Maroc

Prix des sardines : la flambée nourrit la polémique

Historiquement considérée comme l’un des poissons les plus abordables pour le Marocain, la sardine a vu ses prix s’envoler depuis quelques semaines. Les consommateurs n’en reviennent pas. Les professionnels du secteur pointent du doigt un «lobby» qui serait derrière cette flambée des prix.

Nous l’annoncions déjà au tout début de la saison estivale : la sardine marocaine connaît une période des plus critiques avec une pénurie qui continue de sévir depuis des mois. Résultat : une flambée des prix est constatée, exacerbée par la demande accrue lors de la période estivale. Le prix de la sardine a atteint un niveau record, notamment dans certaines régions, à 35 dirhams le kilo.

Haro sur la sardine
Ce niveau de prix a suscité l’ire des professionnels de la pêche maritime, lesquels dénoncent cette augmentation ‘’injustifiée’’. Certes, plusieurs facteurs contribuent à cette cherté, mais les professionnels s’accordent à dire que si une hausse des prix est logique, elle ne devrait nullement atteindre ces niveaux. Outre le phénomène du changement climatique, ayant entraîné des courants qui ont fait s’éloigner les bancs de sardines, les spécialistes évoquent la loi de l’offre et de la demande, dans les zones côtières. S’y ajoute une demande accrue constatée auprès des industriels.

Selon des commerçants grossistes, plusieurs usines envisagent d’augmenter leurs capacités de production et sont à l’origine d’une demande encore plus importante. Ces industriels de la transformation des produits de la pêche achètent le kilo de sardine à 9 DH au lieu de 4 DH, il y a peu. Les exportateurs de leur côté auraient aussi tendance à renchérir les prix sur le marché pour revendre à prix abordable sur le marché européen, dans les 5 euros le kilo. Les commerçants estiment qu’en dépit des circonstances, les prix ne devraient pas atteindre un niveau aussi élevé.

Certains opérateurs sondés pointent du doigt un lobbying exercé au niveau des ports. Le prix flambe déjà avant d’arriver à la halle aux poissons, alors que c’est le contraire qui devrait se produire. Un revendeur grossiste nous explique que «les caisses vides restent le capital d’un poissonnier. Ceux qui les détiennent peuvent donc fixer le prix qu’ils veulent, notamment au niveau des ports.

Aujourd’hui, en tant que professionnels, nous sommes incapables de déterminer l’intermédiaire responsable de ce dysfonctionnement», déplore-t-il. Les professionnels espèrent une intervention du ministère de tutelle via des missions de contrôle par la commission compétente. D’autres voudraient voir le Conseil de la concurrence entrer en ligne dans ce dossier.

Anarchie
Ces perturbations n’impactent pas uniquement la grande consommation. La pénurie persistante se répercute également sur la chaîne de valeur, de par le déséquilibre causé au niveau des zones de pêche, comme l’avait mentionné auparavant Ali Oukacha, président de la Fédération des pêches maritimes (FPM).

Le fait est que la configuration de la sardine est aussi importante pour la pêche côtière que les navires RSW (réfrigérés). Toute incidence sur la disponibilité pose problème au niveau de l’ensemble de la chaîne de valeur, dont les usines de transformation, ce qui est le cas actuellement.

Dans ce sens, le président de la FPM reproche la forte concentration géographique des armateurs sur des zones de pêche, ayant entraîné une diminution du poisson pélagique et principalement la sardine. Pour désamorcer la situation, la FMP a proposé de procéder à un zoning qui devrait être déterminé par les autorités concernées. Des recommandations qui ont été d’ores et déjà adressées aux pouvoirs publics.

Pour rappel, la quantité de sardine pêchée au Maroc, sur l’ensemble de l’année 2023, a atteint 600.000 tonnes.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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