PLF 2022 : les charges salariales des fonctionnaires ne baissent pas
La masse salariale devrait atteindre, à fin 2021, plus de 121 MMDH, soit plus 31,8% du total du budget de l’État.
Les indicateurs clés du rapport portant sur les ressources humaines de l’État ne dérogent pas aux principales orientations de l’évolution des charges du personnel durant les trois dernières années, avec une moyenne annuelle de la hausse de la masse salariale sous surveillance. En effet, «la rationalisation des dépenses des fonctionnaires a été érigée en priorité, dans l’objectif de réaliser l’équilibre entre le renforcement des ressources humaines et la qualité des services publics», indique le rapport d’accompagnement du PLF 2022. Il faut dire que l’augmentation de la masse salariale, qui avoisine les 4% pour la période 2018-2021, demeure parmi les indicateurs les plus suivis. «Le volume des dépenses, au titre de l’année 2021, en intégrant les contributions de l’État aux régimes de retraites et de prévoyance sociale, devrait atteindre 139,8 MMDH», souligne le rapport, sachant que la masse salariale, hors dépenses de retraites, se situera autour de 121 MMDH à fin décembre 2021.
«Cette hausse découle de l’activation des mesures, portant sur la hausse des salaires en trois tranches, qui a été décidée à parti de mai 2019, selon l’accord conclu entre les partenaires sociaux», indique le bilan réalisé par l’Exécutif.
Dans le même registre, la part des charges des fonctionnaires dans le PIB national reste aussi élevée, avec plus de 10% enregistré durant la période 2011-2021, de même que la moyenne annuelle des dépenses des fonctionnaires a représenté plus de 53% des ressources ordinaires de l’État, au titre de cette année 2021. Par secteur public, la forte concentration des fonctionnaires, au sein de six pôles ministériels et administratifs reste le principal fait saillant, avec 90% d’entre eux qui exercent dans les secteurs de l’Éducation, l’Intérieur, la Santé, la Justice, les Finances et les Affaires étrangères.
Au niveau des régions, le même phénomène de concentration est constaté, 77% des dépenses des fonctionnaires étant absorbées par Rabat-Salé-Kenitra, Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Marrakech-Safi et Souss-Massa. «La part des régions dans le PIB reste disproportionnée par rapport aux dépenses des fonctionnaires au niveau de chaque région», insiste le rapport gouvernemental remis aux parlementaires des deux chambres du Parlement. Par échelle, les principaux indicateurs, dévoilés par le département des Finances, montrent que les fonctionnaires de l’ échelle 10 absorbent, annuellement, plus de 66% des dotations salariales, «en raison de la hausse de la cadence des promotions ainsi que du recrutement important opéré dans cette catégorie, durant les dernières années», indique l’évaluation finalisée par l’Exécutif.
Une moyenne des salaires en évolution constante
Les indicateurs de la masse salariale, pour le compte de l’année 2021, font ressortir une nette évolution de la moyenne des salaires des fonctionnaires, qui devrait atteindre 8.237 DH, soit une évolution annuelle de plus de 2,1%. Sur les 10 dernières années, les données du département des Finances montrent que cette moyenne a évolué de plus de 15%. À noter aussi que des inégalités flagrantes demeurent entre les départements ministériels, en matière d’évolution de cette moyenne annuelle des salaires perçus, avec le secteur de la Justice qui arrive en tête, suivi de loin par l’Éducation nationale, la Santé et l’Intérieur. Il faut souligner qu’à fin août 2021, le montant global des dépenses des fonctionnaires a totalisé plus de 94 MMDH, soit un taux d’exécution de l’ordre de 67% par rapport aux prévisions de l’exercice 2021. Enfin, et concernant le SMIG, les données du département des Finances précisent que le salaire minimum dans la fonction publique atteint 3.362 DH, «suite à plusieurs révisions effectuées dans le cadre des accords sociaux conclus», souligne le rapport.
Quid des départs à la retraite ?
Au cours de la période 2021-2025, le nombre de fonctionnaires, qui arriveront à l’âge de la retraite, devrait atteindre 55.663, dont 11.742 dès la fin de cette année 2021. C’est le secteur de l’Éducation nationale qui est le principal concerné, avec plus de 11% des effectifs qui atteindront 63 ans au cours des cinq prochaines années, de même que celui de la Santé aura à combler le vide qui sera laissé par la mise à la retraite de 6.204 fonctionnaires durant la même période. Les statistiques du département des Finances montrent que ce mouvement devrait s’étendre, à partir de 2022, à d’autres secteurs employeurs, essentiellement la Justice, l’Intérieur et les Finances, avec des moyennes de départs qui oscillent entre 7% et 10% des effectifs actuels de ces trois départements.
Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO