroc

Réforme de la santé : les oubliés du ministère montent au créneau

Les réformes entreprises dans le secteur de la santé au Maroc ne sont pas du goût de certains administrateurs. Ces derniers demandent le traitement de leurs revendications urgentes par la tutelle, exprimant leur inquiétude quant à l’absence de visibilité sur leur situation.

Le secteur de la santé au Maroc est actuellement en pleine réforme. Le ministère de tutelle a entamé, dans ce cadre, des chantiers visant à restructurer le système dans son ensemble. Cependant, une catégorie de personnel se sent particulièrement lésée par ces changements. Il s’agit de celle des Administrateurs des services de santé. Réunis au sein de la Coordination nationale des administrateurs du ministère de la santé (CNAMS), ils ont rendu publique cette semaine une déclaration exprimant leur mécontentement face à «la façon dont est géré le dossier revendicatif urgent des administrateurs de la santé». La coalition dénonce en outre «les atermoiements et les temporisations» du ministère. Cadres administratifs et techniques du secteur de la santé, ces administrateurs, au nombre de 3.000 environ, se sentent les grands oubliés de la réforme. Ils revendiquent pourtant une place centrale «en tant que cadres de gestion, de pilotage, de conseil et l’un des maillons les plus importants» du système de santé.

Des revendications restées sans réponse
Adil Azzaoui, membre du CNAMS, souligne que les administrateurs du ministère de la santé estiment que leurs revendications urgentes, communiquées au département de tutelle, demeurent sans réponse. Le CNAMS dénonce en outre «le brouillage de la discussion et des présentations formelles» lors des réunions des syndicats avec les représentants de la tutelle, ponctuées simplement de «promesses et d’attentes». Azzaoui déplore également «le deux poids, deux mesures» dans le traitement de ces revendications, notamment après l’augmentation des salaires des médecins, intervenue depuis le 1er janvier 2023.

En effet, le ministère de la Santé a autorisé l’indice 509 pour les médecins, et ce statut devrait encore s’améliorer avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les ressources humaines du secteur de la santé. À titre indicatif, un médecin généraliste du public gagne actuellement près de 12.800 DH par mois. Ce salaire passera à près de 22.400 DH pour un généraliste hors grade, et environ 26.000 DH pour un médecin spécialiste hors grade. La CNAMS pointe ainsi l’absence de visibilité quant à l’évolution de la situation de ses membres, notamment avec la réforme en cours du secteur de la santé. Elle craint aussi la perte de nombreux acquis et garanties antérieures, aussi minces soient-elles, pour les administrateurs de la santé.

Protestations en cascade
La coalition, qui ne compte pas rester les bras croisés, appelle à des actions concrètes pour accroître la pression sur les autorités. Tout d’abord, elle demande à tous les gestionnaires du secteur de la santé de porter un brassard rouge pendant leurs heures de travail, et ce, du 7 décembre au 14 décembre. Notons que jusqu’à présent, cette opération a enregistré un succès de 100%. Elle appelle également l’ensemble des gestionnaires de la santé et de la protection sociale à participer à un grand rassemblement prévu le 21 décembre à 10h, devant le siège du ministère, à Rabat. Ces actions marquent une montée des tensions au sein des personnels administratifs et techniques de la santé. Tiraillés entre les changements imposés par la réforme du système de santé et le manque de reconnaissance de leur métier, ils choisissent désormais de passer à des actes concrets de protestation sur leur lieu de travail pour faire valoir leurs revendications. Reste à savoir comment le ministère répondra à leurs doléances. 

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

 


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