Pénurie d’eau au Maroc : plusieurs propositions présentées
Pour mettre en avant la vulnérabilité historique du Maroc au stress hydrique, qui est une donnée de plus en plus alarmante, le Centre marocain de conjoncture (CMC) vient de dévoiler sa publication mensuelle sur le stress hydrique au Royaume en soulignant la nécessité de mettre en place des solutions innovantes.
Dans sa publication mensuelle du mois de novembre, le Centre marocain de conjoncture (CMC) a indiqué, dans son dossier intitulé «Sécheresses récurrentes et stress hydrique», que le Fonds de développement agricole(FDA) pourrait jouer un rôle stimulateur pour encourager et activer la cooptation des méthodes technologiques davantage ajustées aux aléas climatiques.
Les membres du CMC ont d’ailleurs souligné la possibilité de développer des variétés végétales génétiquement améliorées, à l’exemple des céréales et des légumineuses, dans une valorisation de la recherche agronomique et un encouragement à une plus grande acclimatation au déficit hydrique par la régularisation des techniques du semis direct et de l’irrigation d’appoint.
Le rapport a également rappelé que la problématique de l’eau a été au cœur du discours royal d’ouverture de la session parlementaire automnale 2022. Les directives ont été données, à cette occasion, pour rationaliser l’utilisation de cette denrée de plus en plus rare, dans une prise en charge totale qui mettrait fin au gaspillage irresponsable.
En précisant les mesures à prendre, le Roi a exhorté les responsables à multiplier les initiatives et les programmes ambitieux, à tirer avantage des nouvelles technologies pour économiser l’eau et recycler les eaux usées, à accorder une attention particulière aux nappes phréatiques, par une lutte continue contre les pompages clandestins et la prolifération des forages illicites.
La politique de l’eau ne saurait être une politique sectorielle, mais une thématique horizontale qui doit susciter l’intérêt de tout le monde. Cela nécessite l’entretien d’une stratégie partagée, permanente, évolutive et de sensibilisation des secteurs consommateurs.
L’agriculture accapare plus de 80% des ressources en eau
Le débat, autour de l’eau, interpelle à plus d’un titre la politique agricole et les mécanismes des aides gouvernementales, destinées à encourager certaines cultures qui surexploitent les eaux souterraines ou de surface. Le secteur agricole accapare plus de 80% des ressources en eau, pour ne laisser qu’une part de moins de 20% à partager entre la consommation domestique des ménages et les besoins industriels.
Il ne faut pas, cependant, occulter que l’agriculture, et particulièrement sa branche agroindustrielle, est considérée comme l’un des moteurs porteurs du développement économique et social du Maroc, notamment par sa participation au PIB qui atteint 21% et son accueil de près de 40% du total des emplois.
En témoignage de cette importance, la Banque mondiale a accordé au Maroc un prêt IPF (financement de projets d’investissement) de 180 millions de dollars, pour soutenir le «Projet pour une gestion de l’eau résiliente et durable dans l’agriculture».
Utilisation anarchique des ressources en eau
Les experts en environnement et développement durable soutiennent que le Maroc connaît des carences sous l’effet des changements climatiques et des vagues répétitives de sécheresse, qui ont pris une tournure structurelle. Cela a poussé le Royaume à entreprendre une politique de renforcement des infrastructures, de mobilisation et de stockage de l’eau, au niveau de l’ensemble du territoire, multipliant ainsi les grands barrages, les barrages collinaires, les canaux de distribution et autres stations d’épuration.
Cet empressement à développer l’offre a toutefois négligé de réglementer, de manière parallèle, la gestion de la demande. Ce qui a conduit à l’apparition de comportements irrationnels dans l’utilisation de l’eau. Ce qui traduit l’urgence d’une restructuration de la vision de l’État et d’une application factuelle du Plan national de l’eau (PNE) 2020-2050, qui se veut être une feuille de route pour relever les défis de l’eau au cours des 30 prochaines années.
Dans ses différentes composantes, le PNE a pour objectif d’améliorer l’offre en eau, par une série de programmes comprenant des constructions de barrages, des connexions de bassins hydrauliques, des constructions de stations de dessalement d’eau de mer, une intégration de l’ensemble des centres ruraux dans des systèmes structurés d’approvisionnement en eau potable, une allocation de ressources en eau propre au développement d’une agriculture durable et, pour finir, des mesures de préservation des écosystèmes et de lutte contre la pollution.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO