Maroc

Nouvel an au Maroc : les opérateurs désemparés

Interdiction des festivités et célébrations, fermeture des établissements touristiques et restaurants, couvre-feu… La fête du Nouvel an s’annonce morose aussi bien pour les citoyens que pour les opérateurs.

Oubliez les timides feux d’artifice. Covid-19 oblige… Les festivités et célébrations ayant un lien avec le Nouvel an sont strictement interdites. Ce n’est pas tout. Les établissements touristiques sont également priés de baisser le rideau durant la nuit du 31 décembre. Ces mesures concernent aussi la fermeture des restaurants et des cafés à 23h30 et l’interdiction des déplacements nocturnes le soir du réveillon de minuit à six heures du matin. Enfin, bref, tous les programmes spéciaux à cette occasion sont bannis. Si ces décisions ont été prises sur la base des dispositions juridiques relatives à la gestion de l’état d’urgence sanitaire, annoncent les autorités, elles suscitent incompréhension et colère chez les professionnels, bien que le gouvernement autorise cependant des vols spéciaux de rapatriement vers les pays étrangers, notamment vers l’Europe.

Dans les plus grandes destinations du pays à l’image de Marrakech, on attendait la «saison» avec impatience. Un espoir déçu, selon Mustapha Amalik, Secrétaire général de l’Association de l’industrie hôtelière de Marrakech AIH. «C’est une catastrophe», s’est-il indigné, à propos des décisions du gouvernement interdisant aux populations de faire la fête. Sans aucun doute, la restriction impactera fortement les hôteliers et restaurateurs de la ville ocre ainsi que les autres destinations du royaume. Chaque année, les plus grandes stars du monde viennent ici pour célébrer le Nouvel an. C’est presque une tradition, poursuit notre interlocuteur.

«Malheureusement, en 2021, on va devoir commencer l’année 2022 sur un mauvais pied, insiste Mustapha Amalik. Et d’ajouter: «Nous assistons aujourd’hui à une mort clinique du secteur».

En effet, bien avant cette série de mesures qui entrera en vigueur dans quelques jours, le secteur était déjà à l’agonie. Plusieurs entreprises ont mis la clé sous la porte, malgré les tentatives de sauvetage du gouvernement. Récemment, il a été décidé la réactivation des aides à caractère social, notamment l’indemnité forfaitaire suspendue depuis le 1er juin 2021 face à la fermeture des principaux marchés émetteurs du tourisme, principalement français, anglais et allemand. Mais rien n’y fait. Selon les estimations d’une revue de recherches en tourisme, rien que pour le mois de mars 2020, le pays a perdu une centaine de milliers d’arrivées. Les pertes que subira le secteur entre 2020 et 2022 sont ainsi évaluées à 138 MMDH. Des prévisions qui se précisent, malgré les tentatives de relance marquées par les fermetures et réouvertures des établissements hôteliers. La «fermeture» du pays à l’occasion du réveillon, ainsi que les suspensions des vols commerciaux de et vers le Maroc dans la foulée de la propagation du variant Omicron, ne feront qu’aggraver la galère des professionnels, selon les experts. Et ce n’est pas le recours aux clients locaux qui pourra sauver le secteur. «Le tourisme national ne représente que 30% de nos activités.

Or, il faut au moins 50% de réservation pour faire des marges», ajoute Mustapha Amalik, très pessimiste. Pour tenter de calmer la colère des professionnels, la ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Fatima-Zahra Ammor, a passé en revue, lundi, à Rabat, les mesures prises au niveau du ministère ainsi que des autres départements concernés pour relancer le tourisme intérieur. En réponse à une question orale à la Chambre des représentants, sur la situation du tourisme intérieur à la lumière de la crise liée au Covid-19, Ammor a fait savoir que dans le but mettre en place les bases solides d’un développement durable du tourisme intérieur, une étude a été menée en collaboration avec l’Office national marocain du tourisme (ONMT) en vue d’identifier les exigences du client marocain concernant le produit touristique national.

Dans ce sens, la ministre a relevé que cette étude a permis de jeter la lumière sur les préférences des Marocains en termes d’activités, notamment le tourisme balnéaire, les visites des villes et des sites naturels et historiques, ainsi que les activités sportives dont les sports nautiques. Suite à cette étude et dans le cadre de ses programmes visant à assurer une adéquation entre l’offre et la demande, a-t-elle poursuivi, le ministère encourage les investissements dans les produits touristiques les plus demandés par les touristes marocains, ainsi que la création de stations touristiques avec des offres tarifaires adaptées au pouvoir d’achat des touristes marocains. Et de soutenir que le ministère se penche, dans le cadre de partenariats avec d’autres départements ainsi qu’avec les collectivités locales, sur l’amélioration de l’attractivité du produit touristique en faveur des touristes marocains, à travers notamment la valorisation des anciennes médinas et la création de circuits touristiques, l’animation culturelle et la promotion des activités sportives. Alors que la campagne de vaccination, l’une des plus avancées en Afrique, a déjà touché près de 25 millions de personnes sur une population de 36 millions de Marocains, les professionnels du tourisme se demandent encore à quand le bout du tunnel.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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