Maroc

Moyen-Atlas. La bataille de l’eau dans un paradis menacé

La région d’Ifrane fait face à une menace croissante pesant sur ses ressources hydriques, en raison des répercussions du changement climatique. Experts et autorités s’alarment de la baisse des précipitations et de la hausse des températures affectant cet écosystème fragile. Des initiatives de conservation sont en cours, incluant l’extension des zones protégées et la réintroduction d’espèces.

Plusieurs dizaines d’experts, universitaires et responsables dans le domaine des eaux et forêts ont souligné l’urgence d’agir face à la diminution des précipitations et à l’augmentation des températures qui affectent déjà les ressources hydriques de la région du Moyen-Atlas et plus particulièrement la province d’Ifrane.

Lors d’une conférence organisée en marge de la sixième édition du festival international d’Ifrane, les participants se sont penchés sur les défis posés par le changement climatique aux ressources en eau et à l’écosystème forestier de la région.

Un écosystème riche mais fragile face au changement climatique

Hassan Achiban, chef du pôle Biodiversité au parc national d’Ifrane, a présenté un état des lieux préoccupant. La région d’Ifrane, comme l’ensemble du bassin méditerranéen, subit les effets du changement climatique. Ces modifications se manifestent par une baisse des précipitations, tant pluviales que neigeuses, et par une hausse des températures.

Ces évolutions ont déjà des répercussions négatives sur les ressources en eau de la région. Achiban a souligné l’importance écologique de la zone d’Ifrane, qui abrite quatre sites classés Ramsar, reconnus internationalement.

Ces zones humides accueillent des milliers d’oiseaux et de nombreuses espèces, dont certaines sont endémiques à la région ou rares à l’échelle du bassin méditerranéen. La préservation de ces habitats est cruciale pour la biodiversité locale et l’équilibre écologique de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

Des actions de conservation en cours

Face à ces défis, les autorités et les organismes de conservation ont mis en place plusieurs initiatives. Achiban a détaillé certaines de ces actions, notamment l’extension des zones de protection de la flore et de la faune. L’objectif est d’atteindre 20% du territoire national bénéficiant d’une protection permanente. Cette approche vise à préserver le patrimoine naturel, végétal et animal, tout en protégeant indirectement les ressources en eau.

Un autre axe d’action concerne la réintroduction d’espèces animales qui avaient disparu de la région au cours du XXe siècle. Des programmes initiés en 2019-2020 par l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) ont permis la réintroduction de plusieurs espèces dans le parc national d’Ifrane.

Concernant spécifiquement les ressources en eau, des efforts sont déployés pour l’aménagement des bassins versants des dayas (zones humides) qui abritent une riche avifaune. Un projet de réhabilitation de Dayat Aoua est en cours, en partenariat avec divers acteurs, visant à restaurer le fonctionnement hydrologique de cette zone humide.

Une stratégie nationale face à la rareté de l’eau

Bendifi Mustapha, animateur environnement à la direction régionale des Eaux et Forêts Fès-Meknès, a évoqué la stratégie nationale 2020-2030 de l’Agence nationale des eaux et forêts. Cette stratégie vise à protéger l’écosystème et à valoriser ses ressources. Il a rappelé que le Maroc est passé du stade de stress hydrique à celui de rareté de l’eau, faisant écho au discours du Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Pour faire face à ce défi, le Maroc a mis en place une stratégie à moyen et court terme pour la construction de grands barrages et de barrages collinaires. Cette politique de gestion des ressources hydriques s’accompagne d’une stratégie de reboisement menée par l’ANEF. Bendifi a expliqué le rôle du reboisement dans la stabilisation des sols, la régulation du climat local et le maintien des nappes phréatiques.

L’ANEF intervient également dans la correction des bassins versants, une action visant à prévenir l’érosion des sols et l’envasement des barrages. Ces interventions s’inscrivent dans une approche globale de gestion des ressources naturelles, alliant protection de l’environnement et développement socio-économique. La conférence a ainsi mis en lumière la nécessité d’une action concertée pour protéger les ressources en eau et l’écosystème forestier d’Ifrane face au changement climatique. Elle a souligné l’importance d’une approche intégrée, combinant recherche scientifique, actions de conservation, et politiques publiques. La préservation de ce patrimoine naturel représente un enjeu local, national et international, essentiel pour l’avenir de la région.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

 


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