Pouvoir d’achat, gaz et énergies renouvelables : des sujets cruciaux !
Le ministre de l’Industrie et du Commerce, lors de sa visite aux Inspirations ÉCO, a livré les éléments de sa réflexion sur la fiscalité, le pouvoir d’achat et les énergies renouvelables.
Le cadre de l’Invité des ÉCO se prêtant à une large revue de tous les volets économiques prioritaires pour le pays, d’autant lorsque l’interviewé n’est autre que le ministre de l’Industrie et du commerce, la rédaction des Inspirations ÉCO ne pouvait faire l’impasse sur des sujets comme le pouvoir d’achat, la fiscalité ou encore les orientations green du Royaume.
Au sujet des critiques formulées par certaines marques internationales, à propos du poids de la fiscalité, Ryad Mezzour reconnaît que ces taxes étaient à 40% à un moment, et souligne que, cette année, le gouvernement les a réduit à 30%. Un quart de ces taxes a été démantelé en 2024, à la demande de son ministère, fait-il valoir. Ceci valant pour les pays avec lesquels il n’y a pas d’accord de libre-échange, ou commerciaux ou préférentiels.
Ryad Mezzour pointe la Turquie comme étant le pays qui perturbe le plus l’écosystème. Reconnaissant qu’il y a aussi quelques subventions au Maroc, il ne fait pas reproche de cela aux Turcs. Mais la monnaie turque ayant perdu 90% de sa valeur en six ans, la situation s’en trouve déséquilibrée.
Pour ceux qui importent depuis la zone européenne, le ministre estime que le problème ne réside pas dans la taxe, de seulement 2,5%, mais dans le pouvoir d’achat.
Soutien aux plus vulnérables
L’inflation qui a suivi la guerre en Ukraine a dégradé le pouvoir d’achat marocain. Il y a eu un effort «très important», sur Instructions royales, pour le préserver au niveau des couches les plus vulnérables. Un soutien direct à ces familles, qui n’avait jamais été vu d’une manière installée, a ainsi été déployé.
Le ministre rappelle aussi le maintien des prix de l’électricité et du gaz. À propos du gaz, il justifie la récente augmentation de 10 dirhams sur le butane en soulignant que cette somme profitait aussi à ceux qui n’en avaient pas besoin et même à certains industriels qui en détournaient l’usage. Ces 10 dirhams font partie aujourd’hui du financement des aides de 500, 800, 1.000 ou 2.000 dirhams distribuées aux plus vulnérables. Ryad Mezzour insiste sur la nécessité d’un budget équilibré pour obtenir une stabilité financière dans le pays.
Ainsi, résume-t-il, le gouvernement demande 10 dirhams par mois à chacune de ces familles, pour lui en rendre 490. L’impact, annonce le ministre, sera répercuté. Un travail est en cours avec les syndicats pour obtenir un accord sur l’impôt sur le revenu.
Ryad Mezzour juge ainsi que le gouvernement est un gouvernement responsable, qui travaille à la préservation du pouvoir d’achat, au soutien des plus vulnérables, sans hypothéquer l’avenir ni sa capacité à attirer des investisseurs qui vont créer de l’emploi. Quid alors du timing de cette décision relative au gaz butane ? Ryad Mezzour, légaliste, rappelle alors que ce gaz n’est pas destiné à la transformation. Il admet toutefois que son usage a été détourné.
Projet de Loi de finances
Interrogé sur les éventuelles nouveautés de la prochaine Loi de finances, en lien avec les récentes mutations et contraintes conjoncturelles, Mezzour explique que le draft de la prochaine mouture est à l’étude, «challengé» au niveau du gouvernement d’abord. Il espère que ce sera un plan stratégique digne de cette nouvelle ère. Ses priorités ont été clairement définies par un Message royal, tient-il à souligner.
L’objectif principal sera la création d’emplois pérennes, avec une montée en gamme du capital humain. Le tout devant se faire en décarbonant et en préservant les ressources en eau.
Dans ce cadre, la fiscalité ne devrait pas être un élément de surprise, estime le ministre qui précise qu’elle «est importante dans sa stabilité et dans sa prévisibilité», notamment pour les entreprises. Mais la décarbonation a-t-elle atteint ses objectifs ? Pas encore, reconnaît Ryad Mezzour.
Il tient à rappeler que l’utilisation des énergies renouvelables est d’abord un instrument de souveraineté. Le Maroc n’a pas, ou peu, d’autres sources d’énergie. Par ailleurs, le ministre rappelle aussi que c’est un instrument de compétitivité, notamment pour entrer sur des marchés internationaux.
Trois axes pour porter la décarbonation
C’est une orientation prise par le Souverain depuis son accession au Trône, et il s’agit d’être conséquent, explique le ministre. Le cadre règlementaire est prêt, les capacités sont en train d’être mises en place, mais il manque encore trois choses.
La première est que toutes les entreprises, les PME doivent pouvoir avoir accès à de la moyenne tension. Le ministère y travaille.
La deuxième est de développer plus de capacités énergétiques renouvelables. Les dirigeants territoriaux se sont focalisés sur la création de zones industrielles, c’est très bien. Mais il faut qu’ils pensent maintenant à développer des parcs éoliens et des parcs solaires partout au Maroc.
Le réseau étant très inégal, la bonne stratégie sera de multiplier les sources, à l’échelle régionale.
Troisième point: il reste à transférer l’énergie du sud vers le nord. C’est pourquoi le projet de ligne à très haute tension a été lancé. Le ministre escompte bien que les besoins en énergie vont augmenter, car cela sera synonyme de création d’emplois.
Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO