Maroc

Officialisation de l’amazigh : Dernière ligne droite chez les députés

Les projets de loi organique sur le caractère officiel de l’amazigh et le Conseil national des langues et des cultures marocaines devront bientôt franchir le cap de la Chambre des représentants. On s’attend à des amendements de fond sur les deux textes dont l’adoption accuse un retard abyssal.

Très attendus depuis l’adoption de la Constitution en 2011, les deux textes portant sur le caractère officiel de l’amazigh et le Conseil national des langues et de la culture marocaine ne vont pas passer comme une lettre à la poste. Les députés comptent y introduire des amendements de fond, comme l’assure aux Inspirations ÉCO, le président de la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre basse, Mohamed Mellal. Le dernier délai pour le dépôt des propositions d’amendements est fixé pour demain. Majorité et opposition tendent à améliorer les deux projets de loi organique jugés lacunaires. Les propositions d’amendements devront porter sur nombre de points débattus au sein de la sous-commission qui a été créée pour discuter de fond en comble les textes en concertation avec les acteurs concernés dont les activistes amazighs. Il s’agit notamment de la nécessité de clarifier noir sur blanc nombre de questions afin d’assurer une implémentation fluide des dispositions des textes après leur approbation par le Parlement. En tête des priorités, figure le renforcement de l’équité entre les deux langues officielles, en considérant l’amazigh en tant qu’une langue officielle de l’État comme le stipule le texte fondamental plutôt qu’une simple langue de communication dans les institutions et les administrations. Le projet de loi prévoit, certes, l’intégration de cette langue dans plusieurs secteurs (enseignement, législation, Parlement, médias et communication, culture, art, administration, services publics, justice). Mais, on estime que cette intégration demeure trop globale et l’utilisation de l’amazigh reste cantonnée dans la communication avec les citoyens alors que les autres volets (procédures, documents, papiers administratifs…) sont totalement marginalisés.

Au niveau de l’enseignement de l’amazigh, des précisions sont à introduire au texte. Le caractère obligatoire dans la mouture initiale du texte ne concerne que le cycle primaire sans précision pour le collège, le lycée et l’université. Mais, il n’est pas sûr que le gouvernement accepte une telle proposition d’amendement car la généralisation de cet enseignement à tous les cycles n’est pas une mission de tout repos à court terme. Elle nécessite, en effet, la formation des ressources humaines qualifiées ainsi que d’importantes ressources financières. S’agissant du Conseil national des langues, la nature de ses attributions est jugée insuffisante car ses compétences ne dépassent pas le cadre consultatif à l’heure où on estime qu’il est indispensable de lui attribuer des prérogatives stratégiques. Il est proposé de doter cette future institution d’un pouvoir exécutif de la politique linguistique et culturelle, de réviser sa structuration et ses attributions et de lui octroyer une force de proposition et de décision. Par ailleurs, le renforcement des attributions de l’IRCAM, qui sera sous la tutelle du futur conseil, est l’un des points qui devra faire l’objet de propositions d’amendement. Le texte relatif au Conseil national des langues n’a pas accordé les mêmes attributions à l’Académie Mohammed VI de la langue arabe (non encore activée) et à l’Institut royal de culture amazighe (IRCAM).

Le projet de loi organique n’octroie pas à l’IRCAM des attributions académiques alors que cet institut doit jouer un rôle primordial dans la formation des chercheurs et pouvoir octroyer des diplômes et organiser des cycles de doctorat. Le mouvement amazigh appelle à accorder aux deux institutions chargées des deux langues officielles les mêmes prérogatives dont celles d’ordre scientifique et académique. Dans le projet de loi organique, l’Institut royal de la culture amazighe devra perdre son autonomie administrative et financière. Une disposition pointée du doigt et nécessite de l’avis de certains députés d’être amendées pour que l’IRCAM puisse continuer de travailler comme il l’avait fait depuis sa création. 


Équilibre entre les deux langues officielles

L’adoption de la loi, à elle seule, n’est pas suffisante. Le gouvernement est appelé par le mouvement amazigh à passer à la vitesse supérieure en matière de mise en œuvre sur le plan institutionnel pour garantir l’équité entre les deux langues officielles à tous les niveaux dont les médias publics qui doivent respecter les prescriptions de leurs cahiers des charges. L’enseignement est aussi un chantier d’envergure qui nécessitera des efforts colossaux. Jusque-là, le bilan est jugé on ne peut plus modeste par la société civile. Les écoles marocaines comptent quelque 22 mille classes contre 317 en 2003/2004, date du lancement de l’enseignement amazigh. La généralisation de cet enseignement se heurte à la problématique des ressources humaines. Avec uniquement 5.000 enseignants de l’amazigh, il s’avère difficile de réaliser l’ambition de la généralisation. Mais après l’adoption de la loi organique, l’Exécutif sera contraint de trouver une solution à cette problématique.


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