Maroc

Poisson : les prix de la discorde

Il a fallu des initiatives, telle que «Poisson à prix abordable», pour qu’une certaine catégorie de la population accède à ce produit tant prisé durant ce mois de ramadan. Avec l’envolée des prix, notamment celui de la sardine, la polémique s’est intensifiée. Or, les professionnels s’accordent à dire que cette flambée reste injustifiée eu égard à la profusion des ressources halieutiques. Sauf que les intermédiaires ont toujours le dernier mot.

Le poisson, un des produits les plus prisés sur les tables de ftour durant le mois sacré de ramadan, est au centre de controverses ces derniers temps en raison des prix pratiqués, même si cette période correspond traditionnellement à un pic d’inflation.

Flambée injustifiée
La 7e édition de «Poisson à prix abordable» a démontré qu’une coordination efficace entre les autorités publiques, les professionnels du secteur de la pêche et les consommateurs peut apporter des solutions concrètes aux défis économiques et sociaux.

Toutefois, pour que ces efforts portent leurs fruits sur la durée, il est essentiel de les inscrire dans une stratégie plus globale visant à garantir un accès équitable aux consommateurs. À en croire les professionnels de la pêche, cette année en particulier, le poisson est abondant et se vend à prix réduit, ce qui ne justifie pas la flambée constatée dans certains marchés.

«Pour la sardine, sujet de controverse ces derniers temps, nous ne pouvons augmenter le prix à notre guise puisqu’ils sont réglementés par l’Office national des ports (ONP). Aujourd’hui, elle est vendue à 3,20 dirhams le kilogramme au départ du port. Elle pourrait atteindre les 4 DH si l’on compte les frais de transport et de déchargement jusqu’au port de Casablanca, par exemple. Mais les intermédiaires spéculateurs cherchent à gagner des marges plus importantes au détriment du consommateur, qui paie le double, voire le triple du prix. Cette spéculation ne peut être contrée que par le renforcement du contrôle des commissions concernées», indique Abdelkarim Foutat, président de la Confédération marocaine de la pêche côtière.

Cette situation a provoqué un grand désarroi auprès des armateurs. Ces derniers ont pris le taureau par les cornes et ont chargé des camions de poissons, dès le premier jour de ramadan, pour les revendre dans plusieurs villes. Selon le professionnel, la sardine s’est vendue entre 6 et 7 dirhams le kilo au marché de gros, étant donné que les armateurs mareyeurs ne peuvent pas revendre directement au consommateur. Une donne qu’ils espèrent changer, à l’instar des agriculteurs.

Le pari réussi de l’opération «Poisson à prix abordable»
Pour rappel, la 7e édition de l’initiative «Poisson à prix abordable», lancée sous l’égide du ministère de l’Agriculture et de la Pêche, avait pour ambition de répondre à la demande croissante, tout en apaisant les esprits. L’opération a d’ailleurs élargi son champ d’action en touchant plus de villes qu’auparavant.

Pari gagnant pour cette édition, puisque les résultats dévoilés indiquent que le défi a été relevé. Prévoyant initialement la distribution de plus de 4.000 tonnes de poisson à travers le Royaume, elle a rapidement déployé un réseau de points de vente dans plus de 40 villes, parmi lesquelles Casablanca, Rabat, Salé, Fès, Agadir, Marrakech et Dakhla.

Pour garantir un accès équitable, y compris dans les régions les plus enclavées, des caravanes mobiles ont été déployées, sillonnant le territoire afin de toucher un large public.

À ce jour, 2.150 tonnes de poisson congelé ont été écoulées à des prix raisonnables, répondant ainsi à une demande soutenue. Les points de vente ont enregistré une affluence remarquable, avec près de 400 personnes par site chaque jour.

Cette fréquentation témoigne non seulement de l’engouement des consommateurs, mais aussi de leur confiance dans la qualité et l’accessibilité des produits proposés. Pour rassurer les consommateurs, des contrôles rigoureux sont effectués par l’Office national de sécurité sanitaire des aliments (ONSSA).

Chaque produit mis en vente dans le cadre de cette initiative a ainsi été soumis à des normes sanitaires strictes, garantissant une qualité irréprochable. Et la distribution devrait être élargie dans les semaines à venir, grâce à un renforcement de la logistique et à une meilleure coordination entre les acteurs de l’industrie de la pêche, dans la perspective d’assurer un approvisionnement régulier en produits de la mer tout au long du mois sacré.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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