Production de liège : la modernisation du secteur en marche
L’ANEF mise sur l’intégration de nouvelles technologies et une collaboration interinstitutionnelle efficace pour préserver les écosystèmes de chêne-liège tout en améliorant la qualité et la valeur de la production.
La campagne de récolte du liège pour cette année 2024 a été lancée jeudi dernier dans la commune de Haddada, située dans la province de Kénitra. À cette occasion, l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a lancé un programme novateur visant à moderniser et professionnaliser la récolte du liège grâce à l’intégration de nouvelles technologies de pointe, une orientation en ligne avec la feuille de route nationale «Forêts du Maroc 2020-2030». Le programme de l’ANEF vise à moderniser les métiers forestiers en renforçant les capacités techniques et matérielles des entreprises spécialisées dans la récolte du liège.
Pour ce faire, il introduit des équipements modernes de récolte, propose des mesures incitatives appropriées, et met en place des formations et un encadrement adéquat. L’un des objectifs clés est de préserver les écosystèmes de chêne-liège en utilisant des techniques innovantes qui minimisent les blessures aux arbres, garantissant ainsi leur durabilité à long terme. La production de liège nécessite plus de 27 ans après la plantation initiale. La nouvelle technologie permet une meilleure adaptation aux changements climatiques, réduisant la période de récolte tout en améliorant la qualité et la valeur du liège collecté. Le déploiement pilote de ce programme a débuté dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, avec une généralisation prévue pour 2025 dans d’autres régions potentielles.
Lors de l’inauguration du programme, le directeur général de l’ANEF, Abderrahim Houmy, a souligné que cette nouvelle technologie modernisera le processus de récolte et de valorisation du liège. Il a précisé que les périodes de récolte deviennent plus courtes et moins prévisibles en raison des changements climatiques. Les nouvelles technologies permettent une augmentation significative du rendement de délignage, tout en renforçant les capacités techniques et matérielles des entreprises spécialisées.
Le président de l’Association marocaine des industriels du liège, Anas Mohammed, a également souligné que la nouvelle technologie permet de couper le liège de l’arbre en détectant le degré d’humidité qu’il contient, évitant ainsi toute blessure de sa couche interne, ce qui aide l’arbre à se rétablir. Le processus traditionnel de récolte, effectué à l’aide d’outils tels que des bâtons, endommage souvent l’arbre ou le liège.
Secteur du liège, un enjeu économique et environnemental
Le Maroc occupe la quatrième place mondiale en termes de superficie de forêts de chêne-liège, avec environ 383.000 hectares, représentant 6% de la production mondiale de liège. Cette industrie offre un soutien économique considérable au niveau local, générant plus de 11 millions de dollars par an pour les communautés locales.
En moyenne, plus de 80.000 stères de liège sont valorisés annuellement, générant environ 54 millions de dirhams de recettes pour les 52 communes territoriales concernées. Le liège joue également un rôle crucial dans la séquestration du carbone, avec les forêts de chêne-liège capables de retirer environ 14 millions de tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère chaque année.
Cette contribution environnementale souligne l’importance de pratiques de gestion durable et de modernisation pour maintenir la santé des forêts et la qualité du liège.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO