Récolte des algues marines : sur fond de baisse des quotas, comment se porte la filière à El Jadida ?
La récolte d’algues marines offre une source de subsistance à des milliers de familles dans la région d’El Jadida, tout en insufflant une nouvelle dynamique à l’économie locale, en plus de son rôle écologique dans le maintien des équilibres environnementaux et alimentaires des ressources marines.
La campagne de cueillette et de commercialisation des algues marines dans la région d’El Jadida a débuté mi-juillet dernier, avec un quota ne dépassant pas 18.414 tonnes, contre 22.000 l’année précédente. Rappelons que les côtes d’El Jadida, s’étendent sur 150 kilomètres, à travers quatre zones de débarquement (El Jadida, Jorf Lasfar, Lahdida et Sidi Abed), ce qui représente 70% des stocks nationaux en algues marines. La direction provinciale de la pêche maritime, en préparation de la saison en cours, a pris une batterie de mesures pour assurer une saison réussie, grâce à la sensibilisation et la supervision des travailleurs.
Dans ce sillage, le délégué provincial à la pêche maritime à El Jadida par intérim, Abdelwahed El Baqal, a indiqué que l’Institut national de recherche halieutique (INRH) a observé une baisse des stocks des algues, ce qui a poussé le ministère à réduire le quota de 22.000 à 18.414 tonnes, le but étant de préserver l’équilibre des algues marines dans les zones qui leur sont dédiées.
Cependant, a observé El Baqal, le nombre de barques participant à la collecte d’algues n’a pas changé. Il est toujours estimé à 850 barques employant 3.600 personnes, dont des marins et des plongeurs, a-t-il fait savoir, notant que l’année a connu des conditions météorologiques défavorables, ce qui a eu un impact sur la cueillette, avec environ 36% du quota total déjà récolté et environ 80% des algues destinées à l’Atlantique collectées dans les quatre zones le long de la côte des Doukkala.
El Baqal a expliqué qu’environ 1.600 femmes travaillent le long de la côte pour ramasser les algues échouées sur les côtes, une opération dite de «collecte à pied», ajoutant que ces femmes collectent environ 5% de la quantité totale, soit environ 900 tonnes.
Dans une déclaration similaire, Fatima El Brouji, présidente de la coopérative «Merja Al Mohit» à Douar El Khrachfa, a affirmé qu’après la sécheresse qui a frappé la région, la cueillette des algues est devenue la principale source de revenus pour les femmes en particulier. Elle a ajouté que la coopérative emploie entre 300 et 400 femmes – en fonction des conditions climatiques – provenant de quatre douars relevant de la commune de Oulad Issa, ce qui leur permet de percevoir un revenu quotidien variant entre 150 et 200 DH.
De son côté, Hamid Doukkali, membre de la même coopérative et chargé de la pesée des algues récoltées par les femmes, a fait savoir que le produit est acheté à 2,50 DH/kg, puis séché et revendu à 11 ou 12 DH à l’entreprise. Et de préciser, qu’il y a des frais supplémentaires liés à la main-d’œuvre chargée du transport, du séchage et de l’assemblage. La plupart des habitants de la région dépendent de ce travail saisonnier, où les femmes sont rassemblées, encadrées et se voient attribuer des «quotas» (100 à 120 kg/femme). Les barques dédiées à la récolte des algues opèrent le long du littoral relevant de la délégation provinciale de la pêche à El Jadida. Une barque peut récolter entre 25 et 30 tonnes pendant la saison de cueillette, qui s’étend jusqu’à fin août. La récolte humide est vendue à 4,5 DH/kg, selon Doukkali.
A noter que dans son plan de développement des lieux de cueillette des algues marines, le ministère de tutelle a veillé à soumettre les algues extraites à un système de traçabilité du produit similaire aux autres produits marins. Il a également établi un système de suivi et de réglementation du processus d’exportation, avec 80% destinés à la transformation et 20% aux algues brutes.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO