Maroc

Raréfaction des eaux : des projets locaux menés par Migrations & développement

Dans le cadre d’une rencontre initiée par l’ONG franco-marocaine Migrations & développement (M&D) autour des défis partagés par la localité de Siroua au Maroc et le département de la Drôme dans le Sud-Est de la France, trois actions ont été présentées visant à apporter des solutions à la problématique de la raréfaction des eaux qui se pose avec acuité des deux côtés de la Méditerranée.

«Penser globalement et agir localement», tel est le leitmotiv de l’ONG franco-marocaine Migrations & développement (M&D), créée en 1986. Dans ce contexte préoccupant de raréfaction de la ressource en eau – où le taux de remplissage des barrages est d’à peine 33%, avec un déficit en eaux souterraines qui va en s’aggravant – l’ONG a initié dernièrement une rencontre réunissant chercheurs, experts et associatifs.
Cette rencontre, qui s’est tenue dans les locaux de l’Agence de développement française (AFD), a porté sur les défis partagés par la localité de Siroua dans le centre du Maroc et le département de la Drôme dans le Sud-Est de la France. Y ont participé huit personnalités relevant du domaine de la recherche en géographie, agronomie, aménagement et agro-écologie afin d’échanger et de présenter les résultats de leurs travaux.
Selon l’ONG franco-marocaine, l’espace méditerranéen est une des zones où les effets du réchauffement climatique seront les plus sévères. Dans ce sens, le Sud de l’Europe, comme le Nord de l’Afrique, sont concernés par les changements climatiques et nécessitent la mise en œuvre d’actions d’atténuation et adaptation. «Nous avons tout intérêt à collaborer afin de trouver une approche commune», explique Abderrazak El Hajri, directeur de M&D. Les actions présentées à cette occasion ont en commun le souci de mobiliser les savoir-faire des populations locales, qu’elles soient des communautés agraires dans le Maroc rural, ou des citoyens impliqués, comme dans la Drôme, afin d’apporter des solutions à cette urgence, ressentie sur les deux rives de «Mare Nostrum».
L’implication de la population donne plus de résultats
«Au Maroc, ce sont les réponses à taille humaine, impliquant les populations, qui produisent les résultats les plus positifs», souligne Jacques Ould Aoudia, vice-président de Migrations & développement et chercheur en économie politique.
Selon l’ONU, le Maroc est déjà considéré en stress hydrique avec, aujourd’hui, 500 mètres cubes d’eau douce par habitant et par an, contre 2.500 m3 en 1960. En octobre 2022, les autorités du Royaume ont mis l’accent, dans un rapport de l’Institut royal d’études stratégiques, sur le caractère grave et structurel de la situation du pays. En ce qui concerne l’Europe, les observations par satellite, de janvier 2023, confirment le niveau anormalement bas des eaux souterraines.
Au cours de cette rencontre, trois actions ont été présentées, à commencer par l’animation du dispositif SAGE dans la Drôme. L’exemple du Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (SAGE) de la vallée de la Drôme a montré comment la concertation territoriale mettant autour de la table tous les usagers de l’eau du territoire, -urbains consommateurs d’eau potable, agriculteurs, professionnels du tourisme, et industriels- permet de concevoir une gestion équilibrée et durable de la ressource en eau. La seconde action concerne la lutte contre l’érosion et la fixation des sols dans le Haut Atlas au Maroc.
Sur le bassin versant de l’oued Assil Melloul, largement alimenté par la fonte des neiges, les précipitations entrainent une forte érosion des sols, affectant les cultures et l’élevage. Des expérimentations, menées depuis 2004 avec «Hydraulique sans frontières», ont conduit à freiner cette dégradation par la construction de seuils et terrasses en pierres. Mais ce sont les plantations d’épine-vinette et de groseillers sauvages qui ont donné les meilleurs résultats. Dans ce cadre, la FAO soutient un projet à plus grande échelle avec la création d’une pépinière qui multipliera les plantations de ces deux espèces et leur essaimage dans d’autres zones comparables.
Reverdissement du massif du Siroua : un projet soutenu par l’AFD
La troisième action concerne le reverdissement du massif du Siroua au Maroc. À noter que ce dernier, qui est un ancien volcan au climat semi-aride, reçoit entre 200 et 400 mm d’eau par an. L’action a consisté à mobiliser les savoir-faire des institutions traditionnelles (communautés agraires) qui, depuis des siècles, gèrent les ressources naturelles, en relation avec les communes d’Assaisse, de Siroua et de Zagmouzen, et avec des antennes de l’administration centrale.
Mobilisant les jeunes des villages, l’intervention a porté, notamment, sur le reverdissement de deux zones de 26 et 78 ha, situées dans les territoires des villages de Tinyder et Hloukt dans les provinces de Taroudant et Ouarzazate. Le projet, soutenu par l’AFD, a été mené sous la forme d’une recherche-action par «Migrations & développement «, présente sur les lieux depuis 35 ans. Il se poursuivra sur les trois années à venir avec la mise en œuvre, avec les villageois, d’autres zones de reverdissement.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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