Office national des aéroports : envol stratégique vers 2030 !
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La trajectoire vers 2030 sera studieuse pour l’ONDA qui s’engage dans un processus de mutation historique. La nouvelle feuille de route de l’office s’inscrit dans une dynamique qui dépasse la seule modernisation des infrastructures. Il s’agit d’une vision intégrée du développement aérien, englobant la gouvernance, la digitalisation et la durabilité, pour garantir une compétitivité à long terme.
L’Office national des aéroports (ONDA) amorce une transformation sans précédent avec le lancement de sa stratégie «Aéroports 2030». Présenté officiellement mardi 18 février, à Casablanca, par le directeur général de l’office, Adil El Fakir, ce plan ambitieux vise à moderniser les infrastructures aéroportuaires, à optimiser l’expérience passager et à redéfinir en profondeur le cadre institutionnel de l’office.
Déclinée en application des Hautes instructions royales formulées lors du Conseil des ministres du 4 décembre 2024, la feuille de route «Aéroports 2030» inscrit l’ONDA dans la dynamique globale de développement du Royaume. Avec une croissance annuelle du trafic aérien de +21% en 2024, le fait est que les infrastructures existantes frôlent la saturation.
L’établissement public chargé, depuis 1991, de la gestion des aéroports et du contrôle de la navigation aérienne, était en effet confronté à des défis majeurs en matière de sécurité et d’environnement. L’objectif pour le prochain cap est donc clair : positionner le Maroc comme un hub aérien intercontinental et répondre aux exigences des événements internationaux, notamment la Coupe du monde 2030, qui accentuera la pression sur les infrastructures de transport.
Trois axes stratégiques
Cette feuille de route repose sur trois piliers fondamentaux : le développement des infrastructures, l’amélioration de l’expérience client et une transformation institutionnelle de fond. Dans le premier volet, est-il expliqué, des investissements majeurs sont prévus afin de mettre en place de nouvelles pistes et de nouvelles tours de contrôle, mais aussi d’assurer l’intermodalité avec la future ligne à grande vitesse.
Au cœur de la transformation, l’aéroport Casablanca Mohammed V verra sa capacité tripler, passant de 14 à 35 millions de passagers d’ici 2029. Les plateformes de Marrakech, Agadir, Tanger et Fès bénéficieront, pour leur part, d’extensions massives, doublant leurs capacités pour absorber l’essor du trafic aérien.
S’agissant du second pan, l’ONDA mise sur une digitalisation poussée, notamment par un enregistrement et embarquement fluidifiés grâce aux dernières avancées technologiques. Est aussi prévue la création d’espaces modernes et connectés, transformant les aéroports marocains en véritables centres de vie et d’affaires.
L’ONDA prévoit également d’intégrer des solutions d’intelligence artificielle et d’automatisation dans la gestion des flux passagers. Le traitement des bagages et le contrôle de sûreté seront optimisés grâce à des technologies biométriques et des systèmes de reconnaissance faciale, facilitant ainsi le parcours du voyageur.
De plus, l’implémentation de bornes d’auto-enregistrement et de dépose-bagages automatisées devrait considérablement réduire les temps d’attente et fluidifier le trafic aux principaux points de contrôle. Enfin, la gestion du trafic aérien sera renforcée par des outils numériques avancés permettant d’optimiser les créneaux de décollage et d’atterrissage, réduisant ainsi les retards et l’empreinte carbone liée aux temps d’attente prolongés sur les pistes.
«Nos aéroports de demain incarneront un Maroc ouvert, ambitieux et accueillant, offrant des standards internationaux avec une expérience enrichie par notre hospitalité légendaire», affirme à ce sujet Adel El Fakir.
D’où, justement, l’importance du troisième axe de «Aéroports 2030». Car, dans la dynamique escomptée, l’ONDA se prépare à opérer sous un nouveau statut juridique, évoluant en société anonyme (SA), un choix stratégique qui renforcera sa gouvernance et sa compétitivité.
Cette mutation devrait permettre à l’office une plus grande agilité et une meilleure efficacité opérationnelle, de même que le statut de SA positionne mieux l’ONDA afin d’attirer des partenaires stratégiques et optimiser l’autofinancement. Mais ce n’est pas tout, car une montée en compétence du capital humain est inscrite parmi les principaux objectifs.
Dans ce cadre, la stratégie prévoit des programmes de formation continue et l’adoption des meilleures pratiques internationales en matière de gestion aéroportuaire. L’ONDA place ses collaborateurs au cœur de cette transformation. En plus des programmes de formation continue, l’office encourage une culture de l’innovation et de l’excellence en intégrant des incubateurs internes et des laboratoires de recherche appliquée au secteur aérien. L’objectif est de favoriser l’émergence de solutions technologiques et managériales innovantes, portées par les équipes de l’ONDA elles-mêmes.
Dans cette optique, des partenariats avec des institutions académiques et des centres de recherche spécialisés sont en cours pour développer des expertises de pointe en matière de gestion aéroportuaire, cybersécurité et analyse des données. Il est utile de souligner que dans un contexte où la transition écologique s’impose, «Aéroports 2030» intègre une dimension environnementale forte. Elle matérialise cette vision par la réduction de l’empreinte carbone des infrastructures, l’optimisation énergétique et le recours aux énergies renouvelables, ainsi que la gestion durable des ressources et des déchets, en accord avec les standards internationaux.
Par ailleurs, la refonte institutionnelle de l’ONDA s’accompagne d’un nouveau modèle économique, ouvert sur l’investissement et l’innovation. Objectif : hisser les aéroports marocains au rang des références mondiales, tout en garantissant un cadre réglementaire robuste et une gestion efficiente. En parallèle, une nouvelle identité visuelle sera adoptée pour refléter cette transformation institutionnelle et affirmer l’ambition renouvelée du Maroc en matière d’aviation et de connectivité internationale.
Un tournant stratégique appuyé par des partenaires de premier plan
L’ONDA s’appuie sur une synergie institutionnelle forte pour réussir cette mutation. La DGSN, la Gendarmerie royale, l’Administration des douanes, ainsi que les ministères de l’Intérieur et du Transport, participent à la refonte des infrastructures et des dispositifs de sûreté aéroportuaire.
Afin de renforcer la sûreté des plateformes aéroportuaires marocaines, l’ONDA prévoit l’installation de systèmes de surveillance intelligents, comprenant des capteurs IoT et des caméras dotées d’analyses comportementales permettant de détecter automatiquement les comportements suspects.
Par ailleurs, les nouveaux protocoles de cybersécurité garantiront une meilleure protection des données sensibles des passagers et des opérations aéroportuaires. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie de sécurisation proactive et dynamique, en collaboration avec les services de sûreté nationaux.
En outre, l’ouverture aux investisseurs privés et le recours à des mécanismes de financement innovants permettront d’assurer la pérennité de ces transformations. Le renforcement de l’autonomie financière de l’ONDA constitue une priorité pour accompagner une croissance soutenue et durable. L’extension et la modernisation des infrastructures aéroportuaires généreront des milliers d’emplois directs et indirects dans les secteurs de la construction, de la gestion des services aéroportuaires et du transport aérien.
L’ONDA ambitionne également d’attirer de nouveaux acteurs du secteur aérien, notamment des compagnies low-cost et premium, afin d’augmenter le trafic touristique et économique. Cette dynamique renforcera non seulement la connectivité du Royaume, mais contribuera aussi à la diversification des revenus du secteur aéroportuaire.
Une transformation en phase avec les ambitions nationales
L’évolution de l’ONDA s’inscrit pleinement dans le cadre des dispositions de la loi-cadre n° 21-50 relative à la réforme des entreprises publiques et des entreprises à caractère stratégique, visant à rationaliser et optimiser la gestion des infrastructures stratégiques du pays.
Cette réforme entend renforcer la gouvernance, attirer les investissements et améliorer la compétitivité des entreprises publiques, un objectif qui rejoint parfaitement la mutation de l’ONDA en société anonyme.
Par ailleurs, cette transformation est étroitement liée aux grandes orientations du Plan Maroc Tourisme 2030, qui vise à accueillir plus de 26 millions de touristes d’ici la fin de la décennie. Une modernisation des infrastructures aéroportuaires est essentielle pour absorber cette croissance et améliorer l’attractivité du Maroc en tant que destination internationale.
Enfin, la transition de l’ONDA s’intègre dans une stratégie nationale plus large de développement des infrastructures de transport et de connectivité. Outre le renforcement des aéroports, le Maroc mise sur l’extension du réseau ferroviaire à grande vitesse et le développement des zones logistiques pour faciliter les flux commerciaux et touristiques. Cette synergie entre le secteur aérien et les autres modes de transport vise à positionner le Maroc comme un hub de mobilité et de commerce intercontinental.
H.K. / Les Inspirations ÉCO