Maroc

Psychanalyse : à Marrakech, un cycle d’enseignement pour explorer la psyché

C’est à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech que le Cercle psychanalytique entame son cycle d’enseignement, avec une conférence inaugurale du Dr Jalil Bennani, psychiatre et psychanalyste, consacrée aux fondements de la psychanalyse.

L’inconscient, cette part obscure de l’esprit humain, n’a jamais cessé de nourrir observations et spéculations, de la philosophie antique à la mystique, en passant par les grands courants de pensée. Mais c’est Sigmund Freud, à la fin du XIXe siècle, qui le place au cœur d’une nouvelle discipline : la psychanalyse. À une époque où l’on croyait volontiers que l’homme était gouverné par sa seule volition, Freud affirme que «le moi n’est pas maître dans sa propre demeure», soulignant à quel point nous sommes aussi régis par nos pulsions et désirs.

«Ce qu’il [Freud] a surtout mis en avant, c’est que l’homme n’est pas régi que par la volonté, mais plutôt régi par des choses inconscientes qui lui échappe», rappelle Dr Jalil Bennani, psychiatre et psychanalyste, devant un parterre d’étudiants attentifs, lors de la conférence inaugurale du cycle d’enseignement du Cercle psychanalytique, organisée à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech.

La rencontre, axée sur les fondements de la psychanalyse, avait pour finalité d’approfondir une discipline qui s’est toujours adaptée aux imaginaires, croyances et pratiques singulières de différentes cultures.

À ce propos, Freud considérait l’inconscient comme une réalité universelle : l’homme, n’étant pas maître de lui-même , serait assujetti à des forces psychiques qui se manifestent à son insu. Dans son intervention, Dr Bennani a mis en relief ses recherches entamées en 2015, qui ont mis en lumière l’articulation entre psychanalyse et croyances.

Dans ses travaux, il s’est penché sur certaines notions populaires, comme la magie, les “djins”, entités issues du monde invisible, profondément ancrées dans l’imaginaire collectif de nombreuses sociétés arabes, ou encore la transe, état-limite où le corps, parfois traversé de mouvements incontrôlables, exprime ce que les mots ne sauraient formuler. Cette ouverture sur l’invisible n’est pas sans évoquer les réflexions de Marcel Mauss, pour qui «la magie est un trésor d’idées».

Dans cette perspective, le rituel et la parole détiennent un pouvoir symbolique qui façonne les représentations. Loin d’être purement irrationnelle, la magie ou la croyance traditionnelle recèle des savoirs empiriques qui rejoignent parfois les interrogations de la psychanalyse sur l’inconscient et le symbolique.

La «talking cure»
Comme l’a rappelé Dr Bennani, l’essor de la psychanalyse est indissociable de la parole, ce que Freud nommait la «talking cure», la cure par la parole. L’hypnose, popularisée par le neurologue Jean Martin Charcot, avait certes montré l’existence de processus mentaux inconscients, mais Freud a préféré le dispositif de la libre association : laisser le patient s’exprimer, sans contrainte, afin que surgissent les désirs refoulés, les conflits internes.

«La parole en psychanalyse est un acte performatif, commente le Dr Bennani, elle agit sur le sujet en dévoilant ses désirs et ses conflits inconscients». Cette puissance du langage, Moustapha Safouan – figure majeure de la psychanalyse en langue arabe – l’a particulièrement rappelé dans ses travaux. Il a en effet montré à quel point la traduction et l’interprétation des rêves, dans des contextes culturels variés, requièrent d’adapter certains concepts freudiens. Depuis les travaux pionniers de Freud, publiés en 1899, les rêves n’ont cessé de fasciner et de susciter de multiples relectures, y compris au sein des traditions arabo-musulmanes.

Dans cette perspective, le Cercle psychanalytique ne se limite pas à dispenser un enseignement théorique. Il propose un dispositif de formation pour amener les étudiants à «penser autrement», en tenant compte de l’histoire, des croyances, de la langue et des imaginaires propres à chacune des cultures.

«La démarche consiste plutôt à confronter ces sources à des réalités sociales et culturelles contemporaines», précise Dr Bennani en rappelant que la psychanalyse n’est pas une discipline figée.

En ce sens, l’inconscient demeure un objet d’interrogation et de découverte pour les praticiens, et plus largement pour toute société en quête de sens.

A.I. / Les Inspirations ÉCO



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