Presse écrite : Le dernier appel des éditeurs
Le bureau fédéral de la FMEJ annonce que le secteur, qui «lutte pour sa survie», sera davantage handicapé par les nouveaux projets de lois qui ont été adoptées par les deux Chambres le 10 février. Un appel a été lancé aux parlementaires en vue d’éliminer les faux débats et exhorter les pouvoirs publics à nouer «une nouvelle génération» de relations avec les éditeurs.
C’est plutôt un mémorandum qu’un simple communiqué que viennent de publier les éditeurs de journaux au Maroc, à l’issue d’une réunion des membres dirigeants au sein de la fédération. Loin de tirer la sonnette d’alarme habituelle qui met l’entière responsabilité sur le dos de l’État, les patrons de la presse écrite ont été très tatillons dans leur argumentaire établi pour convaincre les membres des deux Chambres du bien-fondé de leurs avis et qui pourrait se traduire par plusieurs amendements à apporter aux deux lois sur le secteur qui ont été votées au niveau de la 1re Chambre.
Les professionnels de la presse ne voient d’abord aucune utilité pour les dispositions qui imposent «la présence d’un représentant du gouvernement dans les réunions consultatives du Conseil national» et surtout, les dispositions qui débouchent sur la contrainte par corps pour les journalistes, sans oublier les sanctions pécuniaires contenues dans la version actuelle et qui peuvent atteindre 755 millions de centimes. Des mesures, parmi d’autres, qui sont loin «des traditions de la profession et des pratiques internationales», déplore la FMEJ. La baisse de la part des journaux de 22% à 17% dans le marché de la publicité au Maroc, n’a pas été, pour sa part, soulevée comme une cause de la crise, mais plutôt comme une conséquence inévitable de la non-satisfaction des demandes urgentes des éditeurs de journaux qui «luttent pour la survie».
L’appel lancé par le Bureau fédéral, demande à tous les partenaires, y compris des autorités compétentes et les annonceurs, les agences de publicité, les distributeurs ainsi qu’aux partenaires sociaux, de se tourner vers «une nouvelle génération de relations» qui prend en compte le rôle vital de la presse écrite dans la symbolique de la démocratie et du pluralisme au Maroc. Les éditeurs estiment, dans cette optique, que les corps des nouveaux projets de lois restent, dans l’ensemble, acceptables, mais les lacunes, qui constituent une violation à l’esprit de la Constitution de 2011, doivent absolument changer, sinon cela risque non seulement de porter un coup fatal à la profession, mais «donnera une fausse image de l’évolution démocratique de notre pays», insistent les membres de la plus haute instance décisionnelle au sein de la fédération.
Nourreddine Miftah
président de la FMEJ
Nous avons réalisé une étude qui a démontré que la corrélation entre les ventes et les annonces publicitaires n’est pas facile à établir. L’étude, dont les résultats détaillés seront publiés le mois prochain, insiste sur le fait que la lecture gratuite des journaux, au sein des cafés doit être stoppée, et c’est une responsabilité qui incombe aux autorités. Cette mesure va changer radicalement les données du secteur. Nous comptons aussi mener une vaste campagne de sensibilisation auprès de l’ensemble des acteurs impliqués dans la promotion du rôle de la presse écrite, y compris auprès du SNPM. Cette campagne de sensibilisation, qui visera aussi les parlementaires, ambitionne de lever toutes les entraves légales , car les sanctions projetées sont de nature à hausser l’autocensure au sein des journaux. Enfin, il faut insister pour que les éditeurs des journaux ne soient pas des demandeurs d’annonces publicitaires.
Respect de l’éthique
Les projets de lois relatifs à la création d’un Conseil national de la presse et au statut des journalistes professionnels ont été adoptés, mardi dernier à Rabat, par la Chambre des représentants le 10 février. Selon les versions adoptées par la 1er législation, «la création d’une instance qui veillera au respect de l’éthique et se penchera sur la promotion de l’exercice journalistique», alors que la 2e loi «assoit les fondements de l’indépendance du journaliste et fournit les garanties de l’exercice de la profession sur les plans social et professionnel». Les deux projets, qui ont été adoptés en deuxième lecture, suite aux amendements présentés à la Chambre des conseillers, ont été approuvés par 70 députés contre 9 abstentions et aucune voix contre. Ce vote quasi-unanime est devenu possible après que le rapport de la Commission de la communication, au sein de la 1re chambre, ait tranché favorablement pour les nouvelles mesures.