Maroc

Position extérieure : le Maroc séduit les investisseurs et investit massivement à son tour

Le rapport annuel de 2023 de l’Office des changes sur la balance des paiements et la position extérieure globale du Maroc offre une vue détaillée de la résilience économique marocaine dans un contexte international en perpétuelle mutation.

Au Maroc, la résilience économique est notable malgré des conditions internationales difficiles et des défis internes tels que le déficit pluviométrique et le séisme d’Al-Haouz, affirme le dernier rapport de l’Office des changes. La croissance économique du Maroc s’est accélérée à 3,4% en 2023 contre 1,5% en 2022. Cette amélioration est due principalement à la performance des activités tertiaires (+4,4%) et à la reprise des secteurs primaire et secondaire.

En effet, le secteur tertiaire a connu une croissance de 4,4%, principalement grâce à l’hébergement et à la restauration (+23,5%). Pour leur part, le secteur primaire a augmenté de 1,6%, avec une croissance notable dans la pêche et l’aquaculture (+7%), tandis que le secteur secondaire s’est redressé avec une augmentation de 1,3%, soutenue par une hausse de 2,7% des industries manufacturières.

Inflation maîtrisée
L’inflation, bien qu’élevée au début de l’année (10,1% en février), a connu une tendance à la baisse, atteignant 3,4% en décembre. La moyenne annuelle s’est établie à 6,1%, en baisse par rapport à l’année précédente. Cette diminution est attribuée à une baisse des prix internationaux des matières premières et à une gestion efficace des politiques monétaires. Le déficit budgétaire a été réduit, passant de -5,4% du PIB en 2022 à -4,4% en 2023.

Cet allègement est dû à une augmentation des recettes ordinaires, fiscales et non fiscales, qui ont atteint 324,1 milliards de dirhams, en hausse de 22,2 milliards de dirhams par rapport à l’année précédente. Le commerce extérieur du Maroc a montré des signes de résilience malgré les perturbations globales. Les exportations de biens ont augmenté, particulièrement dans les secteurs de l’automobile et des phosphates. Les exportations de biens ont augmenté de 8,5%, atteignant 390,6 MMDH, principalement grâce aux performances des secteurs automobile (+10%) et des phosphates (+9%).

En revanche, les importations ont diminué de 2,9%, soit une réduction de 21,7 MMDH, en raison de la baisse des prix de certaines matières premières. Ainsi, le déficit commercial du Maroc s’est réduit de 7,5%, soit de 23,3 MMDH, pour atteindre 285,5 MMDH.

Cette évolution s’explique par deux facteurs principaux : d’une part, une baisse des importations de biens de 2,9%, ce qui équivaut à une diminution de 21,7 milliards de dirhams, et, d’autre part, une légère hausse des exportations de biens de 0,4%, représentant une augmentation de 1,6 milliard de dirhams.

Forte baisse du déficit des échanges extérieurs
En 2023, le déficit du compte des transactions courantes s’est considérablement allégé de 80,9%, passant de 47,3 milliards de dirhams en 2022 à 9 milliards de dirhams. En pourcentage du PIB, ce déficit est passé de 3,6% en 2022 à 0,6% en 2023.

Cette amélioration s’explique principalement par la réduction du déficit des échanges de biens de 14,8 milliards de dirhams, la hausse de l’excédent des services de 16,9 milliards de dirhams, et l’augmentation modérée de l’excédent des revenus secondaires de 8 milliards de dirhams, malgré une hausse du déficit des revenus primaires de 1,5 milliard de dirhams. Le volume total des transactions courantes s’est élevé à 1.560,8 milliards de dirhams, marquant une hausse de 2,5% (+38 milliards de dirhams).

Cette progression est due à l’augmentation des recettes courantes de 38,1 milliards de dirhams, tandis que les dépenses courantes sont restées presque stables (-0,2 milliard de dirhams). Les échanges de services ont enregistré un solde excédentaire de 132,6 milliards de dirhams en 2023, soit une augmentation de 14,6% par rapport à 2022 (115,7 milliards de dirhams). Les voyages, en tant que principale composante de ces échanges, ont atteint un nouveau record de 104,7 milliards de dirhams, en hausse de 11,5% par rapport à l’année précédente.

Ce montant dépasse de 33% le niveau pré-pandémique de 2019 (78,7 milliards de dirhams). Les voyages personnels ont affiché un solde excédentaire de 77,3 milliards de dirhams en 2023, soit une augmentation de 8,2% par rapport à 2022 (71,5 milliards de dirhams). Cette hausse est due à une augmentation des recettes de 10,3 milliards de dirhams, compensée partiellement par une hausse des dépenses de 4,5 milliards de dirhams. La France reste le principal marché source de ces recettes avec 33,6 milliards de dirhams en 2023, en hausse de 8,4% par rapport à 2022 (31 milliards de dirhams).

Les recettes provenant de l’Espagne se classent en deuxième position avec 16 milliards de dirhams, en hausse de 14,1%, suivies de celles en provenance de l’Italie avec 7,6 milliards de dirhams, en augmentation de 9,6%. Le solde des revenus primaires est structurellement déficitaire, atteignant -20,9 milliards de dirhams en 2023 contre -19,5 milliards de dirhams en 2022, soit une aggravation de 7,5%.

Cette évolution est due à une augmentation des dépenses de 2,8 milliards de dirhams, supérieure à celle des recettes (+1,3 milliard de dirhams). Le solde des transferts courants privés est passé de 124,4 milliards de dirhams en 2022 à 131,2 milliards de dirhams en 2023, soit une hausse de 5,4% (+6,7 milliards de dirhams).

Cette progression résulte d’une augmentation des recettes de 4,6% (+5,9 milliards de dirhams) et d’une diminution des dépenses de 13,5% (-0,8 milliard de dirhams). Les envois de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE), principale composante des transferts courants privés, ont atteint un niveau record de 115,3 milliards de dirhams en 2023, contre 110,8 milliards de dirhams en 2022 (+4,1%). La France demeure le principal pays source de ces recettes avec une part de 30,8%, suivie de l’Espagne (12,6%), de l’Arabie Saoudite (10,7%) et de l’Italie (9,2%).

Près de 4 milliards pour l’Afrique
Les recettes des investissements directs étrangers (IDE) au Maroc se sont élevées à 34,6 milliards de dirhams en 2023, contre 40,3 milliards de dirhams en 2022, soit une baisse de 14,1% (-5,7 milliards de dirhams). Les dépenses ont enregistré une hausse de 35,8% (+6,2 milliards de dirhams), atteignant 23,5 milliards de dirhams en 2023 contre 17,3 milliards de dirhams en 2022.

Par secteur, les activités immobilières ont représenté la première position avec un flux net de +5,9 milliards de dirhams (53% du total des flux nets des IDE), suivies par les secteurs des transports et entreposage (+2 milliards de dirhams) et des activités financières et d’assurance (+1,5 milliard de dirhams). Ces trois secteurs ont constitué 84,7% du total des flux nets des IDE en 2023.

Par pays, la France a été le principal investisseur au Maroc avec un flux net de +6,8 milliards de dirhams, représentant 61,4% du flux net total des IDE. Les Émirats Arabes Unis ont enregistré un flux net de +2,3 milliards de dirhams, suivis du Royaume-Uni (+1,8 MMDH), de l’Espagne et de l’Allemagne (1,5 MMDH chacun).

De leur côté, les investissements directs marocains à l’étranger (IDME) se sont accrus de 25% ou +5,1MMDH se situant à 25,6 MMDH en 2023. Les cessions de ces investissements ont, quant à eux, progressé de 3,2 MMDH pour s’établir à 17,1 MMDH. Les principaux pays de destination des IDME en 2023 ont été les Émirats Arabes Unis (+2,6 MMDH), le Sénégal (+1,4 MMDH), la France (+1,1 MMDH), les États-Unis (+0,8 MMDH) et la Belgique (+0,5 MMDH). Ces cinq pays ont représenté 74,9% du total des flux nets des IDME en 2023. L’Afrique a reçu 19,4% des nouvelles acquisitions en IDME, soit 4,9 milliards de dirhams en 2023.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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