Maroc

Placements en bourse : les dividendes, un critère qui ne séduit plus

Avec un rendement moyen plafonné à environ 3%, les dividendes n’ont pas rivalisé avec les placements obligataires courant 2024, dont les taux dépassaient les 4%. Ce décalage a orienté les arbitrages des investisseurs vers des valeurs de croissance, au détriment des titres à rendement. 

En 2024, les dividendes ont continué de jouer un rôle marginal dans les stratégies d’investissement sur le marché boursier marocain. Avec un rendement plafonné à environ 3%, ils se sont heurtés à la concurrence des placements obligataires, dont les taux dépassaient 4%. Cette situation a clairement orienté les arbitrages des investisseurs vers des valeurs de croissance, favorisant des secteurs porteurs tels que la construction et la santé, au détriment des titres à dividende.

«Les valeurs de croissance ont dominé le marché, avec des entreprises comme TGCC ou Akdital en tête, offrant des perspectives de plus-value à long terme», observe un analyste.

Ce choix stratégique reflète un contexte où l’inflation persistante et les taux d’intérêt élevés ont redéfini les priorités, poussant les investisseurs à la recherche de rendements immédiats.

Une fiscalité favorable
La réforme fiscale introduite par la Loi de finances 2023, visant une réduction progressive de la retenue à la source sur les dividendes, n’a pas suffi à ranimer l’intérêt pour ces derniers. Malgré un cadre fiscal plus attractif, les investisseurs, institutionnels comme particuliers, ont privilégié des placements moins risqués et plus rentables, comme les obligations.

«Pourquoi prendre le risque d’investir en actions pour un rendement modeste, quand le marché obligataire offre davantage sans exposition au risque ?», résume un expert du secteur.

En 2025, les dividendes demeurent relégués au second plan, tandis que les investisseurs privilégient les opportunités de croissance. Avec des niveaux de valorisation élevés, dépassant parfois vingt fois les bénéfices annuels pour certaines entreprises, les rendements demeurent sous pression.

«Même en 2025, les dividendes resteront inférieurs à 3% pour la plupart des titres», prédit un analyste.

Dans un marché en quête de liquidité et de diversification, l’attrait pour les dividendes repose davantage sur une réforme structurelle que sur des ajustements ponctuels. En ce sens, les efforts fiscaux pour rendre les dividendes plus attractifs n’ont pas suffi à renverser cette dynamique.

Croissance notable
En dépit du rôle limité qu’ont joué les dividendes, le marché boursier bénéficie d’une dynamique économique favorable. En 2024, les entreprises cotées à la Bourse de Casablanca ont enregistré une croissance notable de leurs bénéfices, avec une augmentation de 5,1% pour atteindre 30 milliards de dirhams.

Cette progression a été principalement soutenue par le secteur bancaire, qui a vu ses profits augmenter de 26,7%, soit une hausse de 2,231 milliards de dirhams, grâce à une croissance de 13,2% du Produit net bancaire consolidé.

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) a, lui aussi, connu un essor remarquable, porté par une hausse de 56 % des investissements publics en 2024, atteignant 64 milliards de dirhams. Des projets stratégiques, tels que la reconstruction des zones sinistrées par le séisme d’Al Haouz, avec un plan budgétaire de 120 milliards de dirhams sur cinq ans, renforcent cette dynamique.

Sur le plan international, la candidature maroco-ibérique à la Coupe du monde 2030 et l’attribution de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 au Maroc offrent des perspectives prometteuses pour plusieurs secteurs clés, notamment le tourisme et la construction. Les experts s’accordent à dire que la fiscalité seule ne suffira pas à redynamiser le marché boursier. La véritable relance repose sur des réformes structurelles profondes, capables d’élargir la base des investisseurs, de renforcer la transparence en vue d’assurer une meilleure liquidité.

Dans ce contexte, le marché à terme s’impose comme une pièce maîtresse en offrant des mécanismes de couverture contre les aléas économiques et en facilitant une gestion plus sophistiquée des portefeuilles. Toutefois, son succès repose sur la mise en place d’un cadre réglementaire solide indispensable pour en faire un véritable levier de transformation du marché.

Le taux de la retenue à la source sur les dividendes, fixé à 11,25 % en 2025

L’abaissement progressif du taux de retenue à la source sur les dividendes – initié dans le cadre de la Loi de finances 2023 – est un critère non négligeable de l’attractivité du marché boursier. En 2025, ce taux atteint 11,25%, en attendant l’objectif final de 10% prévu pour 2026.

Cette réforme vise à alléger la charge fiscale pesant sur les revenus des capitaux mobiliers tout en stimulant les investissements en actions. Si cette réduction favorise les investisseurs en augmentant la rentabilité nette des dividendes, elle offre également aux entreprises une plus grande flexibilité dans leur politique de distribution, permettant d’attirer davantage d’actionnaires.

Bien que cette baisse contribue à renforcer l’attractivité du marché boursier, son impact réel dépendra de la mise en œuvre d’autres mesures complémentaires, comme l’amélioration de la gouvernance des entreprises cotées et l’élargissement de la base des investisseurs institutionnels, indispensables pour inscrire durablement le marché dans une dynamique de croissance pérenne.

A.I. / Les Inspirations ÉCO



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