Nouveau modèle de développement : un relais d’espoir
Un chemin vers un changement crédible et réalisable. Tel est le principal objectif du Nouveau modèle de développement qui a non seulement pointé du doigt les défaillances et les fêlures du système, mais également émis des recommandations qui restent en adéquation avec la réalité. Ce chantier majeur demeure l’ultime espoir pour opérer un changement radical.
Les grands changements qu’opèrent le Maroc ont toujours étaient sous l’impulsion de la plus haute instance du pays. Et un des plus grands changements que le Maroc a entamé est celui de l’instauration d’un nouveau modèle de développement susceptible de réduire l’écart social. En effet, c’est en 2017, que le Roi Mohammed VI a exprimé la volonté d’opérer le grand changement. Et c’est en 2019 qu’il a nommé Chakib Benmoussa à la tête de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD). Sa principale mission consiste à passer au crible tous les sujets anxiogènes. Et sonder les inquiétudes et l’insatisfaction des citoyens se placent en tête de liste. Ainsi, constituée de 35 membres, la CSMD a œuvré pour présenter un modèle qui comprend aussi bien les failles dont pâtit le système, les enjeux, les priorités que la manière d’atteindre le changement escompté à l’horizon 2035.
Un travail conçu en intelligence collective
Un nouveau modèle par les Marocains et pour les Marocains, telle a été la volonté royale. C’est ainsi que le travail de la CSMD a prôné l’intelligence collective et l’implication des citoyens pour identifier les faiblesses structurelles. Pour ce faire, la commission a interagi avec 9.719 personnes en direct et 20,3 millions via les réseaux sociaux. Elle a également recueilli 6.600 contributions écrites.
Dans la même perspective, elle a effectué 30 visites de terrain et 113 ateliers de travail. Le nombre d’auditions institutionnelles a été de 70. Après un travail mené d’arrache-pied, le document dont repose l’avenir du pays a fini par être présenté en mai 2021. C’est alors un document de 170 pages que la CSMD a soumis au Roi. Ce dernier qui jouera le rôle d’une «boussole», comme désigné par certains experts, représente la feuille de route qui initie un nouveau point de départ au Maroc en quête d’une transformation profonde radicale.
D’ailleurs, une partie du rapport est consacrée à la qualité des services publics, l’accès aux opportunités économiques et à l’emploi et l’ancrage des principes de bonne gouvernance. D’autres secteurs interpellent. Il s’agit, notamment, de l’éducation dont l’échec du système représente une des plus grandes défaillances du pays. La réhabilitation de l’école publique et la qualité de l’apprentissage demeurent les changements qui cristallisent le plus d’attentes. La santé n’est pas en reste.
Une offre de soins de qualité accessible à tous est désormais un must pour les Marocains, notant que les attentes dans ce domaine portent sur le renforcement conséquent des effectifs du personnel médical et sur la répartition équitable des infrastructures de santé sur l’ensemble du territoire pour résorber les disparités alarmantes relevées en la matière.
En matière de transport et de mobilité, la commission indique que les citoyens dénoncent la faible disponibilité et les difficultés d’accès aux services de transports, notant à cet effet que les habitants de zones rurales et montagneuses déplorent leur enclavement, qui entrave leur capacité à développer des activités économiques viables. Le rapport souligne, en outre, que dans le domaine de la culture, les jeunes appellent à la valorisation et à la multiplication des espaces dédiés à l’expression culturelle et artistique et des infrastructures et activités sportives.
Les objectifs du NMD
L’exercice s’étend à tous les secteurs d’activité et relève, nonobstant, les fêlures y afférentes dans les moindres détails. En parallèle, la commission a œuvré pour proposer des recommandations réalisables et réalistes qui concordent avec la réalité. Concrètement, le Maroc de 2035 aspire à atteindre le doublement du PIB par habitant, une maîtrise des apprentissages de base à la fin du cycle primaire par plus de 90% des élèves, l’augmentation du nombre de médecins par habitant pour atteindre les normes de l’OMS, la réduction à 20% de la part de l’emploi informel, l’élargissement du taux de participation des femmes à 45%, un taux de satisfaction des citoyens envers l’administration et les services publics de plus de 80%.
Mais la CSMD ne s’est pas contentée d’énumérer les failles et d’émettre les recommandations inhérentes, elle a également pensé aux ressources financières à mobiliser pour mettre en application les réformes et les refontes nécessaires pour mener le changement. Ainsi, la stratégie de financement du nouveau modèle prendra appui sur cinq leviers structurants qui devront être actionnés de manière concomitante. Une politique fiscale plus efficace, à même de permettre la mobilisation de ressources supplémentaires, dont le potentiel est estimé entre 2 et 3% du PIB.
Toutefois, les axes de transformation sur lesquelles repose le NMD concernent la transformation structurelle de l’économie. Il s’agit de diversifier l’économie marocaine et assurer sa transformation structurelle en une économie productive, créatrice de richesse et d’emplois de qualité. Le processus de transformation implique la libéralisation de l’initiative entrepreneuriale, l’amélioration de la compétitivité, l’orientation de l’investissement privé et la valorisation de l’économie sociale. Le renforcement du capital humain représente également un des piliers majeurs. Le NMD préconise d’assurer une éducation de qualité et d’améliorer la santé publique pour donner aux Marocains les capacités à réaliser leur potentiel en toute autonomie et à participer au développement de leur pays et à son intégration dans l’économie du savoir.
L’inclusion sociale demeure l’un des axes majeurs de l’action sociale proposée par le NMD pour renforcer la résilience et la participation de tous les Marocains à la dynamique nationale du développement. Il s’agit également de renforcer l’autonomisation des femmes, favoriser l’inclusion et l’épanouissement des jeunes et assurer une protection sociale des démunis dans un contexte de renforcement de la diversité culturelle du pays. Au centre des préoccupations figurent aussi le développement régional.
En effet, le NMD met l’accent sur la redéfinition des stratégies de développement régional pour replacer les territoires comme source de création des richesses et d’ancrage des principes de la durabilité des ressources et de leur résilience face aux effets du changement climatique.
Leviers de transformation
Et comme leviers de transformation le NMD propose de faire de l’administration et du numérique les leviers d’accélération du changement, de sécuriser les ressources nécessaires au financement des projets prioritaires du nouveau modèle. Dans le même sillage, mettre à contribution les Marocains du Monde en tant qu’acteurs à part entière dans la mise en œuvre des chantiers transformateurs proposés ainsi que mobiliser les partenariats internationaux. In fine, la réalisation du nouveau modèle requiert, en outre, la mobilisation de l’ensemble des acteurs nationaux autour d’un Pacte national pour le développement et l’implémentation d’un mécanisme de suivi et d’impulsion des réformes préconisées par le NMD.
A cet effet, le discours d’ouverture de l’année législative en octobre 2021 a principalement porté sur les orientations politiques, économiques et sociales pour le gouvernement fraîchement constitué, dans la perspective de mettre en œuvre les orientations du NMD. Après les élections, le Souverain a prononcé un discours fondateur pour les 5 prochaines années durant lesquelles l’application des recommandations du NMD est de mise. Le discours royal a également porté sur la définition d’un cadrage pour l’action du gouvernement ainsi que des mécanismes d’actions. Le Roi a érigé l’opérationnalisation du NMD et le lancement d’une nouvelle génération de projets de réformes intégrés comme l’une des priorités du quinquennat.
Et d’ailleurs, ce n’est pas un hasard si l’équipe gouvernementale actuelle comprend plusieurs membres de la commission, dont le président, et qui sont à la tête de départements stratégiques tels que l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et les énergies. Selon des experts, cette feuille de route représente une chance inouïe pour le gouvernement.
Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO